Le digital au service des achats responsables
De plus en plus d'organisations achats se mobilisent face aux enjeux de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), et plus globalement pour améliorer leur maitrise des risques fournisseurs. Les solutions digitales spécialisées permettent aujourd'hui d'aborder efficacement cette problématique.
Je m'abonneLes choix technologiques des grandes plateformes d'e-commerce, notamment celles ciblant le monde professionnel, préfigurent souvent les tendances à venir sur le marché du digital achats. Aussi, le filtrage de « produits certifiés durables » proposé depuis quelques mois par Amazon Business, après la fonctionnalité « fournisseurs locaux préférés » en Europe, confirme le poids croissant des critères de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans les processus de sélection des fournisseurs et leur prise en compte progressive dans les solutions spécialisées. Autre exemple d'acteur de l'e-commerce professionnel engagé dans cette voie, le groupe Manutan. Le distributeur spécialisé dans les équipements et les fournitures pour les entreprises et les collectivités, a développé une approche permettant aux acheteurs de choisir des produits selon leurs impacts environnementaux et sociaux. Depuis quelques mois également, les acheteurs ont la possibilité de filtrer leurs recherches en fonction des 5 types d'impacts correspondant à leurs priorités, à savoir : préservation des ressources, réduction des déchets, limitation de l'empreinte carbone, santé et bien-être des utilisateurs, inclusion sociale.
Des exigences plus élevées et une pression règlementaire
C'est en suivant la même logique que certains éditeurs de solutions digitales achats se sont aujourd'hui saisis du sujet. Il faut dire que de plus en plus d'organisations sont aujourd'hui sensibles à ces enjeux RSE, et font ainsi le choix d'intégrer des fonctionnalités dédiées au sein de leur système d'information achats. Pourquoi cet emballement ? Par conviction, d'abord, dans un contexte où l'accélération des perturbations (changement climatique, guerres et crises géopolitiques, pandémies, etc.) a déclenché une prise de conscience de l'opinion publique et des entreprises.
Deux autres facteurs expliquent la demande croissante des entreprises pour des outils de gestion de la RSE : les exigences toujours plus élevées des investisseurs - en lien avec l'image de l'entreprise - et des clients d'une part, et surtout la multiplication des obligations réglementaires d'autre part. La pression liée à ces dernières ne cesse de s'accentuer, principalement depuis les Lois Grenelle de 2009-2010 et jusqu'aux toutes récentes directives CSRD et CSDD de l'Union européenne, qui apportent de nouveaux outils de reporting extra-financier pour améliorer l'information liée aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). L'évaluation de la démarche RSE sur la base de ces trois groupes de critères vise plus précisément la protection des ressources naturelles, la diminution de l'émission de polluants notamment des gaz à effet de serre, le positionnement en faveur des politiques d'inclusion et d'égalité, le maintien d'une conduite éthique, avec des mécanismes de lutte contre la discrimination, la corruption et le harcèlement.
Agrégation et diffusion des informations RSE dans les processus
Pour les directions des achats, choisir entre des pratiques favorisant la durabilité versus les objectifs de gains financiers est une stratégie dépassée. Combiner les deux objectifs, en intégrant au sein des activités opérationnelles d'achat des décisions et actions favorisant la RSE devient incontournable, tout comme le recours à des soutions digitales pour optimiser cette double approche. D'ailleurs, selon dernier rapport « Chiffres clés e-commerce 2023 » de la Fédération e-commerce et vente à distance (Fevad), la réduction de l'empreinte environnementale des achats fait partie des trois principaux bénéfices de la digitalisation constatés depuis deux ans par les entreprises.
Dans les systèmes d'information achats, la prise en compte de la RSE s'opère à plusieurs niveaux. En connexion avec les plateformes règlementaires, les solutions digitales assurent d'abord un suivi des textes, pour prendre en compte les nouvelles obligations légales. Elles facilitent aussi l'agrégation des informations liées aux enjeux RSE dans un unique « cockpit » pour les partager à l'ensemble des parties prenantes concernées et assurer leur diffusion dans les processus opérationnels (sourcing, appels d'offres, contractualisation, commandes, etc.) et stratégiques (définition de la stratégie, évaluation des fournisseurs, etc.).
Un rôle essentiel des systèmes d'information achats consiste également à rapatrier et à enrichir les informations fournisseurs relatives aux multiples facettes de la RSE, pour privilégier des partenaires commerciaux et des produits conformes aux obligations réglementaires et aux exigences de la politique de l'entreprise dans ce domaine. Ce travail de consolidation et d'enrichissement des données s'effectue à partir d'autres systèmes internes, directement auprès des fournisseurs ou, de plus en plus souvent, à partir de bases de données externes fournies par des tiers spécialisés à cette fin.
Dans cet objectif, certains éditeurs ont noué des partenariats avec des prestataires fournisseurs de données RSE, de notation ou de certifications en développement durable. Les plus importants couvrent la plupart des catégories d'achats, mais il existe également de nombreuses plateformes spécialisées par lignes de produits, par exemple sur le marché des technologies de l'information. En complément, de multiples start-up apportent une réponse à une problématique ciblée, en matière de réutilisation, de valorisation des déchets ou encore de maîtrise de l'empreinte environnementale alors que les enjeux de décarbonation montent en puissance depuis quelques années. Désormais, en se dotant de « simulateur carbone » ou en se connectant aux bases de données d'émissions de CO2 (Ademe, Exiobase, etc.), les solutions digitales peuvent aussi aider les acheteurs à optimiser les transports, réduire leur impact carbone, et maîtriser les consommations énergétiques de l'entreprise. Pour aider les entreprises à gérer efficacement les enjeux RSE aux achats, et en particulier les risques fournisseurs, les solutions digitales spécialisées permettent d'agréger facilement les données issues de sources multiples et de mettre en place des indicateurs permettant de suivre la conformité.
A propos de l'auteur
Pour aller plus loin : Bertrand Gabriel est président fondateur d'Acxias, agence spécialisée dans l'optimisation et la transformation digitale des achats, des approvisionnements et de la comptabilité fournisseurs avec des solutions et technologies de pointe. Avant de fonder Acxias, en 2007, Bertrand a travaillé chez Toshiba au Japon, Eclatec, Altran et chez Usinor devenu Arcelor puis ArcelorMittal en 2006. De formation initiale Ingénieur Insa Mathématiques appliquées, titulaire d'un Master recherche en analyse des modèles stochastiques et théorie du contrôle, il a également un diplôme Executive Insead Blue Ocean Strategy.