[Tribune] Achats inclusifs, le jeu en vaut la chandelle
Il y a un certain panache, pour les acheteurs, à se lancer dans cette démarche d'achats inclusifs.
Je m'abonneIl est souvent complexe de distinguer les achats inclusifs, les achats solidaires, les achats socialement responsables. Si l'on reprend les définitions de l'AFNOR dans son document intitulé « Achats solidaires : guide opérationnel et bonnes pratiques », les achats solidaires, sont des achats réalisés auprès des acteurs des secteurs de l'insertion et du handicap, et plus largement des acteurs de l'économie sociale et solidaire. La politique RSE-RSO générale, établie et objectivée de l'organisation est le point d'entrée classique. De cette politique découle généralement une ou plusieurs actions consacrées aux achats responsables, avec un impact sur le volet environnemental, économique et/ou social. Au sein des achats socialement responsables, trois piliers distincts : les entreprises de l'économie sociale et solidaire (ESS), le commerce équitable et la diversité. Les structures de l'ESS bénéficient d'un cadre juridique renforcé par la loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014, dite Loi Hamon, relative à l'économie sociale et solidaire. Au coeur des achats solidaires en lien avec l'ESS, se nichent les achats inclusifs en lien avec le secteur du handicap. Dans la myriade des sigles se distinguent les Entreprises Adaptées (EA), les Établissements et Services d'Accompagnement par le Travail (ESAT), les Travailleurs Indépendants handicapés (TIH), les Entreprises Adaptées de Travail Temporaire (EATT) ; en lien direct avec l'insertion par l'activité économique. L'apparente complexité des termes peut créer des réticences. Souvent méconnus, peu sourcés et parfois générateurs de préjugés, les achats inclusifs sont très variés, des achats de production aux achats de services.
Concrètement, comment réaliser des achats inclusifs en lien avec le handicap ?
C'est très simple, il s'agit de permettre à des personnes en situation de handicap de travailler, seules, en structure médico-sociale ou en entreprises. Pour quels types d'achats : tous types d'achats de biens et de prestations de service. La filière s'organise, se structure, communique et il existe aujourd'hui plusieurs réseaux professionnels qui permettent d'avoir un regard éclairé sur le secteur, parmi lesquels HANDECO, GESAT, APF ENTREPRISES. Le secteur mérite de se structurer un peu plus, notamment dans l'accès aux services proposés, les codes sont différents des achats plus classiques, cela peut être considéré comme un frein pour l'acheteur. L'équation est pourtant assez binaire, réaliser des achats inclusifs en lien avec le handicap permet in fine de transposer l'acte d'achat en nombre d'emplois pérennes créés ou maintenus. Ce sujet achats est peu traité entre pairs. Il y a pourtant un certain panache, pour les acheteurs, à se lancer dans cette démarche qui répond à la double injonction parfois contradictoire, à savoir de réaliser des achats performants économiquement, juridiquement et responsables. Réaliser un sourcing responsable et engagé, créer un projet commercial efficient, prend du temps. Le jeu en vaut la chandelle pour ceux qui ne reculent pas devant la nébuleuse des achats inclusifs.
A propos de l'auteur:
Aurélie Dognon est actuellement Directrice Achats, de la RSE, de la Politique Immobilière et des Services généraux à l'AFP (Agence France Presse). Elle occupait avant ce poste, la direction des achats d'APF France Handicap.