Stratégie RSE : la vigilance à l'égard des fournisseurs n'est pas une option
Si les critères éthiques et écoresponsables deviennent un atout incontournable, les politiques RSE se heurtent à une réalité complexe. Être crédible et exemplaire passe par une prise en compte poussée de toute sa chaîne d'approvisionnement. Une démarche qui implique un haut niveau d'exigences.
Je m'abonneLes critères RSE ont désormais un rôle prépondérant. Quels que soient les secteurs, cette dimension s'impose à une vitesse vertigineuse comme un nouveau pilier du développement des organisations: "aujourd'hui, environ 20% des présentations de résultats entre investisseurs et PDG mentionnent des éléments RSE. Ce taux était encore bien inférieur à5 % en 2019. On remarque également que les directions achats se distinguent par une très forte augmentation de l'intégration de cette notion", a souligné Laurent Auffret, en charge de la stratégie achats responsables des entreprises chez EcoVadis lors d'une matinée organisée le 18 novembre par Altares.
La dimension RSE se positionne toujours plus au coeur des prises de décision. Bien sûr, les réglementations sur ce sujet s'étoffent de plus en plus, et expliquent en partie cette évolution. La France a vu naître ces dernières années des dispositifs contraignant pour les donneurs d'ordre, comme le devoir de vigilance portant sur leurs fournisseurs ou encore la loi dite Sapin 2 de lutte contre la corruption, allant dans ce sens. Des discussions se poursuivent actuellement au niveau européen, en vue d'une harmonisation des responsabilités imputables aux entreprises.
Mais "la réputation et ses conséquences à l'heure des réseaux sociaux sont à elles seules des motivations suffisantes. Tout le monde a eu écho des catastrophes du Rana Plaza ou des exactions dont sont victimes les Ouïghours. Personne ne veut prendre le risque d'être associé à de tels drames", confie Laurent Auffret. La difficulté réside alors dans la méconnaissance des fournisseurs de différents rangs et de leurs profils sur un plan humain, social, administratif et économique. "Nous avons quantifié que plus de 70% de l'impact social et environnemental d'un acteur se situe au niveau de sa chaîne d'approvisionnement. D'autres études concluent un taux avoisinant les 90%", poursuit-il.
La donnée, au coeur des rouages
En plus d'une méthodologie dédiée, EcoVadis propose 3 outils pour mettre sur les rails une stratégie RSE véritablement efficace. Il s'agit d'abord d'EcoVadis Ratings, qui fournit des évaluations fournisseurs, des indicateurs de mesure de la performance RSE, ainsi que des actions pertinentes en fonction de son contexte d'activité. EcoVadis IQ vise à cartographier les risques fournisseurs en se connectant à la base de données de notations d'EcoVadis et à ses mises à jour en temps réel. Enfin, un Module Carbone complète l'offre, en apportant une visibilité détaillée sur les émissions de gaz à effet de serre des fournisseurs, afin de mieux comprendre leur degré de maturité, et d'identifier les leviers d'action pour améliorer leur bilan et les faire évoluer.
La lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme ainsi que la cybercriminalité forment d'autres défis qui doivent également être pris en compte, rendant le terrain d'investigation extrêmement vaste. "La captation de la donnée par les nouvelles technologies représente donc une clé pour aboutir à une évaluation la plus précise possible des risques. L'objectif est de créer et de mettre à jour en permanence un panel de fournisseurs cohérent. Celui-ci varie dans le temps et en fonction des cas : selon la famille d'achats, les exigences de criticité et d'éligibilité d'un fournisseur ne seront pas les mêmes", souligne Mohssin Bekkaoui, VP Global PreSales & Customer Experience chez Synertrade.
Les prestataires fournisseurs de données deviennent dès lors des interlocuteurs privilégiés pour la fonction achat. "Les informations concernant l'identification du fournisseur, sa fiabilité, la qualité de ses propres données, l'actualisation de ses caractéristiques administratives sont autant d'éléments sur lesquels nous nous focalisons", explique Julie Mahérault, associée au sein du cabinet de conseil Exton Consulting. Une fois l'information collectée, le travail est parfois loin d'être terminé. "Les résultats remontées sont ensuite contrôlés. Nous stipulons parfois auprès du donneur d'ordre qu'il n'est pas envisageable d'entrer en contact avec tel fournisseur. On peut avoir affaire à plusieurs allers-retours avec nos clients, car les décisions dépendent du degré de risque et de l'acceptabilité du risque".