Comment la réalité augmentée vient-elle au service de la Supply Chain
Les crises et les apports plus que bénéfiques de la fonction Supply Chain ont fait d'elle un atout majeur. Son développement accéléré, elle le doit principalement aux nouveaux outils et développements technologiques qu'elle a su adapter à ses prérogatives.
Je m'abonneC'est grâce à l'apport technologique que la Supply Chain a pu garantir une maîtrise sans heurts de chaque étape de son processus. Les outils sont ainsi venus mettre de l'huile dans les rouages afin de fluidifier les flux administratifs, décisionnels et physiques. Le déploiement d'ERP avec la prise en compte de la Supply Chain comme une véritable fonction, offre ainsi un support digitalisé pour les grandes étapes des flux. L'EDI (échange de données informatisées) a permis ensuite d'ajouter un niveau de maîtrise supplémentaire. Au regard de ces intégrations, nous pourrions même croire que la fonction est devenue l'un des secteurs où la digitalisation prend tout son sens.
Innovations aux concrétisations encore timides mais puissantes
L'apparition timide et progressive des jumeaux numérique tend à nous démontrer que nous ne sommes encore qu'au début de cette révolution numérique dans la Supply Chain. Pour rappel, le jumeau numérique est une nouvelle transposition de l'organisation. Initialement développé pour l'Entreprise dans son ensemble, il s'est rapidement développé dans le secteur Supply Chain. Ce fameux jumeau numérique consiste à établir une représentation virtuelle d'un système ou d'un processus physique... Rien de telle que la complexité et la multiplicité des flux offerte par la Supply Chain pour un outil en quête de challenge !
Outre la modélisation des flux qui reste la première étape dans la mise en place d'un jumeau (tels une VSM), celui-ci apporte une solution bien plus puissante puisqu'elle n'est pas figée dans le temps. En effet, le jumeau est relié à la réalité grâce à des capteurs ou tout simplement des ramifications numériques (l'IA). Il peut ainsi se mettre à jour en continu et intégrer rapidement les modifications apportées dans l'entreprise réelle. Ainsi, le jumeau numérique permet de lancer des simulations de situations et ainsi valider des scénarios suivant des données d'entrées. L'objectif poursuivi est alors de vérifier les réactions du processus à des actions d'amélioration ou même à des situations de contrainte pour identifier alors les signaux de réponse en mode « gestion de crise ».
Plus simplement, il s'agit de modéliser numériquement l'organisation pour tester des hypothèses (données d'entrée) et ainsi observer les réactions pour définir dans un premier temps les modifications à apporter aux flux des Opérations (Supply Chain) lui permettant d'améliorer ses performances mais aussi apprécier sa résilience. Puis, dans un second temps, c'est-à-dire après cette phase de modification, les tests permettront de valider des stratégies et définitions d'objectifs pour ainsi préparer les plans d'actions associés.
Test and learn cartographiés pour mieux gérer les tensions de la supply
En cas d'évolution des marchés, de prévisions de turbulences, le jumeau permettra de tester des plans d'actions en mode « gestion de crise » afin de se tenir prêt. Cette fonctionnalité pourrait s'apparenter alors aux exercices d'évacuation incendie : on s'entraîne et on regarde ce qui a dysfonctionné pour ainsi améliorer le process de gestion de la crise, voire le process initial quand cela est possible. Ainsi, le jumeau numérique est un outil de cartographie dynamique. Il permet d'analyser des hypothèses avec un volume d'information exorbitant. Il peut ainsi modéliser des flux internes telle une VSM surboostée, tout comme des flux externes (logistiques).
Plus concrètement, il peut notamment permettre de comparer de façon bien plus pertinente les impacts en termes de délais, de coûts et de risques de toute action de modification des flux ; qu'elles aient un objectif d'optimisation de coût et/ou de délais ou de dérisquage (élimination des risques) ou plus « simplement » d'efficacité opérationnelle. Tout cela se fera en tenant compte de l'abondance de données d'entrées : multicritères, multi scénarios... mais aussi et surtout aux contraintes définies par l'équipe supply chain.
Une performance globale améliorée où la machine augmente l'humain par l'aide à la décision
La fonction SC tout entière gagne ainsi en performance, en résilience mais aussi en réactivité face à tout « évènement » interne ou externe pouvant l'impacter directement ou indirectement. Le gain ne concerne plus seulement les coûts ou les délais mais la proactivité, c'est-à-dire une rapidité d'adaptation fiable face à tout nouveau contexte imprévu. Le jumeau numérique donne ainsi une visibilité globale de l'ensemble des maillons qui composent la SC, permettant une meilleure supervision de chaque étape de façon isolée mais aussi dans leur ensemble pour y inclure l'ensemble des interactions.
Il ne vient pas remplacer l'humain qui reste aux commandes. C'est en effet l'avantage de cette approche : l'Homme définit les scénarios à tester et reste maître des plans d'actions à déployer dans le monde réel. Ainsi, le jumeau numérique se présente comme un outil d'aide à la décision qui inclurait directement les phases d'analyse et de prototypage/modélisation des solutions identifiées.
La machine reste bien, ici, un outil au service de la performance dont l'humain garde le contrôle.
À propos de l'auteur : Solène Foulard est fondatrice et gérante du cabinet Impulsility, spécialisé dans les achats et supply chain