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Mérovingiens et Carolingiens sont dans un bateau

Publié par Geoffroy Framery le | Mis à jour le
Mérovingiens et Carolingiens sont dans un bateau

A Montalembert-du-Haut, petit village gaulois d'acheteurs, nous avons une tradition séculaire : tous les ans, à l'occasion de la grande foire, la population se réunit sur la place du village et vote à main levée pour le « Roi des Acheteurs ». Les débats sont parfois animés mais cette année encore, c'est le jeune Childéric (un prénom mérovingien) qui a remporté le titre, sous les applaudissements de la foule.

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Notre tradition veut ensuite que le jeune Childéric, tout auréolé de sa gloire, fasse ensuite le tour du village sur un char à boeufs pour bénir la population du village sous les vivats de la foule : elle est pas belle la vie, à Montalembert-du-Haut ?

Mais comme toujours dans les petites communes rurales, le drame se noue : à Montalembert-du-Bas, le coiffeur a décidé lui aussi d'organiser des concours, depuis qu'il a réalisé le brushing de Miss Poitou-Charentes. Il a déposé les noms : « Prince du Brushing», « Prince des Achats », « Prince du Saucisson » et bien d'autres encore... Voici donc Childéric pour le coup doté d'un « Prince des Achats », auquel nous devons tous aussi révérence.

Le char à boeufs étant déjà occupé par Childéric, ledit Prince des Achats se déplace pour sa part en tobogan ascensionnel (une invention locale), de Montalembert-du-Bas vers Montalembert-du-Haut. De l'art de faire compliqué quand on peut faire simple !

Il se dit au café du village que le coiffeur n'aime pas trop le maire, depuis que son arrière-grand tante lui a vendu un mulet boiteux, qui serait lui-même apparenté à une jument asthmatique. On n'en sait pas plus, mais on voit bien que le cas est très sérieux, et que nous devons tous adorer tant le Roi que le Prince des Achats.

Pour autant, Childéric fait bien le job : suivant la tradition mérovingienne, il trace la route à bord de son char à boeufs, pour rencontrer ses sujets et affidés et leur porter la bonne parole des achats. D'autant plus que la tâche n'est pas facile : parmi ses affidés, il y a le Gars Pépin (un prénom carolingien, pour le coup !). Le Gars Pépin, c'est le responsable des appros. Un gros malin : entre nous, on l'appelle déjà « le maire du palais » tellement il a d'influence au conseil municipal.

Et comme il a horreur qu'on lui dise qu'il ne s'occupe que des appros, il a changé la devanture de sa boutique pour s'appeler « supply chain », un truc qu'il avait lu dans une encyclopédie et qui faisait plus moderne. Ça marche du feu de Dieu, ce concept, à tel point que Pépin (qu'on appelle « le bref », car il s'occupe toujours des problème urgents) a pris lui aussi le titre de « Roi de la Supply Chain », pendant que le Roi et le Prince des Achats se chamaillaient dans leur coin. Amis acheteurs, ne riez pas sous cap : les « rois de la supply chain » existent bel et bien, pour ceux qui ne le sauraient pas !

Pépin le Bref, il a de l'avenir, car c'est un gros malin... Au village, tout le monde sait bien que son fils Charles-Magne (surnommé ainsi parce qu'il se magne toujours de résoudre les problèmes de supply chain) est promis à un très bel avenir, pendant que le Roi et le Prince des Achats se disputent sans fin pour savoir qui aura droit au tobogan ascensionnel ou au char à boeufs.

Le maire du village, depuis qu'on a ouvert une bibliothèque municipale, s'est renseigné et voit bien comment la dernière transition entre Mérovingiens et Carolingiens s'est terminée, mais il n'ose pas trop en parler aux acheteurs et préfère voir comment toute cette affaire va se décanter...

Alors, on va lui donner un peu d'avance : il se dit que, dans la famille de Childéric, il y a un nouveau-né, Hugues. C'est un acheteur très capé sous plein d'aspect, et il n'est pas impossible qu'il remplace de nouveau les Carolingiens de la supply chain à un moment ou un autre aux yeux du maire. Auquel cas, on l'appellera le Capétien, bien entendu !

On espère tous pour le coup qu'il saura rester plus avenant et aimable, au risque sinon lorsqu'il posera la question « qui t'a fait comte ? » de se voir rétorquer « qui t'a fait roi ? ».

(Toute coïncidence avec l'Histoire de France et/ou avec des cérémonies diverses et variées dans le monde des achats et de la supply chain est bien entendue fortuite)

 
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