Recherche
Mag Décision Achats
S'abonner à la newsletter S'abonner au magazine
En ce moment En ce moment

DossierCOP21: pourquoi miser sur les achats verts?

Publié par le

4 - [Focus] Fin des tarifs réglementés du gaz: en route pour la transition énergétique

Passé le "branle-bas de combat" qui a marqué la période de mise en conformité avec la loi dans les services achats, les acheteurs doivent apprendre à gérer l'achat du gaz. Enjeux et explications.

  • Imprimer

Et maintenant? Telle est la question que doivent se poser, partagés entre le soulagement et l'appréhension, l'ensemble des acheteurs professionnels, publics et privés, qui ont pu regarder venir - puis passer - le 1er octobre 2015 sans avoir à redouter une coupure d'alimentation de gaz. Dix mois après la suppression des tarifs réglementés de gaz, prévue par la loi sur la consommation du 17 mars 2014 pour les consommateurs dont la consommation s'élève au-dessus de 200 MWh/an, cette date faisait en effet figure d'ultime échéance pour basculer en offre de marché. Un cap qui, aussi important soit-il à passer, n'en est pas moins symbolique.

"La grosse effervescence autour de la fin des tarifs réglementés pour le gaz est passée", indique Yves Poulouin, directeur commercial entreprises et collectivités chez Direct Énergie. Une allusion au fait qu'à quelques exceptions près (voir encadré en page 2), les appels d'offres dédiés ont déjà été attribués. Pour autant, dans les services achats des entreprises comme des collectivités, le gaz reste plus que jamais un sujet d'actualité. À l'instar de ce qu'il se passe sur le marché de l'électricité, pourtant notoirement plus difficile à cerner pour les acheteurs nouvellement investis du dossier, la mise en concurrence désormais obligatoire des fournisseurs de gaz porte en elle, pour cause, des répercussions qui vont bien au-delà de la signature de contrat.

Passé le "branle-bas de combat" qui a marqué, chez l'ensemble des acteurs concernés, la démarche de mise en conformité avec la nouvelle législation - entre rédaction du cahier des charges, consultations et négociations... -, plus d'un acheteur a dû lever le nez de sa station de travail, épuisé, pour réaliser que l'aventure de l'achat d'énergie, loin d'être terminée, ne faisait au contraire que commencer.

Efficacité énergétique et big data

Cette évolution est exacerbée par une autre grosse actualité qui impacte les comportements de consommation de gaz: la transition énergétique. Pour réduire son impact sur l'environnement et par la même occasion sa facture, le big data s'invite dans les achats des collectivités comme des entreprises. Le principe: un suivi de consommation qui permet de faire la chasse au gaspillage... et d'ajuster l'offre à ses besoins réels. Yves Poulouin explique ainsi qu'il est "parfois possible d'adapter les conditions tarifaires en cours de contrat" après constatation d'un écart.

Condition préalable: observer l'évolution de la consommation, ce que le fournisseur fait lors de points réguliers avec la clientèle. Le dernier appel d'offres d'achat de gaz conclu par le Sigeif contient de même une clause selon laquelle le prix du gaz varie chaque mois. Une stipulation qui n'est pas sans nécessiter un travail supplémentaire en interne. Chaque mois, le syndicat affiche ainsi sur son site intranet le nouveau prix, accompagné des indices correspondant. Le tout est proposé en téléchargement aux membres. En outre, l'efficacité énergétique fait l'objet d'un appel d'offres distinct du Sigeif, mené parallèlement à celui concernant l'achat de gaz. À la clé, il s'agit de proposer un panel de prestations parmi lesquelles les membres peuvent librement piocher. Le prix, bien sûr, reste là encore au coeur des préoccupations. "Dans la mesure où nous représentons 600 acheteurs, nous n'avons aucun mal à trouver des offres intéressantes", indique sur ce point Jean-Serge Salva.

Optimiser son contrat

Comment gère-t-on, au jour le jour et sur le long terme, une famille d'achats aussi cruciale que celle du gaz dans le contexte d'un marché nouvellement concurrentiel? Comme le souligne Jean-Serge Salva, responsable des affaires juridiques du Sigeif, le Syndicat intercommunal pour le gaz et l'électricité en Île-de-France, la problématique peut être d'autant plus "anxiogène" pour les acheteurs qu'elle est encore largement inédite. "Avant, les prix étaient administrés. C'est-à-dire qu'aucune personne publique ni privée n'avait la possibilité de négocier avec les fournisseurs historiques un nouveau prix ou une qualité de service", précise-t-il. Cela contribue sans aucun doute à expliquer, au-delà de toute stratégie d'optimisation des coûts, le phénomène des achats groupés.

Créé en 1904 pour une mission statutaire d'administration du réseau public de distribution de gaz et d'électricité pour le compte des communes qui en sont propriétaires, le Sigeif s'est doté, pour son 100e anniversaire, d'une nouvelle branche d'activité, en créant en 2004 un premier groupement de commandes pour l'achat de gaz. Un second a fait suite en 2014. Par conséquent, le syndicat coordonne aujourd'hui un total de deux groupements - destinés à fusionner lors du prochain appel d'offres de 2016 -, qui représentent ensemble non moins de 600 membres aux profils variés. "Il y a des acheteurs publics, mais aussi privés: des communes, des structures intercommunales, des hôpitaux, des bailleurs, des offices HLM publics ou bien encore des bailleurs privés", détaille Jean-Serge Salva.

En tout, ce sont plus de 8000 sites ou "points de consommation" qui sont représentés. Pour une consommation annuelle totale estimée autour de 3 milliards de kWh. "C'est approximativement un volume équivalent au chauffage annuel de 200 000 logements ", indique Jean-Serge Salva, soucieux d'illustrer un chiffre tellement gigantesque qu'il en est abstrait.


Outre le coût, un maximum de leviers existent pour négocier

La mission du Sigeif est simple: négocier, pour le compte de ses membres, le meilleur contrat possible. Un objectif qui passe par le respect de plusieurs critères. "Il s'agit avant tout d'acheter au meilleur rapport qualité-prix", indique, sans surprise, Jean-Serge Selva. Au coeur de la plus-value apportée par le groupement de commandes, l'optimisation des coûts n'exclut pas pour autant une attention particulière pour d'autres éléments contractuels environnant la livraison du gaz : mode de facturation, service clients, reporting, espace client en ligne...

Chaque acheteur ayant des attentes spécifiques, le Sigeif les invite à les faire connaître lors de réunions ponctuelles en amont de la diffusion de l'appel d'offres. Une démarche que le responsable des affaires juridiques de la structure apparente, toutes proportions gardées, à de la "co-création d'appel d'offres". L'objectif est simple: "Faire en sorte que l'appartenance à un groupement de commandes ne soit pas une abdication totale des prérogatives achats en permettant à tout le monde de s'exprimer."

L'ouverture du marché du gaz, sans révolutionner les pratiques achats, multiplie en effet les leviers de négociation à portée des consommateurs. Un point complètement intégré dans la stratégie de développement des fournisseurs. "Nous ne ferions pas long feu si nous n'apportions qu'une réponse au problème du coût", confirme Yves Poulouin. "Il y a énormément de choses à faire pour fidéliser un client et s'inquiéter de sa décision lors du renouvellement de contrat."

Charlotte Marchalant

NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles

Sur le même sujet

Retour haut de page