Comment les Achats sont intégrés dans l'innovation collaborative ?

Dans le premier cas, il n'y a pas besoin d'Achats. Dans le second cas, les manières de s'organiser sont nombreuses. Pour toutes, il s'agit de relever le défi de l'ambidextrie organisationnelle, c'est-à-dire savoir combiner une logique d'exploration avec une logique d'exploitation ; les deux étant à la fois nécessaires mais simultanément incompatibles. 4 formes sont alors prises dans les Achats. La première forme consiste à opter pour une fonction Achats dédiées à l'innovation collaborative. C'est la forme la plus courante. En 5 ans d'Observatoire des Achats & Innovation Kedge Executive Education, nous l'avons identifiée dans 38 entreprises françaises - en priorité des grands groupes de l'automobile, la défense, l'aéronautique et les énergies. Constituée d'une équipe, souvent centralisée, d'un maximum de 5 personnes, cette fonction est celle qui centralise d'abord le scouting de toute nouvelle forme d'innovation, se spécialisant parfois sur la décarbonation. Elle accompagne également les projets d'innovation et peut aussi contribuer à l'acculturation des Achats à l'innovation.

Une seconde manière de s'organiser est de dédier des fonctions " achats projets " ou " catégorie management " à un périmètre innovant. On les retrouve plus souvent en pharmacie, en cosmétiques et en aéronautique. Ainsi, elles achètent, ou accompagnent, les équipes R & D, packaging ou nouveaux matériaux sur ces catégories nouvelles qui demandent d'ouvrir le panel et parfois aussi les modalités de qualification et de contractualisation des fournisseurs. C'est ainsi qu'on a pu voir dernièrement s'ouvrir des postes d'acheteur d'intelligence artificielle - en tant que projet ou que catégorie. En séparant les Achats classiques des Achats innovants, il est alors possible d'être performant sur les deux volets. La difficulté est alors de réussir à établir des ponts entre les uns et les autres.

La troisième forme consiste en une innovation collaborative avec et pour les achats. Il s'agit parfois d'une extension des fonctions Qualité ou Excellence Achats. Soit il s'agit d'accompagner alors le " projet management office " sur les projets d'innovation collaborative, soit il s'agit de nourrir la recherche de performance avec les nouvelles technologies. Et quand cette recherche de nouvelle technologie s'accompagne d'une réflexion sur les nouvelles méthodes de travail, il s'agit alors d'une fonction ou d'une équipe, souvent en centrale, dédiée à la transformation et/ou à la digitalisation des Achats. Cette troisième forme quand elle est combinée avec les deux premières permet de résoudre les difficultés d'intégration. Elle permet dans tous les cas d'améliorer l'efficience des Achats... et donc la possibilité de consacrer du temps à l'innovation.

Enfin, une quatrième forme consiste à déclarer que l'innovation collaborative est une partie intégrante du métier d'acheteur. Cela se révèle efficient dans trois cas de figure. Dans le monde de la distribution où sont régulièrement confondus marketing et achats. Dans les secteurs, comme la mode, où les cycles de renouvellement sont courts. Et dans les industries où l'intensité technologique est très élevée et les nouveautés fréquentes. Ailleurs, il est souvent difficile d'aller au-delà du déclaratif - et l'on revient alors au premier cas du premier paragraphe.