Les achats, fer de lance de la RSE en entreprise
Selon le baromètre RSE de Wavestone, les achats représentent une des fonctions les plus avancées en matière de transformation RSE de l'entreprise. La publication des premiers résultats de cette étude fut l'occasion pour Décathlon, une des entreprises répondantes, de partager ses initiatives en matière de décarbonation.
Je m'abonneCôté RSE, les achats font figure de bons élèves puisqu'il s'agit du métier le plus avancé en matière de transformation RSE, selon le baromètre Wavestone, publié à l'occasion du sommet international ChangeNow qui s'est tenu du 25 au 27 mai 2023 à Paris. "Cette fonction a non seulement déjà défini des objectifs mais a aussi commencé à faire évoluer ses processus et à faire monter en compétence ses collaborateurs", commente Juliette Saincy, responsable développement durable chez Wavestone. Dans ce cadre, le cabinet de conseil Wavestone a dévoilé en exclusivité les premiers enseignements de son baromètre RSE* (dont les résultats complets seront publiés fin juin) lors d'une table ronde intitulée : "La RSE, nouveau moteur de la transformation des entreprises". L'étude révèle que la maturité RSE est assez disparate entre les différentes fonctions de l'entreprise. A contrario, l'enquête révèle que certaines fonctions restent à la traîne en matière de RSE, comme la finance et le SI. Pourtant, la RSE a pris du galon ces dernières années au sein des entreprises, et est désormais considérée comme très stratégique. A titre d'exemple, 83 % des entreprises répondantes ont intégré la fonction RSE au Comex.
Réduire les émissions de scope 3
Pour illustrer ces résultats, Isabelle Guyader, la directrice du développement durable chez Décathlon, a notamment été invitée à partager son expérience. "Chez Décathlon, nous avons d'abord mis l'accent sur la formation RSE de certains métiers clés comme les acheteurs et les ingénieurs métiers. Nous avons beaucoup d'acheteurs formés aux pratiques d'achats responsables", informe-t-elle. Cette montée en compétence s'est traduite en résultats concrets pour le groupe. "Aujourd'hui, un produit sur trois passant en caisse est éco-conçu", se félicite la directrice du développement durable. Décathlon axe notamment ses efforts sur son scope 3, qui représentent la majorité de son empreinte carbone. "Nous pourrions penser que la majorité de nos émissions de scope 3 émanent des transports, or ils ne constituent que 3 % de ces dernières. Elles proviennent majoritairement de l'énergie utilisée pour passer de l'extraction des matières premières à un produit fini", détaille Isabelle Guyader. De fait, le groupe collabore avec ses fournisseurs dans le monde entier pour les aider dans leur stratégie de décarbonation. "En 2022, 44 % de l'énergie consommée pour fabriquer nos produits était d'origine renouvelable", révèle Isabelle Guyader.
Développer des modèles d'économie circulaire
Pour autant, Décathlon a encore de nombreux défis à relever. "Nos leviers de décarbonation nous ont permis de réduire notre volume d'émissions de CO2 l'an dernier alors que nous avons enregistré une croissance du chiffre d'affaires. Mais cet effet est temporaire et nous finirons par atteindre une limite", admet Isabelle Guyader. De fait, l'enseigne spécialisée dans le sport planche sur d'autres leviers, notamment sur des solutions liées à l'économie circulaire, comme la réparation, la location et la seconde vie. Des sujets qui, là encore, concernent les achats. "Mais ils ne sont pas simples à mettre en oeuvre, notamment dans le contexte réglementaire et international actuel", pointe Isabelle Guyader.
*Le baromètre RSE de Wavestone a été réalisé en avril 2023 via l'envoi de questionnaires. Il a recueilli 134 réponses provenant majoritairement de grandes entreprises. Sept entretiens qualitatifs ont été effectués en complément auprès du Crédit Agricole, d'EDF, de Décathlon, du Club Med, d'Axa, de la RATP et de Carrefour.