"Les achats anticipent le déconfinement et le retour des salariés"
S'il est un produit qui va devenir essentiel pour permettre le retour des collaborateurs de l'entreprise dans leurs locaux, et qu'il faut donc acheter en prévision du déconfinement, c'est bien le masque, accompagné des autres produits sanitaires tels gants ou gel hydroalcoolique.
Je m'abonne"En France et en Allemagne, nous assistons à une explosion de demandes de produits sanitaires dans la perspective de la reprise du travail et des déplacements : masques, gants, produits désinfectants", commente Bertand Mabille, partner EPSA, mais "ces demandes sont devenues d'une très grande complexité tellement la demande est forte et à la main des fournisseurs dont la fiabilité est très variable."
Via son activité de marketplace, le groupe EPSA dispose d'un large panel de clients dans de nombreux pays tels que la France et l'Allemagne auxquels le groupe assure une prestation d'achat pour compte de tiers. C'est par ce biais que Bertrand Mabille observe les impacts de la pandémie du point de vue des achats, dans les deux pays et par secteur d'activité. Il en tire, pour l'heure, deux grands thèmes: "Dans les deux pays, deux phénomènes impactent actuellement la consommation des entreprises et qui pourraient avoir des conséquences durables sur certains secteurs d'activité. En premier lieu, il note que "le télétravail a réduit à néant les dépenses liées aux déplacements, aux réunions et aux séminaires". Il observe aussi que "les entreprises recentrent leurs dépenses sur ce qui touche très directement à leur activité et réduisent les dépenses jugées maintenant superflues." Les grandes "utilities" (telecom, eau, déchets, énergies, ...) sont quant à elles encore relativement peu affectées.
Les achats core business ne sont pour autant pas aisés car si les matières premières ne manquent pas réellement, dans la plupart des cas, c'est la logistique de leur acheminement jusqu'aux sites de transformation qui s'avère délicat. "La réduction des moyens de transport crée des difficultés car les matières premières sont souvent importées", constate Bertrand Mabille. Lesquelles difficultés sont plus ou moins grandes selon les secteurs d'activité. La chimie et la santé, ajoute-t-il, sont notamment très impactés.
Achats de produits sanitaires
En toute logique, la demande la plus forte actuellement concerne les produits sanitaires. "Les achats anticipent le déconfinement et le retour des salariés qu'il va falloir équiper avec des masques, des gants et du gel hydroalcoolique", commente Bertrand Mabille. Les entreprises cherchent aussi à se procurer des thermomètres sans contact. Aux difficultés de savoir quel type de masque adopter en fonction de l'activité - "selon le métier, le besoin en masque n'est vraiment pas le même. Pour certains, les masques réutilisables en tissu seront tout à fait adaptés mais pour d'autres, il faut des masques à usage unique" - et, bien évidemment de s'approvisionner, s'ajoute celle d'anticiper les futures normes dictées par les pouvoirs publics.
Pour l'heure, Epsa s'approvisionne essentiellement en Chine auprès de fournisseurs "qualifiés par notre bureau de Shangai" qui "vérifie que leur production est de qualité et conforme aux normes demandées en France, mais aussi qu'ils sont capables de produire en temps et en quantité". Reste ensuite à gérer le dédouanement. "Les procédures sont complexes et aléatoires", déplore Bertrand Mabille. Difficile pour autant de se passer de la Chine, tant pour les masques à usage unique que pour les masques réutilisables. Et le 100% made in France n'est pas envisageable pour l'instant.
Car si une partie du tissu industriel française a bien réorienté son activité, et que la production a beaucoup augmenté, elle ne répond pas encore à la demande qui reste très élevée et tend à augmenter du fait de la perspective du déconfinement. En outre, "les entreprises françaises privilégient pour l'instant les services de santé, ce qui est normal". "L'industrie textile française, qui produit des masques en tissu monte effectivement en puissance mais il faudra probablement conserver un mix entre masques à jeter et masques réutilisables". Et vu les volumes qui vont être requis lorsque tous les actifs auront repris la bride, aucun fournisseur n'est en trop...
Quant aux prix... "Nous avons, au tout début de la pandémie, assisté à une bulle spéculative sur les masques à usage unique, mais à présent, ils se sont normalisés. Il ne faut pas écarter la probabilité qu'ils repartent à la hausse corrélativement au déconfinement", explique Bertrand Mabille.