Les grandes priorités des services achats en 2020
Réduction des coûts, relations fournisseurs, achats made in France et RSE, digitalisation, innovation, etc... quels sont les grands objectifs de la fonction en 2020 pour mieux servir les enjeux stratégiques de leur entreprise? Le point avec l'étude "Tendances et priorités des départements achats".
Je m'abonneL'édition 2020 de l'étude "Tendances et priorités des départements achats", réalisée par le cabinet AgileBuyer avec le CNA*, est sortie ce mardi, riche en enseignements. Premier d'entre eux: les objectifs de réduction des coûts client-fournisseurs sont au plus bas depuis 10 ans, même si ils restent forts. "Après 10 ans d'objectif de réduction des coûts, "seules 68% des directions achats admettent que la réduction des coûts est un objectif prioritaire en 2020. C'est le résultat le plus bas observé depuis 2011 (date de la première édition)", souligne Olivier Wajnsztok, directeur associé de AgileBuyer et grand chef d'orchestre de cette étude. "Cette tendance, complète-t-il, est appuyée par le fait que les bonus des directions achats dépendent de moins en moins des économies réalisées, au profit d'autres critères. La fonction achats prend une place de plus en plus stratégique au sein des entreprises. Une image de cost killer qui s'efface progressivement au profit de celle d'un créateur de valeur."
Autre fait marquant de l'étude : celui de la progression constante des achats Made in France avec des contraintes qui augmentent. "Désormais, l'Hexagone est également envisagé comme une zone de relocalisation pour les directions achats", remarque Olivier Wajnsztok, avant de pointer un autre élément mis en exergue par cette étude: "Les directions achats commencent aussi à faire face à un nouveau risque majeur : celui des faux fournisseurs".
Les chiffres-clés à retenir
- Les objectifs de réduction des coûts sont au plus bas depuis 10 ans- En 2020, "seules" 68% des directions achats admettent que la réduction des coûts est un objectif prioritaire. C'est le résultat le plus bas observé depuis 2011 (date de la première édition), soit 10 ans. C'est aussi 7 points de moins qu'en 2019. Désormais, la fonction est attendue sur autre chose que la simple réduction des coûts : risques, sécurisation des approvisionnements, localisation et collaboration intelligente avec les fournisseurs.
- Les arnaques aux faux fournisseurs : un risque majeur récent - C'est une nouveauté de l'enquête qui traduit parfaitement les préoccupations majeures des directions achats en 2020 : le sujet des faux fournisseurs. Sur les 12 derniers mois, 59% des directions achats ont mis en place des procédures pour éviter les faux fournisseurs.
- Acheter Made in France progresse, mais devient plus contraignant - Acheter français ne semble plus relever de l'anecdote ou d'une simple question d'image. C'est une tendance de fond qui s'impose. En 2020, pour 54% des directions achats le Made In France (ou les achats locaux) est un critère d'attribution du business. Un résultat qui est en constante évolution depuis 2017. Cependant, il devient plus difficile d'acheter français, selon l'enquête.
- La France est perçue comme une zone de relocalisation potentielle - La France devient en 2020, une zone de relocalisation envisagée autant (ou presque) que le reste des pays européens pour les entreprises qui réfléchissent à la relocalisation (c'est environ 1 sur 6, en progression). Si on compare aux résultats de 2019, la France était alors une option de relocalisation pour seulement 54% des entreprises françaises tandis que ses voisins européens recueillaient 73% de réponses favorables (soit une chute de 10 points en 2020 !)
- Acheter dans les pays à bas coût : moins d'indifférence, plus de "Pour" et plus de "Contre" - Nous observons une dualité dans les réponses : les directions achats cherchent soit à diminuer soit à augmenter leurs achats dans les pays à bas-coût. Ce sujet redevient un objet de réflexion de la stratégie achats. Ainsi, 21% des directions achats interrogées admettent vouloir augmenter la part des achats dans les pays à bas coût (2 points de plus qu'en 2019) tandis que 5% souhaitent les diminuer (3 points de plus qu'en 2019).
- Une performance achats de moins en moins évaluée en fonction des économies réalisées - C'est un fait notable : dans l'évaluation de la performance achats par l'entreprise à travers les bonus dont bénéficient les directions achats, on peut noter un changement important par rapport à 2019. Ainsi, en 2020, 18% des directions achats perçoivent des bonus sur des critères qui n'incluent pas les gains achats (contre 15% en 2019 soit une hausse de 3 points). Des résultats encourageants qui soulignent que la fonction achats prend une place de plus en plus stratégique au sein de l'entreprise.
"Des coûts à réduire avec intelligence, des risques toujours forts dans un environnement de guerre commerciale, la montée des achats locaux partout dans le monde et une approche moins sanguine et plus professionnelle : voilà en quelques mots les tendances des relations clients - fournisseurs pour 2020", salue Olivier Wajnsztok. Et, plus largement, met en exergue Jean-Luc Baras, président du CNA, "les achats continuent d'évoluer et participent comme acteur de premier plan à la transformation digitale des entreprises et du secteur public. Sollicités pour renforcer la performance, ils sont maintenant attendus sur l'innovation et les enjeux du développement durable. L'avenir devrait continuer à dévoiler une fonction au coeur des enjeux business des entreprises, véritable partenaire pour la création de valeur sur tous ses aspects."
Lire aussi : Les achats, fer de lance des politiques publiques ?
Lire tous les sujets traités dans le cadre de cette enquête:
Les achats se détachent (un peu) de la réduction de coûts
"Made In France" ou pays à bas coût : les achats à l'heure du choix
Les relations donneurs d'ordre-fournisseurs se rééquilibrent
La fonction achats accélère sa digitalisation
Les achats durables, une vraie préoccupation... mais pas une priorité
Les achats côté RH : une grande satisfaction et quelques désagréments
*Méthodologie - L'étude AgileBuyer - Conseil National des Achats (CNA), "Les priorités des Départements Achats en 2020", a été réalisée entre le 19 novembre et le 29 novembre 2019 via un questionnaire en ligne adressé à un panel ciblé de personnes exerçant dans les achats, tous secteurs confondus. 682 professionnels ont répondu à cette étude intégralement (la majorité des réponses partielles n'ont pas été prises en compte).
Le comité scientifique
Comme chaque année, AgileBuyer et le CNA se sont entourés d'un comité scientifique constitué de neuf personnalités des achats, "dont l'ensemble des compétences et connaissances apporte une expertise supplémentaire à l'étude "Les priorités des Départements Achats". Ses membres participent pleinement aux travaux de recherche, d'échanges et de publication autour de l'étude. Ils proposent notamment un certain nombre d'orientations, selon l'évolution des problématiques achats qu'ils peuvent rencontrer au quotidien, mais également en fonction des sujets qui font l'actualité du métier.
Composition du Comité scientifique : Jean-Luc Baras, président du Conseil national des achat; Eric Bouret, directeur des achats chez Bouygues Construction; Pierre Bourgoin, directeur des achats et logistique chez Vinci Construction France; Jean Bouverot, chef du service de l'achat, de l'innovation et de la logistique du ministère de l'Intérieur; Pascal Pelon, directeur des achats chez AXA France; Elisabeth Philippe, directrice des achats d'Agromousquetaires (pôle agroalimentaire du groupement des Mousquetaires); Sylvie Robin-Romet, directrice des achats du groupe Crédit Agricole; Emmanuelle Wallon, directrice des achats du groupe Clarins; Olivier Wajnsztok; directeur associé chez AgileBuyer.