La digitalisation des achat, synonyme de transformation des processus
Le développement des nouvelles technologies a imposé aux directions achats de revoir leurs modèles structurels et a impliqué de facto la refonte globale de leur organisation. Pour 60% d'entre elles, la mise en place d'une stratégie digitale apporte de la valeur ajoutée aux achats et à l'entreprise.
Je m'abonneDeloitte, qui suit les évolutions et tendances liées à la digitalisation des directions achats à travers le monde depuis 8 ans, vient de sortir l'édition 2019 de son étude CPO Survey*. Laquelle révèle, qu'en France, la réalisation d'économies et l'efficacité opérationnelle demeurent les priorités des directions achats qui voient également la digitalisation de leur fonction comme un moyen d'améliorer la performance globale de l'entreprise.
L'efficacité, un enjeu majeur
Si la priorité numéro 1 des départements achats reste la réalisation d'économies, l'étude pointe l'intérêt croissant porté à l'efficacité opérationnelle (70%), suivi de la satisfaction client (46%) et de l'innovation (36%).
Les décideurs achat s'imposent désormais comme les partenaires stratégiques fiables de la direction générale en contribuant activement à la performance globale de l'entreprise. 94% des répondants déclarent ainsi avoir maintenu voire accru leur contribution aux résultats de leur société. A cet égard, le périmètre de la fonction achat s'élargit et les équipes interviennent désormais sur des sujets stratégiques tels la gestion des risques ou le développement de nouveaux produits avec une recherche constante d'efficacité opérationnelle.
Développer les partenariats avec les fournisseurs : un levier stratégique, créateur de valeur ajoutée
Pour répondre à ces objectifs et à un périmètre d'actions étendu, les stratégies mises en place ont évolué vers une dynamique de rapprochement accru avec les fournisseurs.
Concrètement, 40% de directions des achats misent aujourd'hui sur l'intensification de ces partenariats pour atteindre leurs objectifs. 72% d'entre elles entendent ainsi créer des relations de confiance basées sur le principe du donnant-donnant pour améliorer leur niveau d'innovation. À cette fin, l'identification de partenaires stratégiques est une priorité pour 56% des directions des achats. On assiste ainsi à l'utilisation de leviers qui reposent sur la collaboration, par la recherche de partenariats, aussi bien au sein de l'entreprise qu'en externe. Pour exercer leurs métiers traditionnels, les directeurs des achats s'appuient notamment sur des partenariats avec les start-up. Cette tendance laisse à penser que l'innovation et la collaboration sont amenées à prendre de plus en plus de place dans les prochaines années.
2019 signe l'accélération digitale des achats
Le développement des nouvelles technologies a imposé aux directions achats de revoir leurs modèles structurels et a impliqué de facto la refonte globale de leur organisation. Pour 60% d'entre elles, la mise en place d'une stratégie digitale apporte de la valeur ajoutée non seulement à leur service mais également à l'entreprise.
Pour les directeurs des achats, la digitalisation de la fonction doit servir plus d'efficacité (60% des répondants), mais aussi améliorer l'expérience utilisateur (56%), l'engagement des collaborateurs (48%) et la rentabilité (42%).
La digitalisation des achats est synonyme de transformation partielle ou totale des processus, le Procure to Pay s'avérant sans conteste le process achat le plus digitalisé en 2019. Quant à l'utilisation de la Data Analytics, elle sert principalement un objectif d'efficacité (pour 44% des répondants), devant la réduction des coûts, l'optimisation du portefeuille fournisseurs et l'amélioration de l'approvisionnement.
L'étude souligne par ailleurs que l'intérêt de la data dans le cadre du reporting a fortement diminué en 2019 (14% vs 42% en 2018).
Enfin, la gestion des risques fournisseurs sera probablement le processus le plus impacté par la digitalisation dans les 5 prochaines années.
Une montée en puissance de la robotique (RPA)
D'une manière générale, le degré d'adoption des technologies au sein des organisations achats demeure globalement faible. Seule la robotique semble réellement tirer son épingle du jeu, et continue d'évoluer par rapport à l'année dernière. Plébiscitée par les directions des achats, la robotique est déployée à grande échelle par 8% des répondants, en pilote chez 24% et en cours de réflexion chez 38% d'entre eux. L'étude souligne une nette avancée de cette technologie sur les autres, ainsi qu'une augmentation de son taux d'adoption. 25% seulement des répondants l'avaient déployée ou testée en 2018 contre 32% aujourd'hui.
L'attrait pour l'impression 3D progresse également avec 6% des répondants l'ayant déployée à grande échelle et 18% testant un pilote, contre respectivement 5% et 6% l'an dernier. A contrario, on remarque une diminution du taux d'utilisation de l'analyse prédictive, adoptée par 16% des CPOs l'année passée contre 4% cette année. De même, l'implémentation de la réalité augmentée, de l'IA et de la Blockchain n'apparaît pas comme une alternative viable à court terme : 60% des répondants n'ayant toujours pas entamé de réflexion autour de ces sujets.
"La recherche d'efficacité opérationnelle s'impose comme le moteur principal de la digitalisation de la fonction achats. Si on observe une accélération du digital au coeur de ces départements, la vision du modèle opératoire associé reste encore à construire. Cette transformation devra d'abord passer par une vision, des objectifs clairement définis et une stratégie globale pour l'ensemble de l'entreprise", commente Meissa Tall, associé, responsable de la ligne de services Manufacturing & Services et de l'offre Sourcing & Procurement chez Deloitte.
*Méthodologie : étude réalisée en France, sur la base d'un questionnaire auto-administré en ligne, entre février et mars 2019, auprès de 50 CPOs exerçant dans divers secteurs économiques. Plus d'infomrations: cliquer sur les liens suivants:
DRAFT_CPO_Survey_May19_vdef.pdf