Mobility manager : une profession polyvalente
De plus en plus de responsables de parc se voient confier la gestion de l'ensemble de la mobilité des collaborateurs de l'entreprise. Dans leurs fonctions, ils se doivent d'innover.
Je m'abonneMême si les deux tiers (65 %) des déplacements se font encore en voiture, les gestionnaires de parc automobile ou les fleet managers se sont, au fil des années, intéressés aux nouveaux modes de mobilité. Presque naturellement, ils sont devenus gestionnaires de la mobilité ou mobility managers. Très souvent, le passage d'une fonction à l'autre s'est fait au moment où, très impliqués dans l'obligation des entreprises de mettre en place un Plan de mobilité (PDM) qui favorise tous les moyens de déplacements alternatifs à l'automobile et dans le même temps, obligés de réduire leur flotte, ils ont imaginé pour les trajets domicile-travail comme pour les trajets professionnels, des solutions innovantes et par exemple, de l'autopartage ou du covoiturage.
Leurs missions se sont diversifiées et enrichies : ils se sont vus confier la responsabilité de la gestion des flottes... de téléphones portables, de celle des salles de vidéo-conférences et de l'organisation des voyages professionnels, une tâche complexe dans laquelle ils sont parfois secondés par un travel manager et en tous les cas, généralement accompagnés par des prestataires spécialisés (agence de voyages, compagnie aérienne, etc.). Ils n'en suivent pas moins la gestion de la flotte automobile... Parfaitement au fait des textes législatifs et réglementaires qui régissent leur domaine, ils assurent aussi bien les relations avec les constructeurs et leurs réseaux, les loueurs, les assureurs, que celles de l'ensemble des prestataires intervenant pour l'entretien ou la réparation des véhicules. Ils se préoccupent également du renouvellement de leur parc et trouvent les meilleures opportunités pour y introduire des véhicules à faibles émissions.
Ce qui change résolument quand ils deviennent mobility managers, c'est qu'ils vont sortir de leur univers "de base" et regarder largement au-delà de la voiture de société. Il y a d'ailleurs urgence car, même quand ils ont leur permis de conduire ce qui n'est pas toujours le cas, les femmes et des hommes des nouvelles générations plus attachés à l'usage qu'à la propriété, ne veulent plus du "tout voiture". Ils ont par conséquent dû intégrer dans leur schéma de réflexion, le vélo, le scooter, voire la trottinette, et considérer toutes les "pistes" qui favorisent leur usage : indemnisation kilométrique, places de stationnement sécurisées, bornes de recharge...
Envisager des solutions radicales
Acteurs incontournables de la politique de déplacements de l'entreprise puisqu'ils en assurent le suivi et l'évaluation, les mobility managers ont une fonction très transversale : ils travaillent en collaboration étroite avec les acheteurs (pour les véhicules, pour le choix des prestataires de services, etc.), mais également avec les responsables des relations humaines. Avec eux, ils vont envisager des solutions radicales : l'aménagement des horaires de travail ou l'instauration du télétravail, par exemple. Ils jouent ainsi un rôle d'analyste et de conseiller ce qui requiert de leur part une extrême polyvalence et des qualités de médiateur.
En déployant des règles internes en matière de déplacements, les mobility managers prennent des décisions qui s'inscrivent dans le cadre de la stratégie de mobilité définie par l'entreprise. Cette dernière a toujours des enjeux économiques. Elle a également pour objectif d'améliorer la santé au travail des personnels et de prendre en compte les problématiques environnementales actuelles, la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et les autres pollutions ou le changement climatique. Elle est déterminante pour la responsabilité sociale et environnementale (RSE). Aussi les mobility managers se retrouvent-ils en première ligne quand il faut prendre sa défense. Et ce n'est pas le moindre leur engagement !
Lire la suire en page 2 : "Consommer" la mobilité différemment - et - Assurance "nouvelles mobilités"
"Consommer" la mobilité différemment
Combiner dans un seul forfait tous les moyens de transport possible, les bus et le métro, les vélos et scooters en libre-service, les autos partagées, le covoiturage, les taxis et les VTC, c'est le concept de "mobilité servicielle" que l'on connaît mieux sous son acronyme anglais MaaS ou Mobility as a Service. Cela simplifierait sensiblement la vie de ceux qui veulent, qui doivent, se déplacer à titre personnel (pour aller au bureau notamment) ou à des fins professionnelles. Pour les entreprises, et parce qu'on estime que les véhicules de fonction sont finalement plus souvent dans un parking que sur la route puisqu'ils sont utilisés à moins de 5 % du temps, c'est une nouvelle façon d'envisager la mobilité et d'optimiser leur parc automobile en permettant à un plus grand nombre de collaborateurs d'y avoir accès au travers d'un système d'autopartage. C'est une excellente façon de réduire le prix de revient kilométrique (PRK) de chaque véhicule puisqu'il réalise plus de kilomètres.
La MaaS est également synonyme d'automatisation de la gestion des frais afférents à l'ensemble de ces déplacements et la possibilité de différencier ce qui doit être pris en charge par l'entreprise et ce qui est de l'ordre de l'usage privatif et payé par l'utilisateur. Son outil de référence ? Le smartphone et une simple application avec "derrière" toutes les informations bancaires qui peuvent servir au paiement des prestations mais qui offrent surtout la possibilité de choisir entre les différentes options de déplacement, le meilleur itinéraire, le plus rapide, le moins cher, pour se rendre d'un point à un autre.
Assurance "nouvelles mobilités"
Assureurs et courtiers ont-ils développé des produits qui prennent en charge les risques engendrés par les nouvelles mobilités. L'autopartage ne pose pas plus de problèmes que les pools de véhicules de société, mais le covoiturage qui doit faire l'objet d'une déclaration auprès de l'assureur et d'une extension du contrat de l'assurance automobile. Le risque est jugé "modéré" par les professionnels depuis que le conducteur est noté par les passagers ! De grandes compagnies comme Allianz ont été plus loin qui propose une assurance en Responsabilité civile (RC) spécifique pour nouveaux véhicules électriques individuels (NVEI). Elle peut être souscrite par les entreprises au profit de leurs collaborateurs utilisant des vélos et des trottinettes électriques sur les trajets domicile-travail ou à des fins de déplacements sur un site ou d'un site à l'autre.