Oser l'innovation dans la réorganisation des achats
En marge des réflexions sur la globalisation des achats, la réduction des dépenses, une approche basée sur l'innovation émerge et se présente comme un des leviers pertinents qui pourrait se démocratiser. Une démarche notamment intéressante en situation de croissance externe.
Je m'abonneGaëlle Jucht est directrice des achats indirects du groupe Cerba European Lab, un réseau européen de laboratoires de biologie médicale. Son credo : la Business Intelligence appliquée aux achats. Un moyen de penser le métier différemment, d'organiser les achats selon de nouvelles méthodes, résolument tournées vers l'innovation. "Il s'agit d'abord de comprendre son terrain de jeu, de savoir précisément quel est le niveau des dépenses dans chaque catégorie d'achats, pour pouvoir ensuite créer une feuille de route agile, révisable, afin de créer une nouvelle offre achats, la déployer et espérer générer des gains", explique la directrice.
Il importe de comprendre quels sont les acteurs potentiellement impliqués, les interlocuteurs sur le marché, se pencher sur ce qu'on peut faire en analysant la contrainte du changement, d'autant plus marquée lors d'une opération de croissance externe. Des éléments essentiels pour établir le modèle dans lequel on souhaite évoluer. Cette démarche de Business Intelligence permet par la suite de faire rentrer de nouveaux acteurs en les intégrant aux standards qui ont été mis en place.
"L'une des questions importantes à se poser est aussi : veut-on faire du global ou du "glocal" ? Il importe d'être toujours très souple dans sa façon de penser. Une démarche de globalisation de ses achats fait-elle sens ? Ne vaut-il pas mieux standardiser ses pratiques tout en permettant aux sites en régions d'acheter dans leur région en conservant des indicateurs de comparaison économique, des critères de conservation d'emploi, tout en vérifiant par ailleurs que les dépenses représentent des montants identiques qu'avec une autre stratégie ?", souligne Gaëlle Jucht. Alors qu'elle se présente souvent comme un réflexe de fonctionnement, la globalisation des achats s'avère être une option à manipuler avec des pincettes. "Parfois, lorsqu'on a la possibilité de gagner 2 % sur une catégorie d'achats, on perd davantage de temps et d'énergie à convaincre, à vendre, à mettre en oeuvre. L'opération est-elle vraiment gagnante ?", poursuit-elle.
Concrètement, l'approche innovante consiste à faire équipe avec toutes sortes de clients internes, de créer des chaînes multidisciplinaires en travaillant avec un financier, un marketeur, un acheteur, un DRH. "Une collaboration originale, en mode start-up, qui permet de valider les options, de mettre au point un projet avec une approche à 360 degrés", indique Gaëlle Jucht. Elle compare cette configuration au fait d'avoir à disposition "une pépinière d'innovations achats", comme on pourrait le trouver dans un département de R & D. "Dans un contexte de LBO, les cycles économiques sont courts pour délivrer de la valeur. Une approche agile de ce type est bien plus pertinente. Miser sur des idées innovantes modifie clairement les profils et attitudes. Par certains aspects, on n'est plus un acheteur, mais on devient un entrepreneur qui cherche à convaincre son entourage de son(ses) idée(s) originale(s)."