« La fonction achats doit devenir un partenaire financier et business »
Selon Éric Salviac, directeur chez Advisory et co-auteur de l'ouvrage Performance et création de valeur de la fonction achats - Maîtrise des risques et pilotage financier, la fonction achats doit devenir un un partenaire financier et business à part entière. Interview.
Je m'abonnePourquoi affirmez-vous dans votre ouvrage que la fonction achats porte un enjeu stratégique au sein de l’entreprise ?
Éric Salviac : Tout d’abord parce que la fonction achats gère un montant de charges directes très important, qui peut atteindre 70 % du CA selon les secteurs avec un impact fort sur les marges opérationnelles et le cash (BFR). Ensuite parce qu’elle accompagne les mouvements de recentrage sur le cœur de métier de l’entreprise, avec la nécessité de mettre en œuvre une politique achats optimale (délocalisation, externalisation, outsourcing, “fabless company”*).
La fonction achats agit sur l’ensemble de la chaîne de valeur, via notamment l’innovation et le pilotage de la relation fournisseur, tout en portant un enjeu financier fort dans les prix de revient.
Quels sont pour vous les principaux objectifs à atteindre pour les directions achats ? Quels axes de travail majeurs proposez-vous aux directeurs achats pour améliorer la performance ?
Les directions achats doivent désormais devenir des “Financial & Business Partners” en contribuant significativement à la formulation de la stratégie, au pilotage financier, à la maîtrise des risques encourus et à la création de valeur de l’entreprise.
Pour y parvenir, les dirigeants et les managers de la fonction achats doivent aborder et gérer la complexité accrue des enjeux stratégiques, économiques et humains auxquels sont confrontées leurs directions générales et qui, de fait, s’imposent aussi à eux. Selon nous, les principaux axes de travail pour les achats sont donc les suivants :
- intégrer les préoccupations financières et les risques à la stratégie de l’entreprise,
- élaborer le dispositif économique et opérationnel des achats (phase opérationnelle),
- anticiper, mesurer et piloter la performance financière de ce dernier (phase de déploiement).
Interview reproduite avec l’aimable autorisation de Alumni Connection d’Ernst & Young.
(*) Fabless (without fab, “sans fabrication”) : ce terme se rapporte à une méthode de business d’outsourcer la fabrication des wafers de silicium, que des centaines de fabricants de semiconducteurs ont adoptée. Les entreprises fabless se concentrent sur la conception, le développement et le marketing de leurs produits et forment des alliances avec les fabricants de wafers de silicium ou des fondeurs. Le modèle fabless est une option séduisante et populaire pour de nombreux producteurs de semiconducteurs. En adoptant cette stratégie, une société peut concentrer son temps et ses ressources sur la conception de circuits intégrés innovants tout en évitant les coûts élevés induits par la construction, l’exploitation et la modernisation d’une installation de production.