VUL : faut-il acheter ou louer ?
Alors que la location longue durée a de plus en plus de succès, la question de l'achat ou de la location d'un véhicule utilitaire se pose. L'arbitrage s'opère au cas par cas en fonction des contraintes et des choix de gestion de chacun.
Je m'abonne Le parc de véhicules géré par la location longue durée (LLD) se développe. Les chiffres du baromètre annuel du Syndicat national des loueurs de véhicules en longue durée (SNLVLD) l'attestent avec une progression de 5,5 % en 2016 par rapport à 2015 (1 294 554 véhicules). La solution tout en un proposée par la LLD séduit de plus en plus car elle permet aux professionnels de bénéficier des derniers modèles, de les renouveler régulièrement, au bout de trois ou quatre ans, et donc de profiter des innovations tout en maîtrisant un budget connu d'avance.
Néanmoins, l'achat reste parfois pertinent, notamment lorsque l'entreprise souhaite faire durer ses véhicules et qu'elle investit dans des aménagements spécifiques. L'arbitrage se fait donc au cas par cas, selon l'activité de l'entreprise, ses contraintes, les conditions de circulation, le budget, etc. Les arguments en faveur de l'une ou de l'autre solution étant en réalité aussi nombreux que leurs inconvénients respectifs !
Préserver sa trésorerie
La gestion de la trésorerie est un argument souvent mis en avant par les loueurs, car la location permet de lisser la charge sans affecter la trésorerie de l'entreprise et sans immobiliser une somme qui pourrait plutôt être dédiée au financement d'une machine de production. Le montant du loyer est calculé à partir de l'investissement de départ (prix du véhicule, aménagement compris), pondéré par la valeur résiduelle estimée, le rapport durée du contrat/kilométrage et les services contractés. Il est important d'être attentif au ratio durée/kilométrage qui ne doit pas être dépassé, car les kilomètres parcourus en plus peuvent coûter cher. "La LLD se justifie à partir de 25 000 à 30 000 km par an, car elle permet de rouler dans un véhicule en parfait état", indique Laurent Garnier, directeur de la zone ouest chez Fraikin. Le débat sur les frais de restitution pour la remise en état d'un véhicule est ancien, la facture étant souvent considérée comme trop salée ou peu justifiée par les utilisateurs de la LLD.
De leur côté, les loueurs argumentent et se défendent d'imposer des frais de restitution inappropriés. Laurent Garnier explique : "Notre positionnement est clair, nous ne facturons pas de frais de restitution, hormis en cas de sinistre non déclaré". Le loueur tolère donc "les rayures, les enfoncements très légers et les pneumatiques usés à 50 %", ajoute-t-il. Fraikin justifie cette politique par son positionnement sur le marché, puisqu'il ne loue que des véhicules industriels utilitaires et commerciaux.
ALD Automotive se targue d'opter pour une stratégie équivalente : "Un véhicule sur deux ne fait pas l'objet de coût lié à une remise en état, nous ne facturons que les réparations liées aux accidents non déclarés. D'ailleurs, nos contrats intègrent une franchise de 300 euros dédiée à couvrir les petits frais", indique Guillaume Maureau, directeur général adjoint commerce d'ALD Automotive. Avant d'ajouter : "Notre marge se fait dans la durée ; notre objectif étant de fidéliser nos clients, nous n'avons pas intérêt à leur facturer des frais de restitution". Quoi qu'il en soit et pour déjouer les malentendus, vous pouvez faire appel à un expert pour qu'il assiste les parties en présence lors de la restitution du VUL.
Lire aussi : MASTERfleet, la location de machines Würth
Rouler sans souci
C'est dans ses services associés que la LLD prend tout son sens. Les fondamentaux sont connus, le contrat de LLD s'accompagne de prestations complémentaires comme l'entretien, les pneumatiques, les réparations en cas de panne, la fourniture d'un véhicule de remplacement, l'assurance et, si besoin, la carte carburant, le pass autoroutier... Le concept permet au professionnel de rouler sans souci. D'ailleurs, les loueurs innovent pour renforcer l'expérience de leurs clients.
Ainsi, ALD Automotive a lancé une application mobile qui embarque les documents utiles au conducteur (scan de la carte grise, du permis de conduire) et lui propose un accès à des services (constat en ligne, prise de rendez-vous, etc.). Les loueurs développent également des prestations de location courte et moyenne durée. Certains chantiers requièrent l'utilisation d'un véhicule supplémentaire. Dans ce cas, la location courte durée (1 à 29 jours) ou la location moyenne durée (1 à 11 mois) sont des solutions alternatives à étudier. À vérifier néanmoins auprès du prestataire, le délai de mise à disposition du VUL.
L'achat, une alternative encore répandue
"La flotte auto représente souvent la deuxième ou troisième charge de la TPE. Ce poste budgétaire est rapidement sous tension lorsque les VUL nécessitent des aménagements spécifiques. C'est pourquoi certains de nos clients choisissent de les acheter et de les laisser en circulation au-delà de huit ans", observe Sylvie Forte, directrice marketing et communication d'Ocean, spécialiste de la gestion de flotte et de la géolocalisation.
La durée de vie versus l'usage doit donc être analysée. Selon leurs conditions d'utilisation, les VUL peuvent rouler au-delà de leurs années d'amortissement. Or, pour une durée supérieure à cinq ans, des kilométrages très élevés et la gestion d'une mini-flotte, mieux vaut privilégier l'achat. Il est alors pertinent de s'équiper d'un outil télématique de gestion afin d'optimiser l'utilisation des véhicules.
Reste que lorsque l'entreprise est propriétaire de ses VUL, elle gère ses contrats d'entretien, les réparations, les contrôles techniques, les cessions, etc. Autant de tâches chronophages, qui nécessitent aussi quelques aptitudes à la négociation ...
Comment réduire le TCO ?
Le TCO (Total cost of ownership), ou coût total d'usage, représente l'ensemble des coûts liés aux véhicules (coûts de détention et de gestion). Pour l'optimiser, plusieurs pistes sont à étudier : la révision des contrats de location, d'entretien, d'assurance bien sûr, mais aussi l'analyse des consommations (carburant, péage, pneumatique).
Une meilleure gestion des tournées ou de la mobilité (en alternant déplacements en VUL et transports en commun, par exemple) permet d'améliorer le TCO, tout comme un management tourné vers l'écoconduite afin de renforcer la sécurité des conducteurs et de faire baisser les sinistres.