Acheteurs : et si vous misiez sur les quartiers dits sensibles?
Si les achats auprès du secteur protégé sont devenus monnaie courante, qu'en est-il des achats auprès d'entreprises sur des territoires fragiles? Pour accélérer le mouvement, des fonds d'investissements comme Impact Partenaires mettent en relation acheteurs et entrepreneurs des quartiers sensibles.
Je m'abonne"Ce qui a été fait dans le domaine des RH notamment sur les questions liées à la diversité doit inspirer les achats", explique Mathieu Cornieti, président d'Impact Partenaires, fonds d'investissement à vocation sociale. En d'autres termes, faire du sourcing solidaire en achetant auprès d'entreprises non seulement du secteur adapté (ESAT ou EA) mais aussi auprès d'entreprises d'insertion ou implantées dans des territoires fragiles ou dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).
A cet effet, Impact Partenaires a lancé le 13 avril dernier, la 2e édition de la tournée des achats impactant avec Epsa groupe, cabinet de conseil en achats. Ce format original de speed meetings a permis d'organiser la rencontre entre les grands groupes et des entreprises implantées dans des territoires fragiles (quartiers, ruralité, outremers), des entreprises adaptées ou encore des entreprises d'insertion.
A l'encontre des préjugés
Impact Partenaires est né suite aux émeutes urbaines de 2005 à Clichy-sous-Bois. "L'idée est d'aller trouver des entrepreneurs dans les quartiers sensibles. Car au final, cela représente 8% de la population française. et 1500 QPV de la politique de la ville", souligne son président. Avec un taux de chômage atteignant parfois 50%, "soit plus du double de la moyenne nationale, il faut aller à l'encontre de beaucoup de préjugés", poursuit Mathieu Cornieti. Aujourd'hui, Impact Partenaires bénéficie du soutien de BPI France, de Caisses du Crédit Agricole, de BNP Paribas ou encore d'Axa.
Le fonds affiche 110 millions d'euros sous gestion, plus de 424 emplois dans les quartiers ou encore 32 entreprises accompagnées. Impact Partenaires investit de 100 000 à 4 millions d'euros dans le capital. "Ce n'est pas seulement de l'argent car cela permet surtout de changer d'échelle", insiste Mathieu Cornieti. Ainsi, le but du fonds d'investissement est aussi de donner une meilleure visibilité commerciale aux entreprises et d'offrir des solutions pour faire travailler ensemble ces publics différents. Car, "Au-delà de l'effet grand groupe, cela permet de valoriser les entreprises en ayant une référence commerciale".
Il en est certain : "Quand on parle RSE; au-delà des achats auprès du secteur protégé, les acheteurs des grands groupes sont très demandeurs d'autres solutions comme celles des entreprises sur des territoires fragiles".