Performance RSE: l'Europe en tête, le reste du monde en forte progression
Ecovadis publie la première édition de son "indice performance/risque", qui évalue les performances RSE de plus de 20 000 entreprises dans le monde. Les fournisseurs européens obtiennent la meilleure note par rapport à ceux des zones Amériques et AMEA, qui s'améliorent toutefois par rapport à 2015.
Je m'abonneEcovadis publie la première édition de son "indice performance/risque", qui évalue les performances RSE de plus de 20.000 entreprises fournisseurs dans le monde. Il en ressort une nette progression des performances RSE des fournisseurs entre 2015 et 2016, en moyenne dans le monde, mais surtout une plus grande implication des entreprises européennes dans la maîtrise des risques RSE par rapport aux entreprises des zones Amériques et AMEA.
Le score moyen mondial toutes tailles d'entreprise confondues est de 44/100. Il est précisément de 43,8 pour les grandes entreprises (soit une hausse de 14,9% entre 2015 et 2016) et de 44,1 pour les PME et ETI (+ 12,3%). Les plus forts taux de progression sont observés chez les fournisseurs de la zone AMEA. Paradoxalement, cette zone compte le plus de fournisseurs ayant un score inférieur à 25/100 en 2016 (13% zone AMEA vs. 4% au global en 2016).
L'indice de performance/risque Ecovadis : comment ça marche ?
L'indice s'appuie sur un échantillon de plus de 20.000 entreprises de 10 secteurs d'activité (industrie manufacturière légère, métallurgie et industrie lourde, industrie électronique, agroalimentaire, construction, distribution, transport, TIC, finances & conseil, secteur primaire et industrie extractives) réparties dans 3 zones dans le monde et 144 pays : Europe, Amériques et AMEA (Afrique, Moyen-Orient et Asie). 80% des entreprises évaluées sont des PME/ETI (moins de 1000 salariés). Les entreprises sont évaluées sur 21 critères regroupés en 4 thèmes couvrant tous les standards internationaux liés aux enjeux d'achats responsables : environnement, social, éthique des affaires et maîtrise de la chaîne d'approvisionnement. Au total, plus de 800.000 points de donnée sont ainsi traités quotidiennement par Ecovadis. "Cet indice permet de mesurer et suivre finement la progression des entreprises en matière d'achats responsables et d'exposition aux risques RSE. Ce nouvel outil de référence accompagne les dirigeants dans leurs décisions et leurs pratiques managériales. En effet, 50 à 70% des effets des entreprises sur la société et l'environnement sont liés à leur chaîne d'approvisionnement" explique-t-on chez Ecovadis.
L'Europe, championne de la RSE
Les fournisseurs européens sont loin devant ceux du reste du monde. Le score moyen des grandes entreprises européennes est de 49/100 vs. 40,5 pour la zone Amériques et 38,2 pour la zone AMEA. La même tendance est observée chez les PME/ETI, dont celles basées en Europe obtiennent le meilleur score (47,2/100) contre respectivement 42,2 et 39,1 pour les zone Amériques et AMEA.
Un risque RSE élevé dans les pays de la zone AMEA
Dans les trois zones étudiées dans le monde (Europe, Amériques et AMEA), les fournisseurs européens à risque RSE faible sont deux fois plus nombreux (61%) que les fournisseurs de la zone AMEA (35% des entreprises pour la zone AMEA et 42% des entreprises pour la zone Amériques) en 2016.
L'indice RSE Ecovadis permet une lecture par niveau d'exposition aux multiples risques (éthiques, sociaux et environnementaux) : le risque est dit élevé pour tout score inférieur à 25/100, moyen pour un score entre 25 et 45, et faible pour tout score supérieur à 45.
Au niveau mondial, sur les 10 secteurs étudiés, le plus fort taux d'entreprises à risque RSE faible est observé chez les PME/ETI du secteur de la construction et de l'agroalimentaire (61%). Du côté des grandes entreprises, l'industrie manufacturière légère et le secteur financier et conseil aux entreprises regroupent respectivement 56% et 51% des fournisseurs à risque RSE faibles.
Les PME/ETI progressent plus vite que les grandes entreprises
Les PME/ETI affichent les plus forts taux de progression de leurs performances RSE (+14,9% entre 2015 et 2016), contre 12,3% pour les grandes entreprises. Les PME/ETI représentent l'essentiel des entreprises évaluées dans l'étude (80%). "La responsabilisation des PME/ETI, eu égard à leurs performances RSE, s'explique par de multiples facteurs parmi lesquels : la recherche d'avantages compétitifs, l'adaptation à la demande des clients, les nouvelles réglementations et la meilleure maîtrise de leurs propres fournisseurs", explique Pierre-François Thaler, co-fondateur et CEO d'EcoVadis.
Palmarès des grands enjeux liés aux achats responsables
- Environnement : en matière de problématiques environnementales, le meilleur score est obtenu par les grandes entreprises de l'industrie électronique (51,6). Pour ce qui est des PME/ETI, c'est le secteur de l'industrie agroalimentaire qui performe en 2016 (50,2).
- Social : les PME/ETI du secteur de la construction se distinguent sur les pratiques sociales avec un score de 50,3. Du côté des grandes entreprises, c'est le secteur financier et conseil aux entreprises (47,3).
- Éthique des affaires : le meilleur score est de 45,9 et concerne les PME/ETI du secteur des technologies de l'information et de la communication. C'est encore le secteur financier/conseil qui se distingue s'agissant des grandes entreprises.
- Chaîne d'approvisionnement : le meilleur score est détenu par les PME/ETI du secteur agroalimentaire avec un score de 41,9. Parmi les grandes entreprises, c'est l'industrie manufacturière légère (41,4).
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Comment Ecovadis vérifie les informations fournisseurs ?
Ecovadis a réalisé fin 2016 une levée de fonds de 30 millions d'euros, qui servira entre autres objectifs à des investissements R & D pour soutenir l'évaluation des fournisseurs et notamment améliorer leur fiabilité grâce à l'industrialisation (projet d'intégration de l'intelligence artificielle par la NLP et le machine learning). À cet effet, une équipe a été formée l'année dernière. Cette levée de fonds doit aussi servir la création de nouveaux points de données, dont certains sont encore très prospectifs (robots dans les usines, blockchain, etc.).
Ce challenge de la fiabilité de la notation s'explique par l'augmentation des faux documents produits par les entreprises évaluées, qui doivent remplir des questionnaires n'ayant qu'une valeur déclarative. En parallèle, la tâche d'Ecovadis est rendue compliquée par la multiplication des labels et certifications dans tous les secteurs. Les responsables d'Ecovadis reconnaissent qu'il est difficile d'avoir une visibilité sur l'ensemble de la supply chain et surtout au-delà du rang 1.
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Les 150 analystes d'Ecovadis évaluent à travers leurs questionnaires la politique et les actions concrètes de l'entreprise, ainsi que le suivi des résultats, et exigent la production de pièces justificatives. Un outil de veille leur permet d'en vérifier la véracité, grâce aux bases de données gouvernementales ou aux informations issues de la presse professionnelle. Ces informations sont extraites et notées par les analystes en fonction de leur existence réelle et de leur qualité, selon des engagements chiffrés. Cette note est ensuite validée par des analystes seniors. A terme, le machine learning devrait suppléer les analystes en établissant un premier tri leur permettant de se concentrer sur les points pertinents issus des différents documents. "Globalement, les entreprises jouent le jeu de la transparence. L'un de nos objectifs est de varier les sources, en se servant des ONG, du social media... Nous testons par exemple la parole des travailleurs interrogés directement dans des usines chinoises. Il faut de toute façon se détacher d'une source unique" précise Alejandra Miranda, global program manager chez Ecovadis.
Le résultat de cette évaluation, appelé le scorecard, délivre un score sur 100 à l'entreprise. Cette notation est comparable entre deux entreprises mêmes aux profils totalement différents, afin que les acheteurs puissent comparer leur performance RSE. L'indice précise également les points d'amélioration et les forces du fournisseur, et offre une couverture pour l'ensemble du périmètre évalué, permettant le bon déroulement d'une politique d'achats responsables par catégorie. "Les acheteurs doivent monter en compétence mais ce n'est pas leur métier d'être experts en RSE. Notre outil est là pour les sensibiliser et leur délivrer des résultats simples", avance Nicolas Dussert, senior sales manager chez Ecovadis. Ecovadis souhaitant mettre la technologie au service de ses analystes, un outil baptisé Cybervadis, sur le principe de la blockchain, est actuellement déployé dans un lab en bétatest. Son lancement est prévu début 2018.
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