Avec le "low fare", la classe business reprend son envol
Si pour remplir leur classe affaires, les compagnies aériennes se lancent dans une course à l'innovation toujours plus rude, certaines se démarquent également par un positionnement "low fare" original. Il s'agit de répondre aux contraintes des entreprises en termes de réduction des coûts.
Je m'abonneProposer des services de première classe en classe affaires. C'est ce que va proposer Air France dans le cadre du programme Business 2016, présenté en octobre. Cette stratégie de montée en gamme de la compagnie en classe affaires devrait notamment se traduire par "le service sur plateau" ou à "l'assiette", avec prise de commande des plats... Après avoir lancé l'année dernière de nouveaux sièges Zodiac totalement inclinables, la compagnie française pousse donc plus loin encore l'amélioration de son service en business sur les lignes long-courriers les plus fréquentées par sa clientèle professionnelle. C'est dire si la classe affaires s'impose comme le nerf de la guerre des compagnies aériennes, celle-ci générant près du tiers de leurs revenus ! Pour la remplir, les compagnies aériennes investissent donc des centaines de millions d'euros afin d'améliorer les services, la restauration, les sièges...
Parmi les compagnies régulières participant à cette course à l'innovation, impossible de faire l'impasse sur Finnair, la compagnie nationale finlandaise, et la première en Europe à renouveler sa flotte long-courrier avec des Airbus A350, plus silencieux et au fuselage plus important. "Pas moins de 19 appareils vont nous être livrés, quatre d'ici la fin de l'année et le reste entre 2016 et 2023, précise Javier Roig, directeur commercial pour l'Europe du sud de Finnair . Ce qui va révolutionner notre offre en classe affaires, avec 46 nouveaux sièges plus larges et totalement inclinables, des écrans multitactiles 16 pouces, des plats concoctés par un chef étoilé d'Helsinki, sans oublier le wi-fi à bord, gratuit pour les passagers business et fort d'une connexion 100 % fiable."
Des billets "à contraintes" moins onéreux
De plus en plus prisée par les voyageurs d'affaires français se déplaçant en Asie, Finnair dessert une quinzaine de connexions en Thaïlande, Chine, Japon, Corée du Sud ou encore Singapour. Et ce, moyennant des tarifs très compétitifs "ne dépassant pas 2 000 euros TTC pour tout vol réservé à l'avance" , assure Javier Roig. Il rappelle que "la correspondance à Helsinki, systématiquement de jour, et n'ajoutant qu'une heure au voyage total, justifie des prix si attractifs" . Il en va de même pour Air Europa, compagnie espagnole de référence pour l'Amérique latine, forte d'un positionnement "low fare", avec la commercialisation de billets à contraintes, moins onéreux. "Nous avons la particularité d'être une compagnie régulière conjuguant une montée en gamme de notre classe affaires et des tarifs très compétitifs. Tout en offrant, en tant que membre de l'alliance Sky Team, l'accès à un club business avec les avantages dédiés aux adhérents du programme de fidélité Flying Blue" , indique Alcino Ribeiro, directeur général France d'Air Europa. La compagnie a reconfiguré ses cabines en classe affaires pour les Airbus 330-200 (espace 100 % privatif avec lit inclinable à 180°) et va intégrer, d'ici 2016, 14 nouveaux Boeing Dreamliner 787-800 et 787-900 sur ses vols longs-courriers (Argentine, Brésil, Uruguay, Pérou...).
Démocratiser la classe affaires
Si en période de crise, le "low fare" s'impose de plus en plus dans les offres des compagnies régulières soucieuses de booster leur business en adaptant leur grille tarifaire, un tel positionnement caractérise également de nouveaux entrants tels que La Compagnie, une compagnie aérienne française lancée en octobre 2013, qui surfe sur le "low fare business class". Un concept pour le moins original : des vols réguliers, uniquement en classe business, et au meilleur prix sur deux routes prisées par la clientèle affaires, Paris/New York et Londres/New York."Notre objectif est de démocratiser la classe affaires là où elle est par essence la plus demandée, à savoir sur le long-courrier régulier. Grâce à La Compagnie, nos clients accèdent ainsi à une expérience unique et exclusive : une cabine totalement classe affaires de 74 sièges à un tarif ultra-compétitif, à partir de 1 200 euros aller-retour !" , détaille Frantz Yvelin, président-fondateur de La Compagnie, dont l'offre respecte ainsi les codes usuels de la business class : accès au salon VIP à l'embarquement à Roissy, franchise bagage de deux fois 32 kilos... à bord, chaque passager bénéficie d'un espace privatif confortable grâce à des sièges intégrés dans une coque fixe (hauteur de 118 cm, largeur de 66 cm, inclinaison à 180°, espacement de 155 cm), sans oublier une tablette Samsung Galaxy Tab Pro (écran de 12,2 pouces). "Pour l'instant, nous sommes spécialisés sur une destination, New York. Mais, à terme, nous envisageons de décliner notre concept pour d'autres villes en Amérique du nord" , confie le fondateur, pour qui "une telle offre 100 % dédiée business entre dans les moeurs des voyageurs d'affaires sur le long-courrier comme easyJet l'est déjà sur le court-courrier."
Des compagnies alternatives
Sur ce second marché, les compagnies low cost ne sont d'ailleurs plus les seules à se tailler la part du lion sur le créneau business. D'autres acteurs font aussi des voyageurs d'affaires leur cible stratégique, à l'instar de Hop !, compagnie aérienne en région, filiale d'Air France, assurant 100 liaisons régulières en France (Strasbourg, Bordeaux, Lille, Marseille, Brest...) et en Europe (Milan, Prague, etc.), à raison de 2 à 25 vols par jour. "Via notre plateforme de correspondance à Lyon, il est possible d'effectuer un aller-retour Caen-Milan dans la journée, avec un changement de 30 minutes seulement pour chaque trajet. De quoi ravir les voyageurs d'affaires, qui n'ont plus à dormir sur place" , assure Hélène Abraham, directrice générale adjointe en charge du commercial de la compagnie. Hop ! propose, outre des billets 100 % flexibles, des tarifs négociés pouvant être intégrés dans les contrats corporate signés avec Air France.
Preuve que les travel managers se tournent de plus en plus vers ce type de compagnies alternatives : "L'AFTM vient d'intégrer Transavia en tant que partenaire, rappelle Thibault Barat, délégué général de l'association. Un signal fort de l'engagement de la compagnie à bas coûts néerlandaise sur le segment business..."