RSE: la réduction de l'empreinte carbone, priorité prioritaire !
Chiffre marquant de l'étude "Tendances et Priorités des Directions Achats en 2022" : si les directions achats sont engagées dans la réduction de l'empreinte carbone, les trois quart de celles qui ont été sondées ne connaissent pas l'empreinte carbone de leurs achats et 77% ne mesurent pas celles de leur fournisseurs...
Je m'abonneChaque année, les directions achats ont des objectifs achats liés au développement durable et à la RSE. Elles seront 58% en 2022 à avoir une série d'objectifs achats liés à la RSE ou au développement durable, selon l'étude AgileBuyer / CNA sur "Les priorités des Départements Achats en 2022". "Est-ce trop peu, ou est-ce que ces pratiques sont tellement "normales" qu'elles ne se situent plus dans les objectifs de certaines directions achat des entreprises ?", s'interroge Olivier Wajnsztok, chef d'orchestre de cette étude.
"Les enjeux RSE sont désormais partie intégrante des objectifs de chaque entreprise. Dans un souci de cohérence des actions conduites, des objectifs retenus et des actions engagées ou à initier, il réside un réel enjeu à garantir une écoute mutuelle entre la direction des achats et la direction de la RSE, commente, pour sa part, Bertrand Pouilloux, directeur des achats d'Enedis. Cette écoute favorise le portage du sens retenu et donné aux différentes démarches, tant au sein de l'entreprise qu'auprès des prestataires sollicités".
Que ce soit dans le secteur public ou privé, plus de la moitié des directions achats auront donc des objectifs liés au développement durable ou à la RSE en 2022. Ainsi, cela concernera 69% des directions achats dans le secteur public et 57% dans le secteur privé.
Si 61% des directions achats des grandes entreprises (plus de 5000 salariés) auront des objectifs achats liés au développement durable ou à la RSE en 2022, contre 57% des ETI et 52% des PME, "il est intéressant de noter l'écart entre les années 2020, 2021 et 2022. Ainsi, les plus fortes progressions de ces objectifs achats liés au développement durable ou à la RSE concernent les TPE, PME et ETI, pointe Olivier Wajnsztok Les grandes entreprises semblant déjà plus matures sur le sujet." Si 30% des TPE avaient des objectifs achats liés au développement durable en 2021, elles seront 50% en 2022. De même, en 2021, si 38% des PME avaient des objectifs achats liés au développement durable en 2021, elles seront 52% en 2022. En ce qui concerne les ETI, ce chiffre passe de 49% en 2021 contre 57% en 2022.
"Chiffre intéressant", souligne Olivier Wajnsztok, "100% des directions achats dans le secteur du luxe auront des objectifs achats liés au développement durable ou à la RSE contre 60% en 2021 (soit un bond de 40 points). De même, cela concernera 79% des directions achats dans le tourisme et le transport ainsi que 71% des directions achats dans la banque et la finance. Face au poids du consommateur final qui désire plus de transparence et d'éthique, les secteurs BtoC du luxe, du transport ou de la banque ne peuvent qu'accélérer leur mue environnementale. Et cela passe par une meilleure politique d'achats responsables."
La révolution verte semble déjà avoir fait ses classes dans les secteurs jugés stratégiques comme l'aéronautique dont le chiffre chute de 10 points (passant de 53% en 2021 à 43% en 2022). A noter cependant que cela reste un enjeu dans le secteur de l'automobile puisque 45% des directions achats auront des objectifs achats liés au développement durable ou à la RSE contre 30% en 2021.
Lire aussi : Les achats, fer de lance des politiques publiques ?
Des directions achats qui participent activement à la réduction de l'empreinte carbone
Face aux nouvelles réglementations liée à la neutralité carbone, 73% des directions achats participent en priorité à la réduction de l'empreinte carbone (contre 58% en 2021) qui inscrite dans la stratégie de l'entreprise. Les achats des entreprises génèrent l'utilisation de ressources naturelles et de matières premières mais aussi du transport et de la logistique. A ce titre, les directions achats sont en première ligne pour aider les entreprises dans leurs stratégies de réduction de l'empreinte carbone. Enfin, l'économie circulaire (à 36%) et la territorialité (à 33%) restent des axes de travail pour les directions achats.
"Le déploiement du plan RSE des achats, avec en priorité la réduction de l'empreinte carbone de la supply chain devient une priorité en 2022 et pour les années à venir, constate Pascal Garnero, directeur des achats NTN-SNR & NTN Europe. Cette action devient primordialement dans le plan stratégique de l'entreprise et permet par ailleurs d'embarquer l'ensemble des équipes autour d'un projet pluriannuel. La jeune génération est, en particulier, très attentive au progrès de l'entreprise dans ce domaine".
"Considérant des marchés contractés pour des durées de 3 ans, les achats de 2022 sont ceux qui pèseront dans le calcul de l'empreinte carbone à l'horizon 2025", précise Bertrand Pouilloux, directeur des achats d'Enedis. Cette simple projection positionne le rôle immédiat qui revient à l'acheteur. Face à ce constat, le management de la filière achat, en concertation avec la filière RSE, doit accompagner l'ensemble de la filière achats et approvisionnements en proposant des formations spécifiques à la prise en compte des leviers associés à la réduction de l'empreinte carbone, notamment ceux associés au scope 3".
Une ambition de réduction de l'empreinte carbone mais un manque d'outils de mesure
Face aux nouvelles réglementations, 61% des directions achats sont contraintes d'engager des actions de réduction de l'empreinte carbone. L'empreinte carbone est un objectif qui est plus facilement chiffrable que les autres, et qui est en train de rentrer dans les KPI d'analyse financière générique. "Donc peut-être est-ce là plus le fait d'une nécessité financière que d'une conviction forte ?", interroge Olivier Wajnsztok sans s'aventurer à répondre à la question.
Il n'existe peu, voire pas, de différences entre le secteur privé et le secteur public sur l'ambition de réduction de l'empreinte carbone. Ainsi, que ce soit dans le secteur public ou privé, la majorité des directions achats (63% dans le public et 61% dans le privé) sont engagées dans des actions de réduction de l'empreinte carbone.
Chiffre marquant de l'étude : si les directions achats sont engagées dans la réduction de l'empreinte carbone, les trois quart de celles qui ont été sondées dans le cadre de l'étude ne connaissent pas l'empreinte carbone de leurs achats. "Certes, cette évaluation est fastidieuse et longue, commente Olivier Wajnsztok. Il existe non seulement un manque de connaissance sur l'empreinte carbone des achats, mais là encore résultat surprenant, 77% des directions achats interrogées ne mesurent pas l'empreinte carbone de leurs fournisseurs. Sans outils de mesure de son écosystème, comment les directions achats des entreprises peuvent-elles piloter et engager une stratégie de réduction de l'empreinte carbone ? Pas évident."
Le respect des délais de paiement demeure un sujet d'actualité
Le respect des délais de paiement vis-à-vis des fournisseurs demeure un sujet de préoccupation pour 66% des directions achats interrogées dans le cadre de l'étude. Elles sont conscientes que le nerf de la guerre et encore davantage en période de crise est la trésorerie des entreprises. "Elles ne peuvent se permettre de mettre en péril les trésoreries de leurs fournisseurs au risque de ne plus pouvoir acheter auprès de ces derniers", commente Olivier Wajnstok, chef d'orchestre de cette étude. Certaines directions achats ont soutenu leurs fournisseurs durant cette période de crise en garantissant un meilleur traitement des factures fournisseurs.
"Honorer les engagements du contrat dépasse largement la seule contribution de la direction des achats, précise Bertrand Pouilloux, directeur des achats d'Enedis. Considérant que chaque contrat établit les délais de paiement pour lesquels le donneur d'ordre s'engage, il est majeur de mobiliser l'ensemble des acteurs du processus achats et approvisionnements. La meilleure issue pour valoriser et responsabiliser tous les acteurs, réside dans la mesure et le partage à fréquence régulière, d'un indicateur parfaitement documenté et partagé à tous les niveaux de l'entreprise. La parfaite documentation permettra notamment d'identifier les axes de progrès tant au niveau du donneur d'ordre que du prestataire".
A la question "Est-ce dans les objectifs de votre département achats d'assurer le respect et/ou le pilotage des délais de paiement fournisseurs ?" 38% des directions achats répondent avoir toujours cet objectif. Et lorsqu'on leur demande si faire respecter les délais de paiement en interne est un de leurs combats, 71% des directions achats de grandes entreprises sondées répondent par l'affirmative à 71%. Et dans les ETI, 65% des sondés répondent par l'affirmative.
L'étude s'est également penchée sur l'adhésion au Label Relations fournisseurs responsable et aux certifications ISO20400 et ISO14001. Plus de la moitié des entreprises interrogées (51%) déclarent qu'elles vont entreprendre ou ont déjà entrepris une telle démarche. Laquelle concerne en premier lieu les secteurs jugés stratégiques comme l'industrie lourde (72%), l'énergie-l'environnement (70%) ou l'aéronautique-défense (66%).
Enfin, interrogés sur une éventuelle volonté du réduction du panel fournisseurs, plus de la moitié des directions achats interrogées (52%) indiquent qu'elles n'auront pas d'objectif de nombre de fournisseurs, mais elles sont 32% à déclarer avoir un objectif de réduction du nombre de fournisseurs en 2022.
Voir tous les résultats de l'étude "Les Priorités des Départements Achats 2022" de AgileBuyer / CNA:
Achats : des pénuries sur tous les fronts
Les relations fournisseurs / donneurs d'ordre se tendent davantage
L'objectif de réduction des coûts connaît une baisse historique
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RH achats : des recrutements en hausse