3 mesures pour améliorer le quotidien des femmes enceintes en entreprise
Comment les entreprises se comportent-t-elles à l'égard de leurs collaboratrices enceintes ? Quelles mesures les dirigeants peuvent-ils mettre en place pendant la période de la grossesse ? Éléments de réponse avec un sondage de la fondation scientifique Premup publié en juin 2015.
Je m'abonne"Les résultats de l'enquête sont sans appel et montrent que tout, ou presque, reste à faire". C'est ce que déclare dans un communiqué Robert Dahan, président de la fondation de coopération scientifique Premup, spécialisée dans la protection de la santé de la femme enceinte et du nourrisson, à propos de l'étude "Femme enceinte et environnement professionnel",1 réalisée avec l'institut Odoxa et publiée en juin 2015.
Cette enquête révèle notamment que si 55 % des sondées jugent que leur grossesse, au travail, a été un moment épanouissant, elles sont aussi 67 % à penser (ayant été déjà directement concernées ou non) que l'entreprise ne prend pas assez de précautions avec les femmes enceintes.
1. Mieux informer
L'un des premiers enseignements de l'étude est que les dirigeants ne mettent pas en garde les femmes enceintes contre les risques liés à leur activité professionnelle. En effet, elles ne sont que 5 % à recevoir une telle information durant leur grossesse (3 % avant). "L'entreprise est un désert en matière d'information pour les femmes enceintes. Si certains risques sont bien connus, d'autres le sont moins, c'est pourquoi cette situation est préoccupante", commente Céline Bracq, directrice générale de l'institut Odoxa.
Certaines structures font toutefois exception à la règle. C'est le cas du cabinet de conseil et d'audit international Mazars, qui a imaginé et diffusé en interne un guide de recommandations sur ce thème. "L'objectif était notamment de déculpabiliser les collaboratrices et d'intégrer la maternité comme un élément du cycle normal d'une carrière", révèle Muriel de Saint-Sauveur, directrice de l'agence internationale marketing et communication et directrice de la diversité du groupe Mazars, à l'origine de ce projet. Le guide a été diffusé via l'intranet dans 73 pays. S'il a purement une valeur d'information et n'est pas contraignant, "certains pays l'ont repris pour le refaire à leur manière tout en intégrant des éléments de législation, poursuit la manager. Son principal intérêt est d'avoir ouvert le dialogue".
2. Aménager les postes de travail
L'étude montre par ailleurs que les entreprises sont peu nombreuses à proposer aux femmes enceintes d'aménager leurs conditions de travail. A cet égard, seulement 9 % des femmes actives interrogées indiquent que le télétravail est autorisé pour les futures mères dans leur entreprise, 27 % d'entre elles, confient que limiter ses déplacements professionnels est possible en cas de grossesse, 40 % estiment qu'un poste exigeant des efforts physiques peut être aménagé. La modification des horaires de travail est davantage démocratisée puisque 42 % des sondées déclarent que c'est possible dans leur structure. "Aucune pratique n'est majoritairement citée", constate Céline Bracq.
Pourtant, indique encore l'experte, mettre en place de tels aménagements, tout en renforçant l'information sur les risques, pourrait avoir pour effet de retarder la date du départ en congé maternité. D'après l'étude, 74 % des femmes s'arrêtent de travailler entre le septième et le neuvième mois de leur grossesse, 19 % entre quatre et six mois et 6 % entre un et trois mois.
3. Lutter contre les stéréotypes
Enfin, l'étude met en avant les stéréotypes dont les femmes enceintes continuent de souffrir auprès d'une forte minorité de personnes. Par exemple, elles auraient "moins la tête au travail" selon 40 % des hommes et 31 % des femmes, ou encore "elles font en sorte d'être arrêtées le plus tôt possible" pour 36 % des hommes et 31 % des femmes. "Tout le monde ne considère pas que femme enceinte et environnement de travail sont compatibles", regrette Céline Bracq. Un travail est également à mener pour battre en brèche ces idées reçues.
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1 Étude réalisée auprès de 1477 personnes majeures (1000 femmes et 477 hommes) par Internet du 22 au 28 avril 2015.