Les recrutements sont à la hausse sur la fonction achats et, corollaire, les salaires aussi
Une étude Robert Walters fait apparaître une hausse de 9% du volume d'offres d'emplois des cadres des fonctions achats et logistiques (9%) sur les trois premiers trimestres 2017. A quoi est due cette hausse? L'éclairage de Romain Doutre, senior manager chez Robert Walters.
Je m'abonneSur les trois premiers trimestres 2017, le volume d'offres d'emploi des cadres en France a progressé de 11% par rapport à la même période en 2016, tous secteurs confondus, indiquait récemment la 16e édition du baromètre européen de l'emploi Robert Walters. L'étude se penchait notamment sur les achats et la supply chain et indiquait que : "Bénéficiant de la croissance du volume d'offres des fonctions achats et logistiques (9%), les métiers de la supply chain continuent leur professionnalisation. Ils profitent d'un contexte de mutation des schémas de gestion de supply chain toujours plus complexes et internationaux dans l'industrie, ainsi que dans le retail. L'explosion de l'innovation, en particulier dans le secteur des objets connectés et de l'électronique en général, a par ailleurs renforcé la nécessité pour les sociétés de se doter de services achats compétents et internationaux encourageant encore davantage les besoins en achats et logistique".
Si le volume d'offres d'emploi sur la fonction de directeur des achats est resté stable (+1%), celles qui ont particulièrement porté la croissance du secteur en volume d'offres sont les fonctions d'acheteurs et category managers (+14%) et les fonctions de responsable logistique et chefs de projets (+6%)." L'éclairage de Romain Doutre, senior manager chez Robert Walters.
Comment expliquez-vous cette hausse du nombre d'offres d'emploi?
Les recrutements sont à la hausse sur la fonction achats et, corollaire, la tendance est aussi à la hausse sur les salaires. Plusieurs raisons à cela, parmi lesquelles une tendance à la professionnalisation des acheteurs. Auparavant, la fonction réunissait des profils hyper-variés. C'est moins le cas à présent. Et la professionnalisation s'accompagne, fort logiquement d'une hausse des salaires. La professionnalisation tient à des tendances de fond que sont la différenciation des industriels français par l'innovation et l'internationalisation des fournisseurs.
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Toutes les entreprises sont-elles concernées ?
Je distinguerais ce qui se passe dans les petites entreprises et dans les grandes entreprises. Dans la famille des petites (et j'inclus les startups), il y a de nombreuses activités qui se créent au niveau du digital, de l'IA et de la robotique. Il s'agit de domaines hyper-techniques mais on a peu de fabricants d'électronique en France: il faut aller acheter les composants à l'international. Et les entreprises ont besoin de bien acheter, et donc besoin de compétences... Les professionnels des achats avec des expertises très techniques sont demandés.
Au sein des grands groupes, après des années où l'on a assisté à l'implantation d'entités dédiées à l'innovation à l'étranger, on assiste désormais à un revirement. Les entreprises se sont rendues compte que la délocalisation a un coût important et qu'elle n'est pas simple, notamment en ce qui concerne la R&D et l'innovation. Il est difficile d'innover sur des marchés éloignés de ceux sur lesquels on vend. Il est également compliqué d'innover avec des gens qui n'ont pas la même culture. Dans les années 2005 à 2015, les entreprises ont beaucoup rapatrié l'innovation car c'est avec l'innovation que les entreprises font la différence sur leur marché. Elles ont re-concentré en France des compétences sur la R&D et l'innovation. Les achats ont donc dû se professionnaliser et chercher des compétences pour soutenir la croissance de l'entreprise.
Dans le luxe et la cosmétique également, on travaille beaucoup sur le digital pour développer des applis, faire du développement, ce qui nécessite des acheteurs avec un haut niveau d'expertise.
Les profils les plus recherchés sont les acheteurs de matières premières, de produits hi-techs et capables d'acheter à l'international.
La fonction achat devient, logiquement, très stratégique...
La fonction achat se repositionne comme hyper-stratégique. Elle est donc davantage valorisée en termes de rémunération. Nos éléments concernant les rémunérations seront dévoilés en janvier lors de notre prochaine étude de rémunération.
Et qu'en est-il de la supply chain? Quelles sont les tendances de fond?
La professionnalisation des métiers de la supply chain se poursuit dans de nombreux secteurs, permettant aux ingénieurs avides de projets et de complexité de s'épanouir. Les nouveaux modes de commande, de livraison, d'acheminement ont ouvert le champ des possibles au sein des entreprises qui ne ratent pas l'occasion d'intégrer de nouveaux ingénieurs pour piloter ces thématiques.
Quels métiers sont les plus recherchés?
Chefs de projets supply chain et Business Process Owners.