DossierComment l'écoconduite booste votre ROI
Moins gourmande en carburant, moins accidentogène et moins polluante, l'écoconduite est un atout pour les achats. Son ROI est intéressant lorsque des plans de prévention et de formation sont mis en place.

Sommaire
- Roulez vert et économique
- La réduction du TCO
- La prévention des risques routiers
- Comment convaincre les utilisateurs de se mettre à l'écoconduite ?
- La carotte ou le bâton ?
- Un plus faible absentéisme
- Des formations pour apprendre l'écoconduite
- Plateformes d'e-learning
- Sessions sur simulateur
- Le coaching individualisé
- La prévention et la question du suivi
- Des plans de prévention
- Mesurer les progrès accomplis
1 Roulez vert et économique
Pratiquer l'écoconduite, c'est adopter une attitude cool et économique au volant, c'est "apprendre à conduire correctement, de manière paisible et économe", résume Philippe Brendel, président de l'Observatoire du véhicule d'entreprise (OVE), think tank d'Arval (spécialiste de la LLD automobile).
La démarche répond à deux objectifs : la réduction du TCO (total cost of ownership) ou coût d'usage du véhicule, d'une part, et la prévention des risques routiers, d'autre part.
2 La réduction du TCO
Le TCO d'un véhicule est une estimation : sa véritable valeur n'est calculée qu'à la fin de la période d'utilisation du véhicule. Pour évaluer combien le véhicule va réellement coûter à l'entreprise, il faut prendre en compte le prix d'achat ou prix négocié, voire le loyer financier en cas de LLD, le prix de revente supposé, les frais financiers et les coûts liés aux différentes prestations durant la mise à disposition du véhicule (entretien, pneumatiques, assurance, consommations de carburant, fiscalité).
Certains de ces éléments sont influencés par la conduite de l'utilisateur. Les loueurs estiment que la gestion de la flotte automobile représente le deuxième ou troisième poste de dépenses dans bon nombre d'entreprises. D'où leur volonté d'aider leurs clients à en optimiser la gestion.
"Le véritable coût d'usage, connu à la fin de la mise à disposition du véhicule, résulte de la conduite de l'utilisateur. Cette dernière n'a pas d'impact sur les frais financiers mais sur les consommations et les frais liés à l'entretien, aux pneumatiques, au nombre de sinistres et à l'assurance", confirme Philippe Brendel. Pour Grégory Livre, directeur commercial d'Arval, "40 % des coûts de fonctionnement d'un véhicule dépendent de la façon dont il est conduit".
3 La prévention des risques routiers
Le second objectif de l'écoconduite sert la politique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et la gestion des ressources humaines. "L'aspect sécuritaire est important pour les populations commerciales, qui roulent beaucoup. En s'orientant vers l'écoconduite, l'entreprise montre à ses collaborateurs qu'elle s'occupe d'eux. Toutefois, certaines organisations refusent d'ajouter des contraintes à des équipes sous pression", remarque Philippe Brendel.
Car entamer une telle démarche revient à mettre les conducteurs face à leurs responsabilités. Plus un collaborateur conduit mal, plus il prend de risques et plus son TCO augmente. Pas étonnant, dès lors, que les loueurs assurent la promotion de l'écoconduite. "Tous proposent une formule dédiée à l'écoconduite, du manuel explicatif aux formations", résume Jean-François Chanal, président du Syndicat national des loueurs de véhicules en longue durée (SNLVLD).
L'objectif est double : réduire le TCO (total cost of ownership) des véhicules et prévenir les risques routiers.
4 Comment convaincre les utilisateurs de se mettre à l'écoconduite ?
5 La carotte ou le bâton ?
Pour convaincre les "routiers" de lever le pied, une méthode semble faire l'unanimité : la carotte et le bâton. Les actions de type "incentive" sont la carotte... et le suivi devient alors le bâton.
L'adoption des règles d'écoconduite nécessite des formations. "Mieux vaut se garder de tout formalisme et proposer une initiation à l'écoconduite de manière ludique, lors d'un séminaire par exemple", suggère Steven Blanchard, chef de marché en charge du développement de l'écoconduite chez LeasePlan.
La séance peut se dérouler sur un simulateur et faire l'objet d'un challenge, ou prendre la forme d'un essai sur circuit. Le suivi des résultats est essentiel. "Souvent, dans les entreprises, le management laisse faire. Or, dès qu'un conducteur sait qu'il est suivi, il se montre plus attentif", ajoute Philippe Brendel.
Voilà pourquoi les loueurs fournissent, dans leur reporting, un certain nombre d'indicateurs pour détecter les abus (remontée des dépenses adossées à la carte de carburant, taux de sinistralité, etc.).
Un état des lieux doit être dressé en amont et les progrès, mesurés à l'issue des formations. Là encore, la progression peut être intégrée dans les objectifs (baisse de consommation des carburants et / ou du nombre de sinistres). "Le collaborateur vainqueur du challenge doit être valorisé par l'attribution d'une prime, par exemple", ajoute Steven Blanchard.
6 Un plus faible absentéisme
"La prévention est un argument qui fonctionne bien, y compris auprès des forces de vente, d'autant que le bénéfice est réel, puisqu'on parvient à réduire les sinistres de 10 % en moyenne", indique Cédric Marquant, directeur marketing et business development d'Alphabet (BMW Group Financial Services).
Un bon point pour les ressources humaines, qui voient baisser l'absentéisme et les coûts liés aux arrêts de travail consécutifs aux accidents. L'écologie est également de la partie, avec une baisse annoncée de 15 % des émissions de CO2.
Enfin, l'argument économique est mis en avant. "L'écoconduite induit une réduction de carburant de l'ordre de 5 à 10 %", assure Patricia Caulfuty, directrice de marché fleet services pour GE Capital France.
Alphabet contractualise même les résultats. "Entre la première et la deuxième session de formation, si les consignes sont appliquées, nous nous engageons à faire baisser la consommation de carburant de 15 %", affirme Cédric Marquant. Si le pari n'est pas tenu, Alphabet rembourse les frais de formation à son client. Des frais qui peuvent être pris en charge au titre de la formation professionnelle par l'organisme paritaire collecteur agréé (Opca).
Pour autant, les bénéfices liés à l'amélioration des pratiques permettent-ils de renégocier les contrats de LLD ? Non, s'offusquent les loueurs. "Les formations à l'écoconduite et les contrats LLD sont séparés : l'entreprise bénéficie de la valeur ajoutée apportée par l'adoption de l'écoconduite, avec la baisse de consommation du carburant, du CO2 et de la sinistralité. Et si, en fin de contrat, le véhicule est en meilleur état, elle bénéficie de frais de restitution moindres", conclut Cédric Marquant. Pas question d'espérer plus.
Durcissement du bonus-malus
La chasse aux véhicules polluants se poursuit. Les nouveaux barèmes de bonus-malus 2014 en témoignent. Globalement et sans surprise, la tendance est à la baisse pour les malus.
Le maximum payable est donc 8 000 euros contre 6 000 euros en 2013 pour un véhicule dépassant les 200 g de CO2 au km. Ces nouvelles grilles de bonus-malus, applicables depuis le 1er novembre dernier, devraient rendre encore plus attractifs les véhicules électriques et hybrides.
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Si le bénéfice de l'écoconduite est réel, il n'est pas forcément aisé d'instaurer ce type de conduite. Que faire ? Quels sont les effets de cette prévention pour l'entreprise ?
7 Des formations pour apprendre l'écoconduite
Les loueurs proposent des programmes de formation qu'ils externalisent auprès de partenaires spécialisés. "Nous travaillons depuis son offre en fonction de nos demandes, de l'évolution des motorisations et de l'environnement réglementaire", précise Grégoy Libre (Arval).
Les offres se déclinent en plusieurs formules : plateformes d'e-learning, formations via des simulateurs et coaching personnalisé sur route ou circuit. "Plus l'entreprise est mature dans sa réflexion, plus elle souhaite que soient dispensées des formations personnalisées" observe Patricia Caulfuty (GE Capital), qui précise que "le prix des différents packs dépend de plusieurs facteurs comme du nombre de véhicules concernés ou encore des options."
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8 Plateformes d'e-learning
Le premier niveau de formation consiste à recourir à des plateformes d'e-learning. Elles répondent à l'étape de sensibilisation des équipes au sujet ou, au contraire, au suivi post-formation.
Des loueurs comme Arval ou GE Fleet ont mis en ligne des plateformes, accessibles par login et mot de passe. Le programme Clear Drive, de GE Fleet, rappelle ainsi en 30 minutes les règles de la prévention routière, avec des informations sur la conduite en ville et sur route, les points de contrôle du véhicule à effectuer avant de démarrer, etc.
Côté tarif, chez LeasePlan, et à titre d'exemple, l'abonnement au service d'e-learning est facturé à partir de 14 euros HT par an et par collaborateur. Peu onéreux, ce type de formation présente l'avantage de ne pas beaucoup empiété sur le temps de travail. Le collaborateur se forme quand il le souhaite, évalue ses propres connaissances et travaille les sujets qu'il maîtrise peu ou mal.
9 Sessions sur simulateur
Le deuxième niveau de formation passe par des sessions organisées sur simulateur. L'avantage de cette formule est de pouvoir former une équipe en une seule séance.
Exercices théoriques, modules pratiques, quiz final : le simulateur permet d'apprendre de façon ludique, tout en vérifiant les acquis. Siège baquet, volant, pédales, écran 3D... cet outil a tous les atouts pour amuser les participants tout en étant très efficace.
Chez Arval, la formation dure une demi-journée, au cours de laquelle chaque stagiaire conduit 30 minutes. "Les exercices proposés sont un condensé de situations complexes à gérer exigeant de bons réflexes", comment Grégory Libre. Comptez 1 500 euros HT la séance pour 10 à 12 participants maximum (soit 150 euros HT par collaborateur).
Les clients d'ALD Automotive peuvent, de leur côté, opter pour l'offre ALD Drive, qui se décline sur simulateur et aborde les trois types de motorisation (thermique, hybride et électrique). Selon les besoins de l'entreprise, le prestataire ajuste les sessions sur une journée ou une demi-journée.
"Une réunion avec exercices sur simulateur suffit pour sensibiliser une équipe de collaborateurs, mais ce dispositif nécessite quelques piqûres de rappel par la suite", admet Laurent Corbellini, directeur marketing d'ALD Automotive. Alphabet a également mis au point une formation à la prévention des risques routiers, via un simulateur.
10 Le coaching individualisé
Enfin, troisième niveau de formation, la conduite sur route ou sur circuit, en conditions réelles, coachée par un formateur. Si la session se déroule sur un circuit, celui-ci est aménagé en fonction des sujets abordés. Par exemple, il est arrosé pour une formation sur route mouillée, afin d'en recréer les conditions d'adhérence.
Alphabet propose une offre dédiée à l'écoconduite avec apprentissage sur route en présence d'un formateur, qui se déplace dans l'entreprise. Cette formation se déroule sur une journée (comptez 308 euros HT par jour et par collaborateur).
L'accompagnement que le loueur fournit à son client comprend trois étapes :
1. La présentation du projet : formalisation d'une note de cadrage pour informer le management régional et le local des objectifs à atteindre, présentation des actions mises en oeuvre et information des participants.
2. La formation : une journée pour apporter aux conducteurs les connaissances théoriques et pratiques en conditions réelles sur route, alternance de formation théorique et pratique sur le véhicule.
3. Le bilan, avec récapitulatif des performances de chaque stagiaire.
ALD Automotive propose également des parcours sur circuit avec le centre Beltoise Évolution (environ 400 euros HT par personne pour une journée). Ces sessions se découpent en deux parties : des cours théoriques et une mise en situation réelle avec système électronique embarqué pour prendre les mesures de la conduite. Les parcours sont d'environ 45 km.
Ce genre de coaching individualisé est également proposé par LeasePlan, qui fait appel au centre Automobile Club Prévention.
Les stages sont modulables sur une journée entière ou une demi-journée, selon la disponibilité des collaborateurs, et se déroulent selon le même schéma : le formateur se rend dans l'entreprise et propose un premier essai sur route pendant une vingtaine de minutes à chaque stagiaire, puis une session en salle et, enfin, un deuxième essai pour la mise en pratique des acquis.
"Nous enseignons les leviers pour agir sur la consommation, et notamment les technologies des dernières générations de motorisations, qui exigent de nouvelles façons de conduire", indique Bruno Ollivier, directeur du centre de Vernon, dans l'Eure.
Fini les accélérations intempestives, les coups de frein violents ou la conduite en surrégime! La règle d'or est l'anticipation. "À l'approche d'un feu ou d'un rond-point, le conducteur doit prendre l'habitude de décélérer", conseille Bruno Ollivier.
L'avantage des formations en situation réelle est que chaque stagiaire bénéficie de recommandations personnalisées. En revanche, elles sont plus onéreuses et nécessitent une organisation plus complexe.
Trois niveaux de formation sont possibles : e-learning, formations via des simulateurs ou coaching personnalisé.
11 La prévention et la question du suivi
Aujourd'hui, presque tous les centres de formation spécialisés dans le secteur de la conduite proposent directement leurs services aux entreprises.
12 Des plans de prévention
Codes Rousseau, le spécialiste dans l'accompagnement de sécurité routière, s'est rapproché d'Octo Telematics, fournisseurs de boîtiers et de solutions logicielles, pour créer le programme Sara fleet, dispositif d'accompagnement des flottes pour générer des économies sur le nombre de sinistres et la consommation de carburant.
"L'outil réduit le TCO de la flotte en intervenant sur le comportement des conducteurs", commente Geneviève Valette, directeur des activités prévention de Codes Rousseau.
Le plan de prévention se déroule en trois parties : diagnostic avec recommandations et fixation d'un objectif, accompagnement et suivi des résultats.
Mieux, le prestataire s'engage sur les résultats : Sara fleet coûte 238 euros HT par an et par conducteur. Si les objectifs ne sont pas atteints, alors que les équipes ont appliqué les préconisations de l'expert, Codes Rousseau rembourse 135 euros HT par an et par personne. Seuls les frais de formation ne sont pas concernés par cette offre de remboursement.
LeasePlan propose aussi à ses clients un plan de prévention, dont l'entreprise fixe les objectifs. Intégrée dans le pack LLD, mais facturée en supplément, l'offre a été faite sur mesure et calée selon les besoins de l'entreprise.
13 Mesurer les progrès accomplis
Enfin, le suivi est essentiel, via des outils dédiés mis à disposition du gestionnaire de la flotte. Par exemple, la solution de géolocalisation DamsTracking intègre une fonctionnalité écoconduite.
L'éditeur a ajouté un accéléromètre dans ses boîtiers pour enregistrer les données de conduite : niveau de vitesse dans les virages, fréquence d'accélération, freinage, etc.
"En couplant ces données avec celles liées à la consommation de carburant, le manager dispose d'un bilan complet. Bien entendu, ces données ne sont pas conservées plus de deux mois", précise Lionel Divay, responsable marketing de DamsTracking.
Le prestataire livre un tableau de bord avec le détail précis des données de conduite (accélération, décélération, vitesse dans les virages) par véhicule sur trois mois ou sur une journée et un bilan écologique avec le calcul de la consommation de CO2. L'outil est vendu sur abonnement : comptez environ 20 euros HT par véhicule et par mois pour un engagement de trois ans.
Car l'écoconduite doit s'accompagner d'un suivi des progrès réalisés. "Un reporting précis avec la mise en place d'indicateurs et l'implication des managers qui doivent les surveiller valide l'évolution des modes de conduite dans l'entreprise", conclut Steven Blanchard. Une façon de vérifier que la formation a bien porté ses fruits.
Zoom - Testez Arval Drive Challenge sur Google Play
Développée par Arval sur l'App Store et Google Play, cette application ludique, gratuite et accessible à tous les conducteurs aide à perfectionner ses comportements de conduite.
Le principe du jeu est simple : avant de démarrer, le conducteur lance l'application. Il ne touchera plus son téléphone avant la fin de son trajet. Une fois arrivé, il coupe le jeu.
Les résultats sont évalués immédiatement, selon trois critères : l'accélération, le respect des vitesses, calculé via la géolocalisation, et le freinage. Plus le conducteur adopte une conduite souple, plus il gagne de points.
À mesure qu'il progresse dans le jeu, le conducteur gagne des cadeaux, comme des applications ou des "skins" pour personnaliser son interface. Il peut aussi partager sa progression via les réseaux sociaux et - s'il le souhaite - se comparer aux autres joueurs dans un classement national.
L'écoconduite nécessite de véritables mesures de prévention mais également, et surtout, un suivi afin de se rendre compte des progrès réalisés et pour s'assurer qu'elle est bien appliquée.
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