Fleet management : 5 leviers d'optimisation
A l'occasion des Rencontres Flotauto, qui se déroulaient le 10 mars 2016 à Paris, gestionnaires de flottes et prestataires ont confronté leurs expériences. Objectif : dégager des bonnes pratiques pour optimiser le TCO.
Je m'abonne1. Maîtriser ses valeurs résiduelles (VR)
Plus que le coût lié à l'utilisation d'un véhicule (énergie, assurances, taxes, entretien...), sa VR pèse lourd dans le TCO : 65% à70 % selon Dominique Calin, directeur général d'Autovista. En ce qui concerne le diesel, pas de surprise : malgré un recul des ventes en 2015, la demande reste soutenue en occasion et le TCO est maîtrisé en raison de coûts d'utilisation plus faibles et de la TVA récupérable sur le carburant.
Bonne nouvelle pour les hybrides essence dont la VR est soutenue par une demande sur le marché de l'occasion. Ils profitent toujours d'un bonus (750 € dont ne bénéficient plus les hybrides diesel) et d'une exonération de TVS durant les huit premiers trimestres. Si l'hybride plug-in s'en tire mieux fiscalement avec 1 000 € de bonus, sa VR pâtit d'une faible demande en occasion mais elle progresse. Quant aux véhicules électriques, ils affichent la plus faible VR : d'une part, la demande reste faible en occasion, d'autre part l'augmentation de l'autonomie des derniers véhicules rend obsolètes ceux de la génération précédente. Enfin, malgré un carburant bon marché, le GPL ne constitue toujours pas une alternative car il cumule les handicaps : absence de demande en occasion, prix d'achat élevé, rareté des stations de recharge.
2. Oser le mix énergétique
Dans les grandes flottes, le panachage des motorisations a du sens dans une logique de long terme, notamment pour anticiper les futures restrictions de circulation dans les grandes villes. Après La Poste, ERDF possède la plus grande flotte électrique avec 1 295 véhicules de tous types (sur un parc total de 20 519 unités). L'électricien a comparé leur TCO (incluant la location de batterie) à celui des véhicules à moteur thermique.
Selon Bruno Dobrowlski, directeur du projet véhicules électriques et villes intelligentes, le TCO du VE s'équilibre pour un kilométrage annuel de 12 000 à 13 000 kilomètres. Le VE marque même des points face au diesel sur les trajets compris entre 50 et 100 kilomètres. Côté hybrides, les modèles plug-in fleurissent sauf dans les catalogues des constructeurs français. Chez Mercedes, Pascal Buquet, responsable des ventes, affirme que leur TCO est de quelques dizaines d'euros par mois supérieur à celui des modèles diesel de la marque à l'étoile. Equipé de 40 hybrides essence, le groupe Yves Rocher compte y convertir sa flotte à 80 % d'ici 2020. Jean-Philippe Berger, le responsable des services généraux, estime le surcoût entre 5 000 et 8 000 euros sur le prix d'achats mais les loyers sont finalement compétitifs grâce au bonus (1000 €) et aux remises des constructeurs.
3. Remettre à plat l'entretien
Sur un contrat de 36 mois et 90 000 km, Catherine Neuvendel, responsable de Peugeot Lease chez Peugeot Professionnel estime le coût d'entretien entre 3 et 4% du TCO et celui des pneumatiques entre 4 et 5 %. Pour optimiser ce poste, il faut d'abord être capable de remonter des informations précises concernant les usages des véhicules, selon Arnaud Delpuech, qui gère le parc de RTE, avant de rentrer dans le détail des contrats d'entretien.
Chez Fronius France soudage, Bruno Choquel, le responsable des services généraux, alerte sur un manque de visibilité des contrats des loueurs. Tout ce qui est proposé n'étant pas nécessaire et les fréquences de remplacement de certaines pièces (alternateur, essuie-glace, pneumatiques notamment) jugées parfois trop élevées. S'il est assez facile de sortir les pneumatiques d'un contrat de LLD pour les gérer en direct, récupérer la totalité de l'entretien s'avère plus complexe (sélectionner les prestataires sur tout le territoire, s'assurer de la qualité des pièces utilisées...). Au-delà du coût de la prestation elle-même, il faut tenir compte des contraintes des collaborateurs, de la facilité à trouver facilement un garage où déposer son véhicule et du temps d'intervention.
4. Adapter sa car policy à la fiscalité
Avec 9 à 10% du TCO, la fiscalité des véhicules d'entreprises constitue un levier d'optimisation. A condition de se montrer réactif, comme chez Kinnarps où Stéphane Fouillard, le directeur financier, revoit la car policy tous les ans. Il adapte les gammes proposées aux collaborateurs en fonction du barème des bonus/malus pour que cet impact soit neutre. En outre, privilégier les taux de CO2 les plus faibles permet d'alléger la TVS. Une approche retenue par Laetitia Deffains, responsable des achats d'Assystem, qui écarte de sa flotte les véhicules émettant plus de 120 gr de CO2. Enfin, privilégier les versions business avec leurs packs d'équipements inclus est un bon calcul fiscal plutôt que d'ajouter des options. En effet, leur coût devra être réintégré comme un avantage en nature consenti aux salariés.
5. Suivre les amendes
Avec le déploiement des radars sur les routes, les amendes pleuvent aussi sur les véhicules d'entreprises. Arnaud Villeger, directeur marketing d'Arval France estime entre 1,2 et 1,5 le nombre de PV par voiture en moyenne annuelle. Près d'une demi-heure est nécessaire pour traiter chacun d'eux, selon le loueur qui propose ce service (moyennant 5 € par amende).
Depuis 2009, Eiffage Energie a choisi de livrer systématiquement l'identité de ses salariés verbalisés par un radar automatique. Laurent Jolivet, responsable du parc automobile, y trouve deux avantages : alléger la charge du traitement de ces procédures et inciter les conducteurs à améliorer leur comportement en les responsabilisant. Mais la question ne fait pas l'unanimité parmi les gestionnaires de parcs. Ainsi Château d'eau ne "dénonce" pas ses conducteurs fautifs pour préserver le permis de ces "gros rouleurs" (60 000 kilomètres par an).
Mais Mohammed Amran, supply chain et fleet auto manager a fixé des règles en interne : convocation du conducteur à un entretien individuel pour un excès de vitesse inférieur à 20 km/h et mise à pied de cinq jours en cas de vitesse plus élevée. Puis, un licenciement peut être décidé conformément au règlement intérieur. Cependant, la non dénonciation d'un salarié fait courir un risque au chef d'entreprise : même si les tribunaux s'y attardent rarement, il reste responsable sur ses deniers personnels des infractions commises par ses véhicules.
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