[Billet d'humour] Parle à ma main, le retour
Un monde parfait où les acheteurs seront remplacés par des plateformes "Amazon-like", où des logiciels robots-acheteurs "crawleront" le Web à la recherche des meilleurs fournisseurs, et où des chatbots multilingues seront leurs interfaces... Les Chevaliers de l'Apocalypse des Achats...
Je m'abonneComme disait notre bon vieux Sully : agilité et désintermédiation sont les deux mamelles de la transformation numérique. En effet, à quoi bon utiliser foultitude de magasins physiques quand on peut commander "on line" ? A quoi bon avoir un système monétaire et des banques quand on peut être soi-même sa propre banque en crypto-monnaie ? A quoi bon commander et stocker des pièces "sur plans" quand on peut les imprimer en 3D sur demande, en veux-tu en voilà ?
Agilité et désintermédiation... Pour l'agilité, nous autres acheteurs, on est bien servis, avec nos paradigmes de référencement fournisseurs datant de l'automobile des années 80... Pour l'intermédiation, c'est encore pire, puisque c'est l'essence de notre métier de jouer les intermédiaires entre les fournisseurs et notre entreprise. Alors, on peut légitimement se poser la question : sommes-nous une espèce en voie de disparition ?
O lecteur, je vois que tu sais de quoi je parle : un monde parfait où les acheteurs seront remplacés par des plateformes "Amazon-like", où des logiciels robots-acheteurs "crawleront" le Web à la recherche des meilleurs fournisseurs, et où des chatbots multilingues seront leurs interfaces... Les Chevaliers de l'Apocalypse des Achats, et même pas un seul Néo pour les contrecarrer ! Un monde tellement parfait qu'il en serait presque divin pour nos clients internes (pour le coup, sans majuscules).
Sur la divinité du système, Averroès nous a (légèrement) précédé dans ses travaux sur le paradoxe de l'omnipotence : "Dieu peut-il créer une pierre si lourde qu'il ne puisse pas lui-même la soulever?" S'il le peut, il cesserait d'être tout-puissant puisqu'il ne peut pas la soulever. S'il ne le peut pas, c'est qu'il n'est pas tout-puissant non plus ! Damned ! Traduit en achats, cela donnerait : "Est-ce qu'un Robot Acheteur pourrait être tellement parfait qu'il ne puisse plus s'améliorer ?"
Thomas d'Aquin a, pour sa part, déjà bien aimablement résolu la question au XIIIe siècle, à une époque où les mots "start-up" et "garages" n'avaient pas encore été inventés : la réponse est sémantique. Le Robot Acheteur n'existera pas avant belle lurette, car la fonction se sera transformée d'ici là. Dans 10 ans, 20 ans, le terme "acheteur" désignera autre chose... Mais quoi ? On ouvre les paris (en BitCoins, bien sûr).
Par Firmin de Montalembert.... un directeur achats Groupe anonyme, qui dissimule généralement son espièglerie sous un masque de grand sérieux
Lire les précédentes chroniques de Firmin:
Les feuilles mortes des contrats se ramassent à la pelle
Décomposez, décomposez, il en restera toujours quelque chose
Ma stratégie est plus grosse que la tienne
La couverture: on préférerait parfois être sous la couette !
Une couverture: c'est pour rassurer, comme les doudous?