La fonction achats face à la guerre des talents
Dans un contexte d'explosion des projets de transformation digitale et de forte mobilité professionnelle des collaborateurs, les organisations sont confrontées à une nécessaire remise en question des bonnes méthodes pour trouver les profils adaptés à leurs besoins.
Je m'abonneL'attractivité des talents était l'une des thématiques phares de l'Intelligent Spend Management Forum organisé fin mars à Paris par l'éditeur de logiciels SAP. Un sujet qui questionne de nombreux décideurs dans un contexte de pénurie de certains savoir-faire.
Les impressionnants turn-overs au sein des ESN (Entreprises de services numériques) témoignent de la complexité liées à la circulation des ressources humaines. Certes, elles annoncent des recrutements records, mais ceux-ci doivent être mis en regard des innombrables départs: plus de 20% des effectifs en à peine 12 mois ! Chez Infosys, 25,5% des collaborateurs ont quitté l'entreprise en 2021. Du côté du numéro un français Capgemini, le taux atteint 23,5%. La palme revient à l'entreprise américaine Cognizant où 35% de ses 330 000 collaborateurs sont partis. Parallèlement, le goût pour le statut d'indépendants ne cesse de croître dans l'Hexagone qui compte déjà 3,6 millions de travailleurs à leur compte.
Jean-Luc Baras, directeur achats chez Eiffage et président du CNA rappelle à ce sujet "le rôle clé de la fonction achats qui doit se transformer pour répondre aux nécessités de trouver les bons profils pour les bonnes missions, à une époque où cet exercice devient de plus en plus difficile."
Se doter d'un réseau de profils ambitieux
Emmanuel Erba, CPO Group chez Capgemini, constate "la demande accrue de talents dans les achats, aussi bien qualitativement que quantitativement. D'ici 2025, nous passerons la barre des 500 000 employés, contre moins de 400 000 aujourd'hui. Il s'agit de pouvoir nourrir notre croissance qui est très forte. Or, le marché des talents est déficitaire à une échelle mondiale. Dans le monde occidental, nous formons de moins en moins d'ingénieurs dans le domaine du logiciel."
Deux critères s'avèrent essentiels en matière de gestion des ressources externes: le taux de succès pour garantir l'approvisionnement en talents adaptés et la vélocité pour intégrer les profils. "Il faut pour cela des plateformes, constituer son écosystème de freelancing en mode réseaux sociaux privés. Il faut ensuite pouvoir animer ces profils, leur faire comprendre la culture attendue", assure Emmanuel Erba. Il estime que « pour intégrer une centaine de freelances dans une équipe sur le long terme, il faut des milliers de profils à disposition." Le travail s'avère donc considérable compte tenu des quantités de ressources externes nécessaires à de vastes chantiers comme la transformation digitale. Une logique de marketplaces semble être le meilleur levier pour attirer les talents souhaités.
La plateforme française de freelancing Malt compte plus de 150 000 profils, dont 40% dans le domaine IT. A titre de comparaison, le groupe Accenture rassemble environ 5 000 consultants IT sur le territoire national. Une entreprise qui a besoin de se tourner rapidement vers les services d'un ingénieur spécialiste du big data ou des migrations cloud doit pouvoir recourir à une importante base de données. Les achats de prestations informatiques intéressent actuellement tous les secteurs, du fait du caractère incontournable des mutations digitales dans les organisations.