La relocalisation, vraie solution ou faux débat?
Le rapatriement des unités de production, en France, en Europe ou à proximité des clients internes, permet dans certains cas de dégager des économies et de sécuriser les process. Si la démarche est innovante, elle reste encore marginale.
Je m'abonneD'après l'Observatoire des Achats(1), seuls 21 % des acheteurs (20 % en France) s'estiment encouragés par leurs clients internes à relocaliser. Aucune famille de produits ou de services ne semble particulièrement impactée par cette tendance. Si les produits manufacturés et les matières premières sont les plus fréquemment cités, ils ne dépassent pas la note de 2, sur une échelle allant de 1 (très faiblement concerné) à 5 (très fortement concerné). Pourtant, la relocalisation des achats, ou du moins leur organisation à proximité des clients internes, apparaît comme une solution qui favorise l'optimisation des coûts.
Il semble que la relocalisation des achats réponde à deux orientations stratégiques : primo, la création de valeur, induite par exemple par un repositionnement d'image sur le créneau du ''made in France''. Deuxio, l'optimisation des dépenses. À cet égard, les experts constatent une baisse d'attractivité des low cost country (LCC). Si bien que la relocalisation peut permettre de solutionner des problématiques engendrées par une opération de délocalisation, en termes de transport, de logistique, de taxes douanières, de taux de change peu favorables, etc.
D'ailleurs, c'est en constatant une augmentation des coûts liés aux salaires ou au transport, qu'une analyse du TCO peut être engagée et une relocalisation envisagée. L'interprétation des résultats est fonction du niveau de qualité requis par les approvisionnements. Par exemple, il sera facile de convaincre la direction générale d'un changement de cap pour pallier des risques de dysfonctionnement trop importants.
Lire aussi : Les achats, fer de lance des politiques publiques ?
Des alternatives à la relocalisation
Le directeur des achats procède à un audit de la filière fournisseurs et met à plat l'ensemble des critères de choix traditionnels (capacité de production, délais, réactivité, etc.), sans oublier de mesurer leurs évolutions, puisque les coûts ne sont pas figés. Il peut également jeter un oeil sur des critères moins quantifiables mais créateurs de valeur, comme l'image de marque de l'entreprise ou sa démarche environnementale.
La relocalisation passe soit par le rapatriement d'unités de production, soit par l'internalisation. En France, la désindustrialisation rend la recherche de nouveaux fournisseurs quasi impossible pour les produits manufacturés. En revanche, le rapatriement d'une usine est concevable, mais il s'agit d'une opération chronophage, onéreuse et qui nécessite l'organisation de la période transitoire d'approvisionnement. Lourd à piloter ! Dès lors, pourquoi ne pas étudier la possibilité de co-construire une nouvelle offre, en nouant un partenariat avec le fournisseur, ou de faire appel à des partenaires publics pour être accompagné dans le projet.
(1) L'Observatoire des Achats 2014 est publié par BearingPoint, Essec et Novamétrie. Il est le résultat d'une enquête menée auprès de 500 directeurs des achats interrogés en Europe et en Asie, dont 150 en France, représentatifs de toutes les tailles d'entreprises.
Comment tester son potentiel de relocalisation ?
Le logiciel Colbert 2.0 d'autodiagnostic confidentiel et automatisé, mis en ligne sur le site www.entreprises.gouv.fr permet aux entreprises de tester leur potentiel de relocalisation, en moins de 30 minutes. Construit sur la base de l'étude approfondie de nombreux cas réels de relocalisation, il répond à une triple exigence : la confidentialité, le sur-mesure et l'opérationnel.
À l'issue de l'autodiagnostic, un bilan personnalisé est proposé en fonction du score obtenu. Celui-ci est complété par une sélection d'aides de l'État et par l'exemple concret d'une entreprise au profil similaire, ayant relocalisé. Enfin, Colbert 2.0 offre la possibilité de prendre rendez-vous dans les cinq jours ouvrés avec un interlocuteur afin d'évaluer son projet.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les articles suivants :