Comment capter l'innovation au niveau des achats?
Sujet à la mode par excellence, l'innovation est à la portée des acheteurs. Mais comment la capter ? Le point avec quelques signataires de l'accord de bonnes pratiques entre acheteurs et fournisseurs du secteur marketing et communication, réunis autour de la CDAF.
Je m'abonne"Les modèles économiques changent et pour accompagner cette évolution les acheteurs sont de plus en plus sollicités pour trouver la pépite". Présent à l'atelier "Innovation et bonnes pratiques achats" programmé la semaine dernière dans le cadre des Chemins de l'Innovation - une journée d'animation thématique organisée conjointement par l'Observatoire Com Media et le Comité Richelieu - Florent Picq, chef de service achats tertiaires pour La Poste a contextualisé la montée en grade de l'acheteur en tant qu'acteur de l'innovation. Une nouvelle facette de sa mission officialisée par les divers accords sectoriels de bonnes pratiques achats portés par la CDAF.
Un enjeu pour tous
Visant à orchestrer, secteur par secteur, une réponse concertée des acheteurs et des prestataires aux grands enjeux économiques, sociaux, éthiques ou technologiques qui bouleversent tous les pans de l'économie, ces derniers incorporent généralement dans leur feuille de route un onglet "Innovation". C'est le cas notamment de l'accord signé en janvier 2014 par non moins de 700 acteurs du marketing et de la communication, lequel exhorte les donneurs d'ordre concernés à :
- Susciter, favoriser et promouvoir les process d'innovation chez ses prestataires,
- Permettre aux entreprises de présenter leur innovation, avec des réunions périodiques, des boites à idées ou toute forme adaptée au contexte commercial du moment.
- Être le relais des entreprises innovantes auprès des différentes instances de clients.
- Favoriser la co-conception quand c'est possible.
- Prendre en compte l'innovation dans la réponse aux consultations.
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Reste que, de la déclaration d'intention à l'aboutissement de la démarche, la marche est longue et, avouons le, jonchée d'écueils. "Les acheteurs ne privilégient-ils pas avant tout ce qu'ils connaissent ? Comment peuvent-ils mesurer l'innovation dans un appel d'offre ?", a notamment interrogé Mathias Mortier, p-dg de Satci, chargé d'animer la table ronde.
Innover ou suivre le cahier des charges ?
" L'innovation ne peut pas rentrer dans un cahier des charges" a répondu, catégorique, Paul-Emmanuel Maugars, responsable des achats de prestations de communication chez Orange. Un point repris par Marie Christine Stachetti, responsable achats communications et marketing pour TF1, qui a fustigé à la même occasion une vision des achats trop procédurière. "L'acheteur ne doit pas de contenter de demander "T'as un cahier des charges ?" en réponse à toute question des métiers". De format non propice à faire émerger l'innovation, l'appel d'offre n'est de fait pas le seul théâtre d'opération de l'acheteur. Pour jouer son rôle de "capteur d'innovation", Marie Christine Stachetti insiste donc sur les autres leviers que sont l'écoute et la parole. Deux attributs d'un service achat "humain", en mesure de recueillir et diffuser l'information stratégique à haut niveau.
Aider les petits prestataires
Pour ce faire, le service achats doit néanmoins faire la chasse à certains préjugés. "Non, la dépendance économique n'est pas une maladie !" ont insisté en choeur Marie Christine Stachetti et Florent Picq. Porteuses des grandes inventions de demain, les petites structures ne doivent pas être fuies mais au contraire choyées. Une prise de conscience qu'ont déjà eu un certain nombre de grands comptes qui ont mis en place des incubateurs de start-ups, à l'instar d'Orange et ses Orange Fab, ou bien des lieux d'open-innovation comme The Village by CA du Crédit Agricole, où se tenait justement l'évènement des Chemins de l'innovation. Mais même sans avoir la puissance de frappe d'un géant, chaque entreprise, petite ou moyenne, peut apporter sa pierre à l'édifice de l'innovation française en ayant une relation fructueuse avec ses plus petits prestataires. Une démarche que Marie Christine Stachetti fait passer par des gestes concrets :
- Aider les start-ups à répondre aux appels d'offres ;
- Se proposer en tant que référant ;
- Mesurer ponctuellement leur avancée face à la problématique de la dépendance économique.
Un contrat équitable
Autre outil clé d'une politique d'innovation implémentée au sein des services achats : le contrat. "Beaucoup de petites structures ne peuvent pas digérer les gros contrats", insiste Florent Picq, de la Poste. Il faut un document équitable à chaque signataire. D'où l'enjeu pour l'acheteur de s'impliquer dans la rédaction de ce document.
L'ensemble des vidéos des Chemins de l'innovation sera bientôt en ligne sur le site Internet de l'évènement.