Les biocarburants, une alternative crédible pour les flottes d'entreprise?
Rouler plus propre, plus vert, est une préoccupation volontiers affichée. L'Union européenne a d'ailleurs fixé un objectif de 10 % d'énergies renouvelables d'ici 2020. Pourtant, les biocarburants peinent à s'imposer.
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Les biocarburants, une solution pour les entreprises? « A l'heure actuelle, les parcs des sociétés sont composés, pour 95 %, de véhicules diesel et 5 % de motorisation essence. La part des autres énergies (dont l'électrique) et des biocarburants, GNV (Gaz naturel pour véhicules), GPL (Gaz de pétrole liquéfié), E 85 (superéthanol) est très faible, voire inexistante », souligne Philippe Brendel, président de l'Observatoire du véhicule d'entreprise. Pourtant, quand le pétrole a atteint les 140 dollars le baril en 2008, les biocarburants ont suscité beaucoup d'espoir. « Bien que le prix à la pompe soit supérieur à celui de 2008, les carburants alternatifs n'ont pas convaincu les Français », constate Olivier Rigoni, président de Cogecar, conseil en gestion de flottes. Chez Arval, n°1 de la LLD (Location longue durée) pour les entreprises avec 220 000 véhicules, Jean-Loup Savigny, directeur commercial et marketing, confirme que « les véhicules fonctionnant aux biocarburants représentent moins d'1 % de notre parc. Si cela correspondait aux attentes de nos clients, nous adapterions notre off re. Mais la demande n'est pas au rendez-vous ».
Une offre insuffisante sur le territoire
Le manque de stations-service distribuant ces carburants alternatifs est fréquemment avancé comme cause de ce faible engouement. « Au départ, un objectif de 700 stations dès 2007 avait été annoncé pour la distribution du superéhanol. En 2011, on en recense peine plus de 300», rappelle Bernard Roland, fondateur de Bernard Roland consultants, cabinet de conseil en gestion de flottes. Si bien que compte tenu du manque d'approvisionnement, la plupart des véhicules conçus pour rouler au super à hanol ou au GPL roulent en fait à l'essence», constate Bernard Roland. Difficile en effet d'imposer à un collaborateur des détours de plusieurs dizaines de kilomètres pour remplir son réservoir, comme c'est souvent le cas pour trouver du GPL ou du superéthanol. Malgré son prix attractif - environ 87 centimes d'euro le litre - et sa fiscalité intéressante (les véhicules fonctionnant à l'E85 sont exonérés de TVS, Taxe sur les véhicules de société, pendant deux ans), le super éthanol n'a donc pas trouvé son marché, contrairement au Brésil où plus de 80 % des véhicules neufs roulent à l'éthanol. Le diester (biodiesel), quant à lui, reste un carburant confidentiel: seules quelques collectivités l'utilisent, comme la ville de Rueil-Malmaison. « Il est réservé à des collectivités ou entreprises disposant de leurs propres cuves », explique Bernard Roland. Idem pour le GNV, réservé aux flottes de véhicules «captifs», qui partent le matin et rentrent le soir s'approvisionner à la pompe de l'entreprise, à l'instar des bus ou des bennes à ordures. Environ 8 000 véhicules d'entreprise et de collectivité roulent avec un carburant de ce type.
Un choix de véhicules réduit
En France, en 2010, sur 2,2 millions d'immatriculations, seuls 5 047 véhicules l'ont été en version bioéthanol, pour une offre constructeur hexagonale de 112 modèles-versions. Ford reste le champion de l'E85 en France avec la Focus, la Mondeo et la C-Max, suivi par Renault, très présent au Brésil mais avec une gamme réduite dans notre pays. L'offre Volvo est, elle aussi, limitée. L'autre marque suédoise, Saab, spécialiste de l'éthanol, propose 41 modèles mais reste peu représentée dans les flottes d'entreprise en France. Comme le souligne le hors-série d'octobre 2010 des Cahiers de l'OVE, « il est projeté que tous les grands marchés pouvant disposer de quantités suffisantes d ' éthanol passeront au Flex-Fuel », technologie qui permet d'utiliser n'importe quel mélange essence-alcool. D'autant que « la technologie additionnelle pour passer d'un moteur essence classique à un modèle Flex-Fuel n'est ni complexe, ni coûteuse, à tel point que le Brésil s'y est massivement converti ».
Un bilan environnemental contesté
Autre raison probable des réticences, le bilan environnemental des biocarburants de première génération a été remis en question, notamment lors des émeutes de la faim de 2008, en raison de la concurrence de ces surfaces cultivées avec les cultures destinées à l'alimentation. Un appel à manifestation d'intérêt piloté par l'Ademe a été lancé en mars 2011, afin de financer le développement de biocarburants de deuxième ou troisième génération, qui épargnent les cultures vivrières et peuvent être produits à partir de la biomasse ligno-cellulosique (bois, paille... ) ou d'algues. Par ailleurs, la technologie du bioéthanol est également pointée du doigt pour sa consommation (en moyenne 40 % de carburant de plus qu'un diesel) et pour son rejet de CO
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Deux filières de biocarburants
Le plan biocarburants français impose la mise à consommation de taux croissants de biocarburants, distribués soit en filière spécifique, soit en filière banalisée, c'est-à-dire incorporés dans les essences et gazoles. Les biocarburants sont des carburants issus de matières premières d'origine végétale divisés en deux familles:
- Les biodiesels, dérivés d'huiles végétales sont issus du colza, du tournesol, du soja ou de l'huile de palme ; ils sont utilisés dans les moteurs diesel. Les gazoles contenant jusqu'à 7 % de biodiesel sont autorisés en France depuis janvier 2008 sans marquage des pompes. Pour les flottes captives, cette proportion peut être portée à 30 %.
- Le bioéthanol est issu de la fermentation de végétaux contenant du saccharose (betterave, canne à sucre) ou de l'amidon (blé, maïs). Incorporé à l'essence dans des proportions variables, le bioéthanol est actuellement présent dans tous les carburants essence distribués en France: 7 % dans le Sans-plomb 95, jusqu'à 10 % dans le SP95-E10 et jusqu'à 85 % dans le Superéthanol E85.