Digitalisation Achats : c'est quand le bonheur ?
Dès que les tâches à accomplir s'affranchissent des métriques brutes - volumes, productivité, fréquence, rapidité,... - les critères d'utilité et de satisfaction des progiciels achats ne dépendent plus que du subjectivisme de leurs utilisateurs : on quitte ainsi les rives des contraintes processuelles et les arguties marketing des éditeurs pour s'embarquer sur l'océan du " vécu vrai ", et au quotidien, des utilisateurs.
Moi y en a vouloir de l'IA, et tout et tout...
Comme le constate chaque année l'étude Révélations Achats(*), une quasi-unanimité se fait autour de l'idée que, oui, il faut plus de digital dédié aux Achats au point que plus d'un professionnel sur deux (58% en 2023) déplore une couverture fonctionnelle digitalisée inférieure à 50% de ses besoins ! Sur le plan technologique, ces outils manquent toujours " d'intelligence " (prédictive et générative), de " responsivité " et, partant, de facilités collaboratives (groupes, projets, RS,...).
L'(im)pertinente question du hors-champ !
Sorti du rail digital, bien insuffisant à couvrir les besoins métier, l'acheteur s'acharne hors-champ à faire métier en se débrouillant - un tableau Excel par-ci, un autre par-là - à sa manière ; il/elle échange les (bonnes ?) pratiques avec ses collègues ; il/elle crée ses propres heuristiques de résolution ! Appelons cela l'ingénierie humaine. Au fait, qui n'a jamais prétendu que les métiers de l'acheteur devaient tous entrer dans la grande boîte numérique ?
" Dire et être je "
On le comprend ici, l'UX - clé de l'adoption - ne se suffit d'une cosmétique. Ce n'est pas plus encercler d'automates les activités contrôlées d'un professionnel mais plutôt le débarrasser de la pénibilité des actes répétitifs et du bornage industrieux des KPI.
L'IA ne va pas arranger les choses. Déjà l'écart se creuse entre les fonctionnalités introduites à rythme forcé dans les outils existants et les attentes qu'en ont les acheteurs ! Se voir " augmenté " dans leurs décisions, dans leur capacité à analyser, à embrasser des situations combinatoires complexes (marché, prix, analyses) et à gérer en temps réel les risques par anticipation : voilà leur cahier des charges.
Pour autant personnalité, individualité ne doivent pas disparaître noyées dans les LLM (Large Language Model) : foin de substitualité, " dire et être Je " reste l'essence même de l'acheteur/acheteuse accompli(e) !
(*) Philippe Grange - Directeur de l'étude " Révélations Achats " - Media Dell'Arte.
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(*) Une étude réalisée en partenariat avec le magazine Décision Achats. Les éléments chiffrés sont extraits de l'édition 2023.
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