[ITW] Risk management : "Les directions achats ont tendance à sous-estimer l'importance des couvertures assurances"
Les directions achats ont tendance à sous-estimer l'importance des couvertures assurances de leurs fournisseurs. Cela se résume souvent à une clause dans les contrats. Quels sont les dangers encourus? Et quels sont les types d'assurances qui existent? Réponses de Laurent Giordani de Kyu Associés.
Je m'abonneQuelles sont les bonnes pratiques? L'éclairage de Laurent Giordani, associé chez Kyu Associés, cabinet de conseil en management spécialisé en opérations et risk management.
Quelle connaissance ont les acheteurs sur les couvertures des assurances de leurs fournisseurs?
Le sujet "assurance" est généralement peu abordé dans les formations et les relations entre les directions achats et les directions risques et assurances sont généralement limitées. C'est pourquoi, la connaissance des acheteurs sur les couvertures assurances de leurs fournisseurs est souvent faible.
Les directions achats ont tendance à sous-estimer l'importance des couvertures assurances. Cela se traduit par une absence de politique sur ce thème, ou alors une politique non adaptée qui ne distingue pas les enjeux par catégorie et montant d'achat. Et cela se résume juste à une clause dans les contrats qui demande au fournisseur de "souscrire auprès d'une ou plusieurs compagnies d'assurances notoirement solvables, une ou plusieurs polices d'assurances le garantissant contre tous les risques découlant de l'exécution du présent contrat...". Une clause qui ne sert pas à grand-chose si elle n'est pas vérifiée.
Lire aussi : Les achats, fer de lance des politiques publiques ?
De plus, l'exercice est tout sauf évident. Il nécessite une grande rigueur de gestion si l'on souhaite appliquer une véritable politique en la matière : collecte des attestations d'assurance, vérification de la conformité des garanties, des montants et de la viabilité de l'assureur, maintenance de l'information dans le temps (attestations qu'il faut vérifier tous les ans). Pour certains fournisseurs, la mise en conformité face aux exigences des acheteurs va aussi constituer un frein. En fonction de sa taille, il lui sera plus ou moins possible de trouver les garanties demandées à des conditions économiques acceptables. Cela peut avoir un impact sur le prix. Sans prise de conscience des acheteurs de l'importance de l'assurance, ce sera probablement la première chose qui sera lâchée en négociation (juste après la clause de responsabilité...). Par ailleurs, pour les entreprises ayant un sourcing mondial, certaines garanties demandées n'existent juste pas sur des marchés encore immature en matière d'assurance (ex : la responsabilité civile et les garanties type "rappel de produits" en Chine).
Quels sont les dangers d'une méconnaissance de ces assurances?
Le principal danger est de n'avoir que très peu de possibilités de recours en cas de problème. En l'absence d'assurance et/ou d'accord à l'amiable, la seule possibilité sera d'engager une procédure judiciaire longue et aléatoire au risque de fragiliser sa relation avec le fournisseur et/ou de la mettre en danger si celui-ci n'a pas les moyens financiers pour indemniser son client ; ce qui peut être un jeu à "qui perd gagne" dans le cas d'interdépendance avec un fournisseur de production difficilement remplaçable par exemple.
Par ailleurs, au-delà de la possibilité d'engager ou non un recours, si le fournisseur n'est pas assuré, en cas de sinistre, il devra se financer sur ses fonds propres, et s'il n'a pas les reins solides cela peut entrainer sa disparition et les conséquences qui vont avec pour ses clients.
Lire la suite en page 2 : Quels types d'assurances pour quels types de risques?
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