Quid de l'impact sur l'industrie, achats de production en tête, des évolutions réglementaires attendues après la Cop 21 ?
Cette question a été débattue lors de la dernière Nuit des Matières premières et de l'énergie organisée le 12 octobre par la Cdaf. C'est "Une occasion en or pour vous, acheteurs, d'apporter en interne des solutions innovantes en terme d'efficience", selon Albert Varenne (Airbus Industries).
Je m'abonne"C'est un véritable honneur que le climat s'impose dans une assemblée d'acheteurs". Ces mots prononcés par Claire Tutenuit, directrice générale d'Entreprises pour l'Environnement, lors de la seconde édition de la Nuit des matières premières et de l'énergie organisée le 12 octobre par la Cdaf (Compagnie des dirigeants et acheteurs de France), témoignent largement du caractère stratégique d'un tel événement qui a réuni près d'une centaine de participants. "Depuis toujours, la Cdaf se mobilise pour apporter de l'événementiel et du contenu sur les achats de production. Le succès de l'édition 2014 de la Nuit des matières premières et de l'énergie nous a conduits à renouveler cette soirée", a commenté, en prélude, Marc Sauvage, président de l'association.
Règles "vertes"
Une soirée qui intervient dans une actualité mouvementée, à l'approche de la Cop 21, 21e conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre prochain à Paris. Car LA question qui taraude les fleurons de l'industrie hexagonale reste bien l'impact des actuelles et futures "règles vertes" sur les matières premières et les énergies fossiles ou renouvelables. "Les mesures visant à réduire le réchauffement climatique ont, en effet, un impact prévisible sur l'industrie et le commerce, réclamant toujours plus d'efforts aux producteurs les plus avertis en terme de prouesse technologique et d'achats qualifiés", a déclaré Claude Lenoir, président de MPE Médias.
Des risques et des opportunités
C'est dire la nécessité d'anticiper ces contraintes réglementaires pour mieux en tirer profit. Un parti adopté notamment par Airbus : "Les évolutions réglementaires au niveau environnemental induisent autant de risques pour notre activité - non conformité, recertification coûteuse de certains produits, problème d'image..., que de nouvelles opportunités de business. En l'occurrence, l'optimisation de nos process de fabrication, une R & D plus soutenue et des gains sur de nouveaux marchés", a rappelé Albert Varenne, directeur achats du groupe, et intervenant au débat. On l'aura compris, la volonté politique actuelle de réduction des énergies fossiles peut constituer une occasion en or pour vous, acheteurs, d'apporter en interne des solutions innovantes en terme d'efficience énergétique.
Hydrogène, biomasse, solaire, les leviers à activer ne manquent pas ! Pascal Mauberger, p-dg de MacPhy Energy, PME spécialisée dans les systèmes de production et stockage d'hydrogène pour les marchés industriels, témoigne : "Il n'existe pas de solution unique pour mieux décarboner les produits comme les process de production. Les énergies renouvelables, sont une des réponses à explorer, parmi lesquelles l'hydrogène, ressource illimitée sur la planète, qui va apporter des solutions, notamment en terme de mobilité électrique", a détaillé le p-dg, en citant pour exemple le développement du véhicule électrique à pile à combustible à hydrogène. D'ores et déjà prisé par certains constructeurs, à l'instar de Renault, ce modèle affiche, en effet, une autonomie plus importante qu'un véhicule à batterie.
Cap sur l'énergie solaire
Autre énergie verte qui pourrait révolutionner l'industrie française : le solaire. "L'énergie solaire compétitive est une brique essentielle de la transition énergétique", a lancé Thierry Lepercq, président de Solairedirect, industriel global de l'électricité solaire avec plus de 500 MW construits ou en cours de construction sur cinq continents. Et ce dernier de lancer un message fort aux acheteurs :"Le solaire est en passe de devenir l'énergie la moins chère dans le monde, avec un coût qui pourrait atteindre 9 € / MW; un tarif quasiment à parité avec celui du gaz. En France, les directions achats vont donc prochainement recevoir des offres de fourniture d'électricité, à composante solaire, imbattables en terme de coûts".
Repenser l'industrie française
De quoi rassurer, peut-être, nos industries quant aux évolutions réglementaires à venir, toujours plus strictes en matière de réduction de l'empreinte carbone, et ce, alors que le prix du baril de pétrole continue, lui, à dégringoler. "Les innovations actuelles montrent qu'il ne faut pas avoir qu'une vision dramatique des réglementations actuelles", a insisté Thierry Lepercq, avant d'ajouter :"exit l'approche punitive de Cop 21, place à une approche positive !"
Un enthousiasme partagé par Philippe Darmayan, président d'ArcelorMittal France, qui n'en affiche pas moins un certain scepticisme quant à de la compétitivité prochaine de l'énergie solaire vantée par certains fournisseurs, ou face à l'idée d'une hausse drastique du prix du carbone - proposée par certains experts - pour inciter l'industrie à être plus verte : "Oui, notre secteur doit être le premier acteur d'un tel changement. Mais il faut envisager une diminution progressive de notre production de carbone dans les prochaines années pour favoriser une intégration réaliste des énergies alternatives dans nos process actuels. De quoi nous permettre de repenser à terme l'industrie en France qui représente 13 % de notre PIB contre 23 % en Allemagne. Et la Cop 21 constituera très certainement un agenda de solutions sans précédent pour atteindre un tel objectif".