Auto : des solutions pour faciliter sa transition énergétique
Sans doute est-il encore trop tôt pour faire une analyse exhaustive de l'impact de la crise sanitaire et économique sur le secteur automobile. Une seule chose est certaine : les constructeurs ont dû - et su - s'adapter à la nouvelle situation économique, sociale et écologique.
Je m'abonneLa crise a touché de plein fouet un secteur automobile fragilisé et en pleine mutation. La production a été à l'arrêt pendant 30 jours en moyenne en Europe et le confinement a touché 3,7 milliards de personnes dans le monde. Dans ce contexte, les constructeurs ont été obligés de revoir leur stratégie de développement alors qu'ils étaient déjà contraints de réaliser des investissements très importants pour électrifier leur gamme avec un objectif : faire face aux exigences de la réglementation Cafe (Corporate Average Fuel Economy).
Réduire les émissions de CO2, une priorité
La réglementation Cafe, qui entre en vigueur au 1er janvier 2021, et prend comme référence les immatriculations 2020, oblige les constructeurs à ne pas dépasser 95 g de CO2/km en moyenne pour l'ensemble de leurs gammes "véhicules particuliers et véhicules utilitaires légers". Même si ce chiffre qui est, en fait, ajusté pour chaque marque, ils n'ont pas d'autres alternatives que de privilégier le 100 % électrique et l'hybridation (rechargeable ou non) thermique/électrique.
En réalité, dans l'industrie automobile, la transition énergétique est en marche depuis quelques années déjà. Les principaux groupes ont revu leurs gammes depuis l'introduction, dès septembre 2018, de la réglementation WLTP (World harmonized light vehicles test procedure) et du protocole RDE (Real driving emissions). Cette nouvelle norme d'homologation a eu pour première conséquence une augmentation de l'ordre de 25 % des chiffres des taux des émissions de CO2. Or, ce taux sert en France, pour le calcul du malus écologique et de la taxe sur les véhicules de société (TVS) payée par les entreprises. Ces dernières ont ainsi subi une hausse importante de leurs taxes même si les pouvoirs publics ont revu la grille du malus pour ne pas (trop) les pénaliser.
Conscients du problème, les constructeurs ont cherché par tous les moyens techniques possibles - hybridation, introduction d'AdBlue pour les moteurs diesel, etc. - à réduire les consommations et les émissions de CO2. Ils ont supprimé de leur catalogue les modèles les plus lourdement pénalisés. Ils ont également réajusté leur politique d'équipements puisque désormais avec WLTP, ce ne sont plus les gammes qui sont prises en compte pour le calcul des émissions de CO2, mais chaque modèle : plus le modèle est équipé, plus il est lourd et plus il émet de CO2 ce qui augmente d'autant le malus et la TVS et par contrecoup le TCO du véhicule.
Plans de sauvetage et aides à l'achat
8 Mds c'est le montant du plan de soutien annoncé par les pouvoirs publics français dès le mois de mai 2020.
C'est dans cet environnement déjà compliqué qu'est intervenue la pandémie et une baisse du volume des ventes. Aucune marque européenne, japonaise ou coréenne, n'est épargnée, seul l'OVNI Tesla devrait tirer son épingle du jeu. Pour faire des économies, l'industrie automobile, pourtant largement aidée - les pouvoirs publics français ont annoncé un plan de soutien de 8 milliards d'euros en mai -, ont pris des mesures drastiques : licenciement de salariés, baisse des rémunérations d'une partie de leur personnel, réorganisation des réseaux de distribution, vente de site et délocalisation, etc. Dès le mois de juin, pour sortir le secteur automobile de l'impasse, des aides à l'achat ont été mis en place et les "bonus écologiques" revus à la hausse en France notamment.
Pour les véhicules électriques, ils sont de :
- 7 000 euros pour les particuliers voulant acquérir (ou louer en longue durée) une voiture particulière ou un utilitaire d'un PTAC maximum de 3,5 t émettant jusqu'à 20 g de CO2/km et dont le coût d'acquisition est inférieur à 45 000 euros TTC (coût d'acquisition et de location de la batterie compris). Cette aide est ramenée à 3 000 euros pour les véhicules particuliers si leur coût d'acquisition est compris entre 45 000 et 60 000 euros.
- 5 000 euros pour les entreprises.
Pour les véhicules utilitaires et pour les véhicules particuliers utilisant l'hydrogène comme énergie, le bonus est de :
Lire aussi : Les achats, fer de lance des politiques publiques ?
- 3 000 euros aussi, quel que soit leur coût d'acquisition. Pour certains utilitaires bénéficiant d'une dérogation de poids, l'aide est portée à 4 000 euros.
Pour les véhicules hybrides (rechargeables), le bonus se monte à :
- 2 000 euros sous réserve qu'ils n'émettent pas plus de 50 g de CO2/km, que leur coût d'acquisition TTC soit inférieur et égal à 50 000 euros et que leur autonomie en tout électrique en ville soit supérieure à 50 km.
Toutes ces aides qui sont toujours limitées à 27 % du coût total d'acquisition TTC, le cas échéant augmenté du coût des batteries si elles sont prises en location, s'entendent pour un véhicule :
- neuf,
- acheté ou loué avec option d'achat ou pour une durée d'au moins 2 ans,
- immatriculé en France dans une série définitive.
Attention ! le véhicule ne peut pas être vendu dans les 6 mois suivant son achat, ni avant d'avoir parcouru au moins 6 000 km.
La voiture personnelle, un bon moyen de distanciation sociale
A côté des "bonus" écologiques, les pouvoirs publics ont aussi mis en place un système de la prime à la conversion (ou "prime à la casse") dont les dernières dispositions datent d'août 2020. Cette prime doit contribuer au renouvellement du parc automobile. Les personnes morales peuvent cependant bénéficier d'une prime à la conversion de 5 000 euros pour l'achat ou la LLD d'un utilitaire 100 % électrique. Cette prime est de 2 500 euros s'il s'agit d'une voiture particulière électrique ou hybride rechargeable émettant jusqu'à 50 g de CO2/km et ayant une autonomie en 100 % électrique d'au moins 50 km (1 500 euros dans le cas contraire).
L' "effet Covid-19" a entraîné, dans le secteur automobile, des bouleversements qui n'ont pas tous été négatifs. Boostées par les aides gouvernementales, les ventes de véhicules électriques ont connu un "boom" en France. Le renouvellement des flottes a permis au marché global de redémarrer et la voiture personnelle jusque-là délaissée au profit des mobilités partagées, a retrouvé une certaine actualité bien que les prix catalogue des véhicules neufs soient inscrits à la hausse. Malgré des conditions de circulation assez difficiles, elle est considérée comme un moyen de distanciation sociale efficace. L'avenir dira si cela s'inscrit sur le long terme comme la pratique du vélo, le grand gagnant des moyens de déplacement "post-confinement".