RSE: 7 clés pour engager la transformation
Le chemin de la RSE est long et semé d'embûches. Didier Livio, associé Deloitte Développement Durable, revient sur l'avancée des pratiques RSE des entreprises et présente ses bonnes pratiques pour engager la transformation de manière concrète.
Je m'abonneEn matière de RSE, les entreprises n'ont jamais fait autant. C'est le constat, plutôt encourageant, délivré par Didier Livio, associé Deloitte Développement Durable, à l'occasion du New Retail Forum organisé jeudi dernier par le Club Génération Responsable. À l'image de ce cercle réunissant de grands groupes du retail désireux d'échanger et progresser sur leur stratégie RSE, cette dernière progresse et intègre de plus en plus la stratégie d'entreprise. Le scope 3 n'est plus contesté et les équipes dédiées au développement durable ainsi que les budgets augmentent, en même temps que le sujet arrive dans les comex. "La COP21 a joué un rôle de déclencheur, surtout auprès de la finance qui s'y est mise", explique Didier Livio. Enfin, le curseur bouge entre concurrence et confraternité. Dorénavant, la tendance est à la coopération au sein d'un même secteur d'activité, pour mutualiser ou encore discuter sur le partage de valeur de la filière. Mais ce n'est pas suffisant.
Des efforts sont encore à fournir
92% des cours d'eau de la planète sont aujourd'hui pollués, entre les années 1970 et 2010 58% d'espèces de vertébrés ont disparu... Des chiffres flagrants qui doivent pousser à aller plus vite dans la démarche de responsabilisation, sur les matières premières mais aussi sur le plan social. Au moins deux urgences sont à identifier. D'abord, le déploiement, en allant chercher le nouveau geste professionnel et en animant sa transformation. Cela signifie définir des objectifs de durabilité dans le détail et les animer sur le long terme, sans en perdre l'habitude. Cette démarche requiert l'adoption d'un outil, la désignation d'un corps social d'animateurs, ainsi que des labels. La deuxième urgence, c'est de changer de modèle économique, pour créer la préférence de marque et sécuriser l'approvisionnement. "C'est le combat économique de demain. Il faut se donner 10 ans mais s'y mettre sérieusement", insiste Didier Livio.
Des actions non négociables sont à mettre en place
Didier Livio identifie au moins 7 points pour engager la transformation. "Ils ne doivent pas être négociables", prévient-il. Les voici:
1. Quel que soit le métier/secteur d'activité, sortir entièrement des achats de ressources naturelles et se diriger progressivement vers l'économie circulaire.
2. Être neutre en carbone, en mettant en place des démarches de compensation dans les filières et en limitant le résidu incompressible.
3. "Dézoomer" ses relations interprofessionnelles pour aller vers la coopération au sein de sa filière.
4. Partager la valeur dans sa filière, au niveau du prix, des investissements ou encore des primes, notamment avec les acteurs intermédiaires. C'est ce qui créé une dynamique sociale et une survaleur que le consommateur est prêt à payer grâce au phénomène de préférence de marque.
5. Changer d'horizon temporel. Aucun résultat ne peut être raisonnablement attendu à 2 ou 3 ans, il faut patienter au moins 5, 7 voire 10 ans et monter aujourd'hui des plans à 2025 ou 2030.
6. Changer d'horizon budgétaire et intégrer la RSE dans le budget complet de l'entreprise.
7. Libérer le management pour suivre une certaine culture de "libération des énergies".
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