Concilier confort et économies dans les locaux tertiaires
Obligation légale, contraintes de coût, management responsable, les immeubles de bureau doivent continuer de diminuer leur consommation d'énergie. De l'éclairage au chauffage, les pratiques des salariés s'en trouveront radicalement modifiées.
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Denis franchit la porte de son bureau, accueilli par une agréable sensation de fraîcheur. Comme le jour n'est pas encore levé, un éclairage léger se déclenche, tout juste suffisant pour l'aider à y voir clair et à allumer son ordinateur. Sur son écran apparaît sa consommation énergétique de la veille. Ce scénario n'est pas une fiction. Il préfigure ce que sera la vie de bureau dans les années à venir. Conscients que le bâtiment est responsable du quart des rejets de CO
Economies d'énergie
Dans ce contexte sont nés des labels, aidant les maîtres d'ouvrage à anticiper l'obligation réglementaire naissante. Le label BBC (bâtiment basse consommation)- Effinergie Rénovation impose ainsi un seuil maximal de consommation de 80 kWhep
Eric Mazoyer, Bouygues Immobilier
« Nous livrerons au mois de juillet notre premier immeuble de bureau sous la marque Green Ofce. »
zoom
HQE: pour une basse consommation d'énergie
Démarche visant à améliorer la qualité environnementale des bâtiments, le label Haute qualité environnementale est basé sur 14 cibles à atteindre. Il peut s'agir notamment de l'harmonie du bâtiment dans son environnement ou du confort acoustique. La cible n°4 porte sur une gestion économique de l'énergie, elle va donc dans le sens d'une construction ou d'une rénovation à basse consommation.
Eviter les ponts thermiques
L'installation de panneaux photovoltaïques permet également de produire de l'électricité «verte». A l'intérieur du bâtiment, les plafonds rayonnants, notamment, font baisser les dépenses d'énergie par une bonne répartition de la chaleur. La ventilation des locaux de bureaux s'inscrit également dans ce processus d'économie. Elle est d'ailleurs préférable à la climatisation, jugée trop énergivore. La bonne ventilation d'un bâtiment passe ainsi par un réseau de bouches (ventilation à double flux), réparties dans les locaux et que l'on peut ouvrir la nuit pour rafraîchir le bâtiment au moment où les températures sont les plus basses. Grâce à cela, les salariés arrivent le matin dans un environnement tempéré. De façon générale, un immeuble à basse consommation est doté d'une bonne isolation, de préférence extérieure, pour minimiser le phénomène de «pont thermique» (zone de déperdition de chaleur due à la jonction de différents matériaux, par exemple entre deux parois murales ou près des fenêtres). L'éclairage est un autre poste fondamental dans le quotidien du bureau. L'idéal est de pouvoir installer des détecteurs de présence qui déclenchent automatiquement l'allumage d'ampoules à basse tension. «Nous livrerons au mois de juillet notre premier immeuble de bureau sous la marque Green Office, qui abritera siège de la SSII Steria à Meudon, explique Eric Mazoyer, directeur général délégué du constructeur Bouygues Immobilier. Doté de 40000 capteurs, il sera éclairé en fonction de la présence dans les locaux. La gestion technique du bâtiment permettra même d'aller encore plus loin. » Cette dernière se matérialise par un logiciel piloté par le gestionnaire des locaux. Il permet l'automatisation de certains postes (éclairage, débit d'eau des lavabos, etc.), la mesure des consommations et leur analyse, mais également un arbitrage très fin des équipements à solliciter pour optimiser la dépense énergétique. «Par exemple, si une baie vitrée exposée plein sud génère de la chaleur, le logiciel calculera s'il est judicieux de baisser le store, quitte à allumer la lumière ou pas», explique Eric Mazoyer. Bien entendu, les bâtiments à basse consommation doivent être construits et exposés de façon à profiter au mieux de l'ensoleillement (exposition sud, ouest). Les experts estiment qu'ils coûtent entre 7 % et 12 % plus cher. « Mais le retour sur investissement se fait en quelques années, via les économies d'énergie engendrées », précise Sébastien Delmas (Efnergie).
Pauline Mispoulet, Gesec
« Nous avons sensibilisé les salariés, qui ont désormais adopté des éco-gestes. »
Maryse Dematté, Pure Impression
Nous avons choisi une pompe à chaleur récupérant l'énergie dégagée par nos presses.
Bien-être et productivité
Enfin, un projet de rénovation ou de construction à basse consommation ne serait rien sans l'adhésion des occupants des locaux. « Parallèlement à ces travaux, nous avons sensibilisé les salariés, qui ont désormais adopté des éco-gestes, explique Pauline Mispoulet, p-dg du Groupement économique sanitaire électricité chauffage (Gesec) à Saint-Avertin (Indre). Les imprimantes ont été mises en commun, l'éclairage est muni de détecteurs de présence, les produits éco-labellisés sont privilégiés, etc.» Grâce à la rénovation de son siège et à l'installation d'équipements appropriés (panneaux photovoltaïques, pompe à chaleur réversible, isolation par l'extérieur, etc.), le groupement d'entreprises a fait diminuer sa consommation de 211 kWhep/m2/an à 47,7 kWhep/m2/an. Dans des locaux plus respectueux de l'environnement, bien-être et confort des salariés sont directement liés à la productivité. Chez Pure Impression, qui a amélioré l'insonorisation des locaux, favorisé la lumière naturelle et optimisé la gestion de ses déchets, la croissance atteint les 30 % par an.
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Le neuf bientôt soumis à la RT 2012
Issue de la loi Grenelle 2 sur l'environnement, la Réglementation Thermique 2012 (RT 2012) s'appliquera à tous les permis de construire déposés à partir du 28 octobre 2011. Elle impose des niveaux de consommation d'énergie primaire réduits dans cinq postes précis: le chauffage et l'eau chaude sanitaire, l'éclairage, la climatisation, les auxiliaires (par exemple les moteurs de traitement de l'air ou les circulateurs). Le niveau de consommation ne doit pas dépasser 60 kWhep/m2/an pour les bâtiments tertiaires, dits «CE1», et 120 kWhep/m2/an pour les constructions dites «CE2». La loi prévoit un contrôle du respect de la RT 2012, et des agents de l'état sont susceptibles de vérifier les chantiers, de façon aléatoire. Enfin, la loi prévoit qu'un tiers assermenté (organisme certificateur, contrôleur technique ou architecte) vérifie la conformité des travaux avec la RT 2012 à chaque livraison de bâtiment neuf.