La performance achats à l'heure du digital
Simplification, rapprochement avec les fournisseurs, nouvelle gouvernance... Pourquoi et comment la digitalisation apporte des gains dans plusieurs domaines cruciaux, tout en garantissant un niveau de performance en phase avec les enjeux actuels ? Retour d'expériences.
Je m'abonneTensions sur les chaînes d'approvisionnement, envolées des prix des matières premières, impératifs écologiques... Les bonnes raisons de repenser sa politique achat ne manquent pas. La transformation digitale et les opportunités qu'elle offre pour gagner en performance en la matière deviennent incontournables. Mais comment se traduit concrètement ce virage ? Cette question était au coeur des temps forts des Enjeux Innovation BtoB qui se sont tenus à Paris le 7 avril.
Parmi les participants, Karine Alquier-Caro, directrice achats Groupe chez Legrand, spécialiste mondial des infrastructures électriques et numériques du bâtiment, cite notamment les marketplaces comme tournant indispensable : « l'enjeu est de simplifier considérablement l'acte d'achat. Classiquement, les étapes de validation sont multiples au sein des processus, entre le sourcing, le contrat, la commande, la facturation... Le recours à une marketplace réduit fortement cette contrainte. On obtient par exemple une facture par mois, au lieu de centaines de factures pour autant d'achats différents. C'est une simplification majeure. »
Au-delà des nombreuses références de produits disponibles en une même plateforme et des facilités de gestion associées, il s'agit aussi de proposer des packages, en réponse à des besoins globaux. « Nous avons créé une marketplace dans laquelle figurent 400 000 références. Nous proposons du matériel IT de tous types avec, aussi, un service inclus. Il peut s'agir de l'installation, de fonctions de protection, de la maintenance à assurer, ou encore du renouvellement en privilégiant les produits reconditionnés », illustre Jean-Pascal Thys, directeur de la transformation digitale de l'ESN nantaise Tibco, et un des intervenants de l'événement.
Une réponse simple à des défis complexes
La digitalisation a vocation à simplifier la vie des collaborateurs en éliminant des tâches récurrentes à faible valeur ajoutée. Un gain de temps qui permet de porter davantage le conseil auprès des interlocuteurs, de mieux analyser, se situer par rapport aux concurrents, de soigner sa transformation pour conquérir de nouveaux marchés, ou encore de se consacrer davantage à l'innovation pour se diversifier.
Le souci de simplification vise aussi à répondre à des besoins RSE toujours affirmés. Une nécessité accrue d'informations sur la provenance, la qualité, la conformité et l'écoresponsabilité des produits. « Au moins 10 à 15 % de nos clients nous demandent des éléments très concrets prouvant que les produits vendus sont écoresponsables », décrit Ludivine Martinet, directrice commerciale de Manutan, distributeur de nombreux produits de classe C.
« Nous avons parfois affaire à des clients qui nous demandent des garanties de provenance de métaux, afin de s'assurer qu'aucun matériau n'est issu de mines exploitées dans des zones de conflits. Or, il peut s'agir d'une responsabilité qui incombe à un fournisseur de rang 10. On comprend vite comment le contrôle et la vérification peuvent devenir impossibles sans digitalisation », confie Karine Alquier-Caro.
La poussée des exigences RSE fait d'ailleurs naître de nouveaux indicateurs : à l'image du TCO (Total Cost of Ownership), largement répandu depuis longtemps, le LCC (Life Cycle Costing) est déjà calculé au sein d'entreprises, et demandé par des partenaires.
A noter que la gouvernance, indispensable pour une efficacité durable, reste dans ce contexte un volet difficile à maîtriser, en particulier dans les grandes organisations. « A l'occasion d'une acquisition se pose la question de l'harmonisation des pratiques de référencement fournisseurs de l'entreprise achetée. Or, dans notre cas, il y a plusieurs acquisitions chaque année », illustre Karine Alquier-Caro.