Financer sa flotte: acheter ou louer les véhicules?
La première question que doivent se poser les responsables de parc est de savoir s'ils doivent opter pour la LLD malgré l'entrée en vigueur de la norme (comptable) IFRS 16 qui annule l'avantage concurrentiel qu'elle pouvait avoir par rapport à l'achat.
Je m'abonneAcheter ou louer ses véhicules pour se constituer une flotte ? La question mérite d'être posée et la réponse apportée en fonction des moyens financiers de l'entreprise, mais aussi de la "philosophie" entrepreneuriale qu'elle veut défendre.
Acheter, une question de "philosophie"
Acheter ses véhicules sur fonds propres, les autofinancer, nécessite d'immobiliser des capitaux importants. Cela n'a qu'un seul avantage : les certificats d'immatriculation, les "cartes grises", sont au nom de l'entreprise. Il est aussi possible d'avoir recours à un crédit "classique". À un moment où les taux sont extrêmement bas et après une mise en concurrence des différents acteurs, banque, organisme spécialisé, filiale financière (captive") du constructeur, c'est un choix qui mérite réflexion
Le crédit-bail, une solution à regarder de très près
Mais faut-il vraiment acheter ses véhicules alors qu'ils perdent de leur valeur dès les premiers tours de roue ? Ne vaut-il pas avoir recours à d'autres solutions ?
Le crédit-bail commence souvent... mal. Au moment de la signature du bon de commande ou à la livraison, il est généralement demandé un dépôt de garantie qui représente 5 à 10 % du prix du véhicule neuf. À défaut, le premier loyer sera majoré. Le contrat est valable pour une durée - entre 24 et 60 mois - et un kilométrage - 15 000 à 120 000 km - qui sont définis au départ. Attention à la surfacturation en cas de dépassement de kilométrage ! La formule a une certaine souplesse : il est en effet possible de lever l'option d'achat après une année de location. Là encore, les crédits-bails sont proposés aussi bien par les banques que par les "captives" des constructeurs à l'exemple de BMW Financial Services. Cette dernière, société de leasing et de financement au sein du BMW Group, offre des solutions "permettant d'harmoniser les aspects financiers du plaisir de conduire... une BMW" (ou une Mini) et répond aux attentes des dirigeants d'entreprise pour qui, une gamme complète de services a été créée.
En fin de contrat, il existe deux options : devenir propriétaire (du ou) des véhicules en levant l'option d'achat pour un montant le plus souvent égal au dépôt de garantie ou restituer le véhicule à l'établissement financier et obtenir le remboursement du dépôt de garantie, déduction faites des (éventuels) frais de remise état. À noter que le contrat peut inclure un ensemble de services, maintenance, assurance, véhicule de remplacement, pneumatiques, etc. Le locataire n'a alors qu'une seule facture à régler tous les mois.
La location longue durée, du "sur-mesure"
La location longue durée est une très bonne solution pour les entreprises qui souhaitent se constituer un parc automobile sans avoir à le financer d'entrée de jeu. Les contrats sont d'une grande flexibilité. Basés sur une durée - de 24 à 60 mois - et un kilométrage - de 10 000 à 160 000 km - déterminés au moment de la signature, ils s'adaptent aux besoins ou à la situation du locataire. C'est l'un des atouts majeurs de la LLD.
Le loueur peut être la "captive" d'un groupe automobile, comme Overlease-Renault Parc Entreprise, filiale du Groupe Renault, pour les marques Alpine, Dacia et Renault ou Free2Move Lease, ou la Business Unit du Groupe PSA qui propose une offre multimarque disponible notamment via les réseaux des marques Citroën, DS, Opel et Peugeot. Cette offre a pour objectif de simplifier la mobilité globale des collaborateurs grâce à des services traditionnellement associés à la location longue durée et à la gestion de parcs automobiles, et aussi, par de nouveaux services lancés progressivement comme le service de gestion connectée de parc, Free2Move Connect Fleet, qui s'appuie sur les données précises du boîtier télématique constructeur pour réduire le TCO ou le service d'autopartage adapté aux professionnels, Free2Move Fleet Sharing, qui simplifie le partage des véhicules et réduit les frais de déplacement (frais kilométriques, taxis).
Lire la suite en page 2 : Des arguments de poids en faveur de la LLD...
La LLD multimarque c'est également des spécialistes à l'image de Arval (BNP Paribas) et de ALD Automotive (Société générale), de Alphabet (loueur multimarque, filiale de BMW Group) ou encore de Leaseplan, qui avance des arguments de poids en faveur de la LLD :
1. elle répond aux besoins de mobilité de tous ceux qui ont besoin d'un outil de travail en parfait état pour les transporter chaque jour, avec leur matériel ;
2. elle confie au loueur, une fois choisi le véhicule, toutes les "missions" chronophages : immatriculation, maintenance, gestion de pneumatiques, gestion des cartes "carburant" et, éventuellement, assurance et assistance, mais également revente. Il peut même gérer les contraventions (mais c'est l'utilisateur du véhicule qui les paie !) ;
3. elle donne la possibilité de changer de véhicules tous les 2, 3 ou 4 ans et d'avoir ainsi toujours des véhicules de dernière génération plus sûrs, consommant moins et polluant moins. À un moment où la "fiscalité automobile" (malus, TVS) est particulièrement mouvante, c'est un avantage non négligeable.
Y a-t-il des obstacles à opter pour la LLD ? A priori non. Attention cependant, l'entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2019 de la norme IFRS 16 peut avoir une incidence sur ce choix comme sur celui du crédit-bail. Cette norme strictement comptable est en réalité bien plus que cela. Elle définit comme contrat de location tout ce qui donne un droit d'usage d'un actif parfaitement identifié sur une période donnée moyennant un loyer, quelle qu'en soit la périodicité si elle est supérieure à 12 mois. Les contrats de location de véhicules en longue durée entrent de plain-pied dans cette catégorie. Le "droit d'usage" des véhicules s'inscrit désormais à l'actif et le loyer au passif. Cela peut singulièrement alourdir le bilan de l'entreprise et affecter le compte de résultat.
Il n'en reste pas moins vrai que l'adaptabilité des contrats conjuguée à une grande disponibilité des équipes dont l'expertise est reconnue, est là les "lignes de force" de la LLD, celles qui expliquent qu'elle soit plébiscitée par les grands comptes et qui en font une alternative de choix pour toutes les entreprises.
Les pièges de la restitution, toujours et encore
La restitution est, dans l'histoire d'un véhicule, un moment-clé et, en LLD, parfois sujet de tensions entre le loueur et le locataire qui s'est engagé à remettre un véhicule en bon état. Pour cela, il faut le contrôler régulièrement et faire un "état des lieux" au moins une fois par an. En effet, en fin de contrat, les coûts de remise en état peuvent être élevés ce qui a des conséquences directes sur le coût global de possession (TCO).
Pour éviter les contentieux, les loueurs ont mis en place des procédures qui font une large place à la photo-restitution. Des prestataires spécialisés et prennent des clichés du véhicule pour témoigner de son état. L'application WeProov dont les photos horodatées et géolocalisées associées à une signature électronique garantissent de l'authenticité et de l'intégrité des documents, est déjà bien pratique, mais la start-up qui la propose va désormais plus loin avec la ProovStation. Ce portique numérique équipé d'optiques électroniques, d'un éclairage sur mesure et d'intelligence artificielle, développé avec une autre start-up, Tchek, scanne en 3D le véhicule et en réalise un état des lieux complet. Le responsable de flotte peut ainsi mieux juger de la pertinence des dépenses à engager pour remettre le véhicule en état et le loueur peut (re)facturer les frais en toute transparence et diminuer le nombre des litiges.
Si chaque entreprise de LLD a ses propres modalités de restitution, le Sesamlld (le syndicat des loueurs longue durée) a édité un "État standard. Restitution des véhicules en location" qui dresse une liste précise de ce qui peut donner lieu à réparation et, par conséquent, à facturation.