Mécénat de compétences : les achats aussi ont du coeur !
Faire bénéficier des associations humanitaires du savoir-faire d'acheteurs ? C'est bien là l'objet de la commission Bénévolat de Compétence de l'Aca (CESA HA HEC) créée il y a trois ans. Explications de Ghislaine Achalid, en charge des relations extérieures de l'Aca, et cas pratique avec Amnesty.
Je m'abonneGrâce à son partenariat avec Passerelles et Compétences, qui met en contact le besoin (les associations à but non lucratif) et l'offre (un réseau de bénévoles), l'Aca a pu s'impliquer dans un projet Achats au près d'Amnesty International. Prix Nobel en 1977, Amnesty est connue pour son action constante pour le respect, la défense et la promotion des droits humains. En dehors de son action militante, Amnesty respecte un dogme strict d'indépendance financière qui l'amène à s'autofinancer essentiellement par la collecte de dons auprès des particuliers, mais aussi par la vente d'objets divers (tee-shirt, bougies etc...) par le biais de ses militants, l'internet ou la VPC. Divers enjeux ont amené l'association à décider d'externaliser l'activité de vente de produits. Or, c'était le même dispositif interne qui assurait la diffusion des produits de vente et du matériel d'action (rapports, affiches, tracts, ...) aux militants. Il était donc nécessaire de remodeler un nouveau dispositif le plus efficient possible pour assurer la production et la distribution du matériel d'action aux militants.
Analyse de l'existant....
L'opération, tout sauf simple, a nécessité tout d'abord une analyse de l'existant : données brutes des commandes et des envois sur plusieurs années pour établir une volumétrie claire des charges (ETP nécessaires, prévision d'évolution des volumes). S'en est suivie une redéfinition de l'organisation, des processus et des tâches, amenant l'abandon d'un centre de stockage régional et une réduction des postes affectés à la logistique.
La responsable de mission a fait le choix du dialogue avec tous les acteurs impliqués dans la création du matériel militant et VPC, afin de redessiner un workflow en adéquation avec leurs besoins et ressources. Elle s'attelait par ailleurs à des tâches très techniques : analyse de données, définition des postes, refonte et descriptif du processus de gestion de commande du matériel militant ...dans un contexte ou le décalage entre les codes du monde associatif et le monde industriel dont elle était issue pouvait constituer un écueil majeur pour la réussite de la mission.
Une réorganisation sur les rails
S'étalant sur plusieurs mois avec une phase de présence permanente en fin de projet, la mission a rempli ses objectifs puisque la réorganisation est sur les rails au sein d'Amnesty. Pour Stephan Oberreit, Directeur Général de la section francaise, " la mission de Christel nous a beaucoup apporté de par son expertise dans un domaine que nous maitrisons mal, l'organisation des flux logistiques ". Du coté de Christel Marsal la bénévole ACA, cette expérience a été doublement bénéfique pour elle : professionnellement, elle a mené a bien un projet de transformation Achats et Supply Chain complexe dont elle pourra se prévaloir, mais surtout et avant tout elle a vécu une expérience de partage unique.
3 questions à Ghislaine Achalid, Aca
Pourquoi l'Aca a créé cette commission ?
Ghislaine Achalid : Parce que la solidarité et le partage des compétences font partie des valeurs de l'Aca, une commission spécifique s'est créée il y a 3 ans dans l'objectif de faire bénéficier le monde associatif solidaire des compétences et des expériences de nos membres, tous professionnels aguerris en matière d'achats et/ou de Supply Chain.
Comment se sont passés les débuts ?
G.A. : Notre premier réflexe a été d'apprendre à connaître les besoins et attentes de ces associations. Pour cela, nous nous sommes rapprochés de Passerelles & Compétences et avons, depuis, réalisé plusieurs missions pour diverses associations. Nous avons pu constater à cette occasion que les associations avaient des types d'achats similaires aux nôtres en entreprise (locaux, véhicules, déplacements, assurances, frais bancaires, informatiques, photocopieurs, prestations de services, ...) et que la problématique de ressources pour les traiter était très fréquente alors qu'une bonne maîtrise de ses dépenses peut permettre d'accroître son attractivité et de dégager des moyens pour d'autres actions.
Et aujourd'hui, quel constat tirez-vous ?
G.A. : La commission s'est également étoffée et travaille aujourd'hui à d'autres types de partenariats solidaires, notamment avec IDEAS ou encore AIMS Entreprendre. Beaucoup de nos membres sont prêts et ont le souhait de s'investir dans ce type de missions, dans le cadre établi par Passerelles et Compétences. Il n'y a aucune contrepartie pour l'ACA, si ce n'est d'aller ensemble au bout de la démarche afin d'assurer le succès de ces missions. Alors, que ce soit pour un diagnostic global, former des équipes ou traiter un poste ou un projet particulier, l'Aca est prête à collaborer.