Vis ma vie : "Il a bouleversé mon image de l'acheteur classique uniquement centré sur la négociation"
Le lab Pareto vient de lancer une expérience inédite baptisée "Vis ma vie" qui permet à un directeur achats et un patron de PME d'aller à la rencontre de l'autre dans son univers le temps d'une journée. Vincent Houot, patron de PME, raconte à son tour cette "journée particulière".
Je m'abonnePourquoi avoir accepté cette expérience?
Je dirige une PME de 35 personnes. Et pour survivre, je suis obligé de regarder ce qui se passe en dehors de mon entreprise. J'étais très intéressé de rencontrer un profil de direction achats et de comprendre dans quel monde évoluent mes principaux interlocuteurs. C'est aussi une façon pour moi de connaître leurs besoins. C'était un privilège! D'autant plus que je suis de nature curieuse. Cela s'est fait sous forme de 2 rencontres le 24 mai et le 1er juin derniers.
Comment s'est déroulée votre journée?
Pascal d'Orlandi a souhaité visiter mon entreprise et rencontrer les différents métiers au sein de ma société : acheteurs, les personnes chargées des cotations, des devis, ... Nous avons échangé sur les préoccupations quotidiennes du dirigeant car monsieur d'Orlandi supervise également une trentaine de personnes. On a les mêmes exigences, les mêmes contraintes et on se pose les mêmes questions au quotidien.
Aviez-vous des préjugés sur le métier d'acheteur?
60% de notre chiffre d'affaires dépend des grands comptes. Nous accompagnons des grands donneurs d'ordre nationaux comme Bouygues, Orange, ... dans la conception et la réalisation d'espaces commerciaux et de boutiques. Quand je rencontre des acheteurs notre relation est davantage sur la négociation et la mise en concurrence que sur un éventuel partenariat avec des échanges sur l'intelligence des marchés, etc ... Or, ces donneurs d'ordre doivent nous questionner sur notre façon de faire, car cela a beaucoup plus d'impact sur le prix.
Pascal d'Orlandi, de par son métier et son entreprise travaille dans une logique de services. Il a donc une réelle ouverture d'esprit dans la pratique de son métier. Son entreprise fonctionne en mode agile coopératif. Il a notamment pour mission de faire grandir en maturité les acheteurs de sa région. Il m'a permis de comprendre l'importance pour les donneurs d'ordre locaux d'être coachés, accompagnés dans leurs achats pour gagner en productivité. Pour lui, "on ne peut pas innover sans ses fournisseurs". Il veut créer du lien à travers le sourcing avec ses fournisseurs et des startups. Il a bouleversé mon image de l'acheteur classique uniquement centré sur la négociation.
Allez-vous changer votre façon de travailler avec les services achats?
D'une manière générale, j'ai mieux compris comment les donneurs d'ordre achètent mon métier. J'ai bien saisi la notion de "design to cost", qui est notamment de donner du sens à un espace aménagé. C'est très intéressant pour nous en tant que fournisseur qui arrivons sur le projet. En interne, cela a permis de nous poser les vraies questions : où est notre création de valeur? Il s'agit d'identifier notre valeur ajoutée. Nous sommes donc en réflexion sur la création de services intermédiaires pour mieux accompagner les donneurs d'ordre en amont du projet.
Lire aussi : Les achats, fer de lance des politiques publiques ?
Lire aussi : Les nouveaux contours de la travel policy