88% des intercommunalités misent sur les espaces collaboratifs pour favoriser l'économie
Deloitte publie la 3e édition de son étude annuelle sur les espaces de travail collaboratifs et innovations en collaboration avec l'Assemblée des Communautés de France et l'Association des directeurs généraux des Communautés de France. Décryptage...
Je m'abonneMenée auprès de 42 collectivités de plus de 45 000 habitants - soit 5,2 millions d'habitants au total-, la 3e édition de son étude annuelle sur les espaces de travail collaboratifs et innovations met en lumière l'engouement pour les espaces de travail collaboratifs et innovants. 88% des répondants ouvrent ou envisagent ainsi de développer de tels espaces pour favoriser l'emploi et l'économie de leur territoire. Ils peuvent prendre la forme d'incubateurs ou de pépinières d'entreprises, d'hôtels d'entreprises, de structures mixtes, d'espaces de coworking ou de télétravail voire de fablabs ; des lieux abritant des équipements à haute valeur ajoutée (imprimante 3D, etc.) ayant vocation à être mutualisés. Leur création est presque systématiquement orchestrée lors d'un projet immobilier de réhabilitation (50%) ou d'une construction neuve (43%).
L'innovation architecturale y est déterminante, d'après l'étude, pour plus du tiers des intercommunalités de Deloitte. Un nombre croissant d'entre elles ambitionnent de concevoir des sites plus ouverts, respectant davantage les standards environnementaux pour améliorer la performance énergétique des bâtiments publics. "Les collectivités souhaitent créer des lieux emblématiques. Bien plus que des espaces de travail, ces bâtiments deviennent souvent de véritables vitrines du territoire" , analyse Brice Chasles, Associé Real Estate Advisory chez Deloitte. Certaines investissent également des "quartiers sensibles" pour les désenclaver et redynamiser l'activité économique.
Et sur le long terme ?
Largement déployés, les hôtels d'entreprises et les pépinières ont fait leurs preuves auprès d'un public en demande d'une offre d'hébergement pour une durée supérieure à un an. Aujourd'hui arrivées à maturité, ces structures affichent des taux de remplissage élevés, atteignant 80% pour 80% des hôtels d'entreprise et 50% des pépinières d'entreprises. Sans se faire distancer, elles se voient compléter par une offre étoffée d'équipements et de services (salles de réunion, secrétariat, accompagnement personnalisé, ateliers thématiques...), vouée à apporter une réponse, à plus long terme, aux besoins technologiques, d'accompagnement et de mobilité des travailleurs du territoire. En témoigne, La Fabrique à Cachan, créée en 2011, qui se prévaut d'un point d'accueil à la création d'entreprise, d'un espace de co working, d'une pépinière et d'un hôtel d'entreprises.
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Propices aux synergies, les espaces collaboratifs servent directement les intérêts des intercommunalités, leur permettant d'être résolument plus connectées à d'autres acteurs ou territoires. A cet égard, Pierre Mescheriakoff directeur Real Estate Advisory chez Deloitte, juge que "les espaces de travail collaboratifs et innovants s'inscrivent au coeur de la stratégie de développement économique des intercommunalités, en y associant les acteurs de l'enseignement et de la recherche ou encore les acteurs privés" .
L'accessibilité est d'ailleurs le premier critère de localisation pour plus de 60% d'entre elles. L'étude nous apprend également que près d'un quart de ces espaces répond à un positionnement sectoriel pour asseoir la stratégie du territoire et convaincre ainsi les entrepreneurs et entreprises du secteur visé. Spécialisé dans le sport, Le Tremplin à Paris dresse un bilan optimiste de sa première promotion (17 start-up), aboutissant à la création de 45 emplois et à la levée de plus de 11 millions d'euros.
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Vers une professionnalisation de la démarche ?
Pour optimiser la gestion de leurs parcs d'entreprises, seules 38% des intercommunalités ont recours à la mutualisation, d'après l'étude Deloitte. Cependant, elles sont nombreuses à vouloir aller plus loin dans la démarche afin de proposer aux entreprises un parcours résidentiel complet et cohérent. Certaines envisagent de recourir davantage à l'externalisation pour l'exploitation des structures afin de renforcer les compétences mobilisables en interne. "En recourant à l'externalisation, et a fortiori en faisant appel à des prestataires disposant d'un rayonnement et d'un réseau international conséquent, les collectivités sont à même d'améliorer la gestion des espaces de travail et de renforcer l'accompagnement proposé aux entreprises hébergées" , estime Brice Charles.
A ce jour, peu d'études quantitatives mesurent l'impact réel de la mise en place d'espaces de travail collaboratifs et innovants sur le dynamisme économique du territoire. Le positionnement des structures, adapté au tissu local, a évidemment son importance. La mise en place d'indicateurs de suivi, déjà initié par 57% des intercommunalités interrogées, constitue un premier outil de mesure. Ils sont aussi un gage de crédibilité auprès de partenaires sur des projets actuels et futurs. Le développement des partenariats et le rapprochement avec les acteurs privés, en progression ces deux dernières années, peut venir lui aussi renforcer l'impact à l'échelle locale et nationale.
Christian Gillet, principal Real Estate Advisory chez Deloitte, souligne ainsi que "le développement de partenariats privés constitue un levier important de maximisation de l'impact des espaces de travail collaboratifs : ils permettent aux jeunes entreprises de bénéficier de l'expertise et du réseau des acteurs privés, et ces derniers peuvent, en sus du déploiement de leur stratégie RSE, capitaliser sur les innovations développées par les entreprises hébergées".