MICE : les leviers insoupçonnés des stratégies RSE
Comment organiser un événement en phase avec l'image responsable de son entreprise ? Au-delà du choix de certaines marques ou certains prestataires étiquetés "développement durable", il convient de se doter d'une approche globale qui, au bout du compte, peut également être une source d'économies.
Je m'abonneLe premier Atelier des connaissances de l'AFTM (Association française du travel management) de l'année 2019, organisé conjointement avec Ideal Meetings & Events, s'est tenu le 24 janvier. A l'ordre du jour : le rôle que peuvent jouer les acteurs du MICE dans la stratégie RSE des entreprises. Les démarches dans ce domaine se limitent quelquefois à certains choix qui représentent davantage une intention de façade que le résultat d'une réelle politique RSE réfléchie : "privilégier des véhicules électriques pour des déplacements relatifs à un événement règle certes la question des émissions de CO2, mais qu'en est-il des méfaits environnementaux liés à la fabrication des batteries et au cycle de vie des produits polluants concernés ?", relève Claire Schwartz, responsable RSE au sein du groupe Châteauform'.
Une approche globale est préconisée pour faire de cette question une véritable valeur ajoutée. Les aspects sociaux de la chaîne d'approvisionnement, en particulier le respect des droits humains au travail, doivent être au coeur des décisions, tout comme l'impact de ces décisions d'achats sur l'environnement (exploitation de ressources naturelles, prévention de risques...). Des critères auxquels viennent s'ajouter l'impact économique sur l'entreprise, son écosystème, ses fournisseurs, dans une logique de coût global et de relations partenariales de long terme.
De plus en plus de donneurs d'ordre intègrent dans leurs appels d'offres des clauses en faveur des démarches RSE. Même si ce n'est pas un critère éliminatoire dans les appels d'offres, cet élément pèse dans les prises de décision. Pour certaines organisations, en cas de note EcoVadis (l'un des organismes évaluateurs) inférieure à 50, il n'est plus possible de déposer une candidature. Les responsables des achats ont un rôle important à jouer dans cette démarche vertueuse à entretenir dans les collaborations avec les fournisseurs.
Des prestataires synonymes de tremplin RSE
Le secteur du travail protégé adapté (STPA) peut répondre aux préoccupations des directeurs achats, responsables travel et MICE à plusieurs titres. Certains acteurs de travail adapté sont spécialisés par exemple dans la création de stands pour des salons professionnels, dans des opérations logistique, dans des transports ou encore des services de traiteur.
"A l'heure actuelle, ce n'est globalement pas un réflexe dans l'hôtellerie de sous-traiter la blanchisserie ou l'accueil à des spécialistes du STPA", illustre Yann Le Coz, consultants achats au sein du cabinet YLC Conseil. "Mais certains acteurs adoptent désormais ce virage d'intégration à leur activité de professionnels en situation de handicap, ce qui permet en conséquence de répondre aux critères RSE des entreprises à la recherche de prestataires ayant ainsi une stratégie conforme à une stratégie de développement responsable."
Lire la suite en page 2 : "Assumer ses obligations RSE et d'obtenir au bout du compte un avantage économique"
D'après la loi, une Unité bénéficiaire (UB) représente un équivalent de travail à temps plein. Dans les entreprises françaises de plus de 20 salariés, qu'elles soient publiques ou privées, les travailleurs concernés par un handicap doivent représenter au moins 6 % des effectifs. Si la société ne parvient pas à atteindre ce quota, elle a la possibilité de cumuler des UB en passant des contrats de sous-traitance au STPA. A chaque tranche de 20 000 euros dépensés pour l'organisation des événements par exemple, on bénéficie d'une UB. L'entreprise remplit ainsi son quota légal d'emploi de travailleurs en situation de handicap. "Dans un contexte de stratégies RSE déployées dans les entreprises, cet écosystème doit être mieux connu. La plupart du temps, les responsables achats sont étonnés par ce type d'explications qu'ils méconnaissent. Ce type de pratiques permet à la fois d'assumer ses obligations RSE et d'obtenir au bout du compte un avantage économique", estime Yann Le Coz.
Il est à noter par ailleurs que les acteurs du STAP sont tous implantés sur le territoire national. Le fait même que les directions achats passent commande auprès d'eux a un impact significatif sur l'empreinte carbone et participe au développement économique territorial. Il s'agit aussi d'une réponse à une problématique sociale : sur les quelques 3,5 millions de demandeurs d'emploi en France, 600 000 sont des personnes en situation de handicap, exclues de la vie professionnelle pour de mauvaises raisons. "Rappelons que l'efficacité RSE représente pour une entreprise le carrefour entre les critères sociaux, environnementaux et économiques. Nous sommes donc bien là dans une situation qui tient compte des 3 volets", ajoute-t-il.
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