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Les normes antipollution chamboulent le marché des véhicules utilitaires

Publié par Jean-Philippe Arrouet le 21 août 2015 - mis à jour à 10:03

Sous l'effet des normes antipollution Euro VI, les constructeurs ont entamé le renouvellement de leurs gammes. 2015 marque l'arrivée de véhicules plus performants en termes de TCO et mieux équipés. Est-ce le moment de rajeunir sa flotte auto ?

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Avec 372 074 immatriculations l'année dernière, le marché français des véhicules utilitaires pèse près de cinq fois moins lourd que celui des voitures particulières. Pourtant, il est devenu presque aussi dynamique sous l'effet d'une contrainte commune : l'entrée en vigueur des normes Euro VI.

Un règlement européen (715/2007) fait la guerre aux émissions d'oxyde d'azote, qui doivent diminuer de moitié par rapport à Euro V, pour atteindre 80 mg/km. La mesure s'applique déjà aux modèles homologués depuis le premier septembre 2014 et elle s'étendra à tous les véhicules neufs à compter du premier septembre 2015.

Massivement propulsés par des moteurs diesels, les utilitaires sont concernés dès lors que leur masse de référence ne dépasse pas 2 610 kg. La question de la modernisation des flottes d'utilitaires se pose également à proximité des grandes métropoles, où les conditions d'accès des VUL deviennent plus restrictives. Ainsi, dans son plan de lutte contre la pollution liée au trafic routier, présenté le 3 février dernier, la maire de Paris, Anne Hidalgo, annonce que les véhicules les plus polluants (avant 1997) seront bannis des rues de la capitale dès juillet 2016.

Moins de 5 l/100 km

En l'espace de cinq ans, la consommation de carburant des utilitaires a chuté de 10 à 15% et le passage à Euro VI enfonce le clou. Les fourgonnettes enregistrent les progrès les plus spectaculaires, avec des modèles qui descendent sous le seuil des 5 l/100 km.

Avec son moteur BlueHDi, le Berlingo de Citroën passe à l'Euro VI

Chez Renault, leader avec son Kangoo, la version 1.5 dci 75 SST affiche 4,2 l/100 km. Chez PSA, les deux fers de lance du groupe, le Citroën Berlingo (photo ci-contre) et le Peugeot Partner, viennent de passer à l'euro VI avec des moteurs BlueHDi. La version 1.6 l descend ainsi jusqu'à 4,7 l de consommation.
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ZOOM : Hennessy passe à l'électrique

Presque aucun bruit et aucune émission polluante : les collaborateurs du producteur de cognac Hennessy, se déplacent désormais dans un confort feutré d'un site à l'autre grâce à 45 véhicules électriques. Après avoir testé quelques véhicules électriques et hybrides, l'entreprise vient d'intégrer dans sa flotte 22 Renault Kangoo ZE et 23 Zoe.

Destinée à réduire son impact environnemental, la démarche repose sur un diagnostic des trajets intersites effectué en 2014. " Cet audit, réalisé pendant une quarantaine de jours sur 75 véhicules a démontré que les distances parcourues quotidiennement par les véhicules étaient majoritairement inférieures à 100 km. Ainsi, une grande partie de ces parcours pouvait être réalisée en autonomie électrique, réduisant de 80 % les émissions de CO2 par rapport à la flotte thermique ", explique Marc Sorin, le directeur des opérations du groupe. L'entreprise a également installé 75 points de recharge sur ses sites et préparé ses collaborateurs à ce changement en proposant à une centaine d'entre eux des sessions de formation. " En coût global (TCO), l'équation est à l'équilibre, voire légèrement bénéficiaire", affirme aujourd'hui Marc Sorin.

Les constructeurs étrangers ont eux aussi travaillé leurs motorisations : Ford avec son Courier 1.6 et Volkswagen avec son Caddy descendent à 4 l/100 km. Attention cependant au moment du choix, car tous les modèles d'une même gamme ne réalisent pas de telles performances. Celles-ci nécessitent le recours à la microhybridation, autrement dit au système de "stop & start", qui n'équipe pas encore toutes les versions.

Le Volkswagen Caddy ne consomme que 4l/100 km

Autre tendance récente : les motorisations essence, jusqu'alors bannies, commencent à se faire une place dans l'offre des constructeurs. Leur rendement est excellent grâce à une nouvelle génération de blocs-moteurs de petites tailles (downsizing), qui émettent moins de particules que les diesels, et leur prix d'achat est plus avantageux. Chez Mercedes, le Citan affiche 6,1 l/100 km, et chez Ford, le Transit Courier, avec un moteur de 1.0 l, ne consomme que 5,4 l.

La bicarburation essence / méthane

Enfin, il existe une offre de motorisation alternative, encore plus écologiques mais aussi plus contraignantes. Elle repose sur la bicarburation essence / éthane grâce au GNV (gaz naturel véhicule). Elle figure aux catalogues de VW avec le Caddy, d'Opel avec le Combo et surtout de Fiat, qui la décline sur le Fiorano, le Doblò cargo et même sur le grand fourgon Ducato.

La consommation est basse (4,4 l pour le Fiorino) et l'autonomie satisfaisante (625 à 960 km). Encore faut-il connaître les rares stations-service à proposer du GNV. En l'état actuel du réseau, cette solution est réservée de facto aux flottes captives. Cliquez ici pour continuer la lecture sur la page suivante.

ZOOM : Optimiser le TCO de sa flotte de VUL

Pour réduire les coûts d'une flotte d'utilitaires, les entreprises peuvent faire appel aux services d'un spécialiste en optimisation. Chez Cosma experts, on estime que l'intervention sur une flotte d'utilitaires peut être rentable dès 40 à 50 véhicules. " Nous réalisons un audit puis nous bâtissons un cahier des charges que nous envoyons aux loueurs et aux constructeurs. Ensuite, nous sommes en mesure de proposer différents scénarios aux clients ", explique Jean-Jacques Buire, expert flotte automobile.

L'optimisation passe souvent par le recours à un seul constructeur pour augmenter les volumes. Autre levier : analyser les usages pour définir un cahier des charges commun à toute l'entreprise. " Chez un de nos clients, chaque magasin avait son propre cahier des charges, évoque Jean-Jacques Buire. Nous avons défini trois types de fourgons standards. Dans un de ces trois cas, il n'a plus été nécessaire de recourir à une transformation du véhicule mais simplement aux équipements proposés par le constructeur. " Enfin, attention à bien analyser le roulage pour respecter les kilométrages prévus dans les contrats de location et les adapter. " Il vaut mieux faire un avenant avant la restitution si l'on doit effectuer des kilomètres supplémentaires ", avertit Jean-Jacques Buire.

D'autant que les contrats sont aujourd'hui plus flexibles (révision par avenant, matrice de roulage intégrant des dépassements kilométriques...). Enfin, attention aux frais de restitution, les utilitaires étant souvent mis à rude épreuve. Mieux vaut, en effet, faire réparer par un carrossier des rayures même anodines que de se voir facturer par son loueur une remise en état de la carrosserie au prix fort.

Du côté des utilitaires électriques (Renault Kangoo ZE, Citroën Berlingo Electric, Peugeot Partner Electric...), si le nombre de prises est plus important (4 199 points de charge recensés par le site internet Chargemap.com), c'est l'autonomie réduite - entre 100 et 150 km - qui restreint les utilisations.

Le fourgon éléctrique e-NV200 de Nissan

Reste que l'alternative électrique mérite d'être considérée pour des flottes captives ou des trajets réguliers car le coût de la fourniture en énergie est trois à quatre fois inférieur au diesel et les frais d'entretien réduits de 30 à 40 % (moins de pièces mécaniques en mouvement, moindre usure des freins, etc.).

À noter que Nissan, avec son e-NV200, propose une motorisation électrique sur un fourgon compact. L'équation du constructeur nippon est la suivante : 170 km d'autonomie (cycle NEDC, donc vraisemblablement 30 % de moins en exploitation) pour 4,2 m³ de volume utile et 770 kg de charge utile avec un véhicule qui, comme la version thermique, est suffisamment étroit pour se faufiler en ville.

Fourgons "cocons"

Du côté des fourgons, l'heure est aussi aux économies de carburant avec une nouvelle génération de moteurs qui abaisse de plus de 20 % environ les consommations (toujours avec un stop & start). Avec ses blocs Twin Turbo, le premier véhicule du marché, le Renault Trafic, descend à 5,9 l/100 km en version fourgon. Son grand frère, le Master, réclame 6,9 l pour 100 km.

Le Mercedes Vito

Le challenger de la catégorie est Mercedes avec les versions BlueEfficiency de son Vito (photo ci-contre) et de son grand fourgon Sprinter. Elles revendiquent respectivement 5,7 l/100 km et 6,3 l/100 km. Mais dans ce segment, l'évolution provient également de la dotation en équipements de confort et de sécurité. Elle se rapproche enfin de celle des VL... à condition de s'y retrouver parmi les nombreuses versions, options et autres packs.

Rappelons qu'un équipement aussi banal mais indispensable que l'airbag passager n'est pas encore obligatoire sur les fourgons. Si l'ABS est généralisé, l'ESP est bien là, mais pas partout. Se répandent également : les aides au démarrage en côte, les contrôles de motricité (pour éviter de patiner au démarrage sur terrains meubles ou route glissante) et les systèmes antilouvoiement (pour les fourgons qui tractent des remorques).

Chez Renault, le miroir Wide view permet de supprimer l'angle mort du côté droit du véhicule. Ford propose des phares adaptatifs ou encore un détecteur de vigilance sur le Transit. La caméra de recul est vraiment utile pour éviter les chocs arrière, particulièrement fréquents sur ce type de véhicules. Enfin, des équipements business et multimédia permettent de connecter son smartphone ou son ordinateur pour la musique, la navigation, le téléphone en mains libres ou pour recréer son bureau mobile une fois à l'arrêt.

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