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La data au service des flottes : comment la télématique transforme la gestion des véhicules ?

Comment faire de la télématique sans boîtier ? Et comment piloter les usages et la consommation d'énergie ? Interview avec Salah El Hajji, cofondateur de CleanMob qui fait souffler un vent de fraîcher sur la gestion de flottes.

Publié par Denica Tacheva le | Mis à jour le
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La data au service des flottes : comment la télématique transforme la gestion des véhicules ?
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Pourquoi CleanMob redéfinit les standards de la gestion de flotte ?

Salah El Hajji : L'idée est née de notre expérience dans l'industrie automobile, et plus précisément de l'évolution du marché des véhicules connectés. Mon associé et moi avons été très exposés aux données des véhicules connectés, notamment du côté des constructeurs. Avec l'émergence de la télématique, qui permet de collecter les données des véhicules sans avoir besoin de boîtiers supplémentaires, nous avons vu une grande opportunité.

Ce qui est innovant dans notre approche, c'est de pouvoir collecter des données des véhicules sans installer de boîtiers supplémentaires, ce qui représente un gain en logistique et en efficacité. Cela permet également de fournir des données fiables, notamment concernant la consommation de carburant, l'état des batteries et la maintenance des véhicules. Cependant, la donnée brute des capteurs n'est pas toujours fiable. Il y a des capteurs pour le carburant ou la batterie, mais ces données peuvent se comporter de manière erratique. Nous avons donc développé des algorithmes capables de traiter ces données et de garantir leur fiabilité. Cela donne aux gestionnaires de flotte des informations fiables sur la consommation réelle, le kilométrage, la maintenance, et d'autres aspects essentiels de la gestion des flottes.

Comment aidez-vous les gestionnaires de flottes à gérer la transition vers l'électrique ?

Salah El Hajji : L'un des défis majeurs de la transition vers l'électrique est de s'assurer que les véhicules électriques auront une autonomie suffisante en fonction des usages réels. À titre d'exemple, un véhicule électrique avec une autonomie théorique de 400 km peut, dans certaines conditions, ne parcourir que 250 km sur un trajet mixte autoroute-ville. Cela est dû à des facteurs comme la température extérieure, le type de route, et la manière dont le conducteur conduit. Notre plateforme prend en compte ces facteurs pour estimer plus précisément l'autonomie réelle du véhicule.

Nous avons développé une approche en deux temps pour gérer la transition vers l'électrique. D'abord, nous nous concentrons sur l'avant : Comment choisir les véhicules à électrifier en fonction de leur utilisation ? Nous évitons l'approche simpliste où on choisit une voiture électrique en se basant uniquement sur son autonomie théorique, comme choisir une voiture avec une autonomie de 450-500 km pour un usage qui ne dépasse pas 400 km par semaine. Cette approche peut être trompeuse, car l'autonomie d'un véhicule électrique varie énormément en fonction de l'usage, de la température ou du style de conduite.

Pour pallier cela, nous utilisons les jumeaux virtuels. Ce sont des modèles numériques du véhicule qui permettent de simuler l'impact de la conduite réelle sur l'autonomie d'un véhicule électrique. Par exemple, en connectant un véhicule thermique à notre plateforme, nous récupérons toutes les données de ce trajet. Ensuite, nous remplaçons le véhicule thermique par un jumeau numérique du même modèle en version électrique. Cela nous permet de modéliser l'impact de ces trajets sur l'autonomie du véhicule électrique, et de calculer une batterie virtuelle qui se décharge en fonction de l'usage. Nous pouvons prévoir avec une grande précision quel type de véhicule est compatible avec l'électrique, et aussi recommander les meilleures options de recharge, qu'elles soient publiques ou privées.

Vous parlez de fiabilité des données. Pourquoi est-ce crucial, notamment pour le renouvellement des flottes ?

Salah El Hajji : La fiabilité des données est au coeur de notre solution, car une mauvaise estimation des besoins d'une flotte peut entraîner des coûts imprévus. Prenons l'exemple d'un gestionnaire de flotte qui voudrait remplacer un véhicule thermique par un véhicule électrique. Si la donnée est incorrecte, il pourrait choisir un modèle qui ne couvre pas les besoins réels, par exemple en termes d'autonomie, ce qui pourrait entraîner des pannes ou des coûts de recharge élevés.

Imaginons qu'un véhicule effectue régulièrement 400 km par jour sur des trajets urbains et périurbains, ce qui peut entraîner une dégradation de l'autonomie plus rapide à cause des accélérations fréquentes en ville. Une donnée fiable permet de comprendre ces spécificités, et non seulement de prendre une décision informée sur le véhicule à choisir, mais aussi de mieux organiser l'infrastructure de recharge, de savoir si un véhicule peut être rechargé durant la nuit ou si des bornes de recharge supplémentaires sont nécessaires.

Vous mentionnez 1300 euros d'économies par véhicule. Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?

Salah El Hajji : Le chiffre de 1300 euros est un résultat direct qui provient principalement de l'optimisation de l'usage des véhicules et de la gestion des coûts de recharge. Premièrement, un véhicule électrique qui se recharge à une borne publique peut coûter jusqu'à 60 centimes par kilowattheure, tandis qu'à domicile ou sur un site privé, le coût peut descendre à 20 centimes. Cette différence de prix peut entraîner des économies considérables. Imaginons une flotte de 10 véhicules électriques. Si cinq véhicules sont utilisés quotidiennement pour une consommation de 20 kWh par jour et qu'ils se rechargent principalement à des bornes publiques, le coût quotidien de recharge pourrait atteindre 12 euros par véhicule.

Nous aidons également à mieux gérer le leasing des véhicules. Parfois, des véhicules peu utilisés restent dans les flottes, et nous avons des outils pour identifier ces véhicules "dormants" qui peuvent être retirés du parc, réduisant ainsi les coûts liés au leasing. Cela permet d'économiser jusqu'à 1000 euros par véhicule.

De plus, notre plateforme aide à éviter le sur-stockage de véhicules. Certains véhicules sont peu utilisés et leur maintien dans la flotte représente un coût inutile. Grâce aux données collectées, nous pouvons signaler ces véhicules sous-utilisés, permettant au gestionnaire de réduire le nombre de véhicules dans la flotte, ce qui optimise également les coûts.

Quelles économies observer ?

Salah El Hajji : Il y a plusieurs économies substantielles observées. Par exemple, chez une entreprise qui utilise une flotte de véhicules électriques, la plateforme a permis de réduire les coûts de carburant de 4 à 10 %, ce qui représente en moyenne 500 € d'économies par véhicule et par an rien que sur ce poste. Ces gains sont liés à un meilleur accompagnement des conducteurs sur leurs comportements de conduite (accélération, freinage, allure), grâce à des outils de coaching intégrés.

Du côté de la maintenance, l'approche préventive a été décisive. La plateforme détecte automatiquement les anomalies comme des pressions de pneus trop basses, qui augmentent la consommation, ou des codes défauts moteur. Donc, les alertes permettent aux gestionnaires de flotte et conducteurs d'intervenir à temps, évitant des pannes graves et coûteuses. L'ensemble de ces actions a contribué à une économie moyenne de 1 300 € par véhicule sur seulement les six premiers mois de déploiement, soit environ 10 % du coût annuel total par véhicule.

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