(RSE) Des fournisseurs en avance en France grâce à un arsenal juridique performant
La cinquième édition de l'étude sur la performance RSE des entreprises, présentée par Pierre Pelouzet, Médiateur des entreprises et Sylvain Guyoton, Chief Rating Officer chez Ecovadis, met en lumière des résultats significatifs quant à l'engagement des entreprises françaises en matière de RSE. Surtout elle met en évidence une culture RSE qui infuse côté PME et TPE. La conformité légale plus que les pratiques volontaristes sont un facteur clé en termes d'impact positif des entreprises.
Je m'abonnePetit point méthodologique sur cette 5e édition. L'étude s'appuie sur 20 critères RSE dont neuf l'environnement, sept les conditions de travail et les droits de l'homme, et trois l'éthique des affaires. Les données proviennent de trois sources principales : les entreprises elles-mêmes, des tiers de la profession ("labellisateurs", certificateurs, auditeurs, etc. ), et les parties prenantes (ONG, syndicats, autorités administratives, etc.). Plusieurs variables sont prises en compte dans l'évaluation comme le secteur, le pays et de la taille des entreprises.
La France, tête de proue RSE, mais surtout mieux armé légalement que ses voisins
Les entreprises françaises ont affiché une performance importante en matière de RSE, se plaçant au-dessus de la moyenne européenne et de l'OCDE. L'hexagone affiche un score moyen de 57,6/100. La moyenne européenne étant de 55,1/100. Près d'un tiers des entreprises françaises fait figure de moteur en matière de RSE, un signe positif de l'engagement croissant du secteur privé dans ces domaines. Cette réussite est attribuée en partie à la législation française, notamment la loi NRE et le devoir de vigilance obligatoire.
Une Norvège à la pointe, une Allemagne à la traîne : Conformité réglementaire versus pratiques volontaires
La Norvège gagne trois places depuis 2021 et se retrouve première du classement suivi par la Finlande, la Suède, la France et l'Italie. Cette avancée s'explique par les obligations de reporting RSE du pays nordique, mises en place avant même les réglementations françaises. L'introduction récente du devoir de vigilance norvégien, applicable à toutes les entreprises de plus de 50 employés, contribue également à cette avancée significative. En revanche, l'Allemagne se trouve en bas du classement européen avec un score de 52.8/100. La Chine a, quant à elle, enregistré la performance la plus faible parmi les BRICS avec un score de 39.
L'étude met en lumière le maintien d'un écart entre les performances en Europe. Notamment l'Allemagne qui cherche à rattraper son retard en mettant en place des obligations réglementaires plus strictes en matière de RSE durant l'année 2021. Cependant, il est important de noter que les entreprises allemandes ont longtemps privilégié la conformité réglementaire plutôt que des pratiques volontaires en matière de RSE. L'évolution récente suggère que cette tendance est en train de changer.
L'éthique en progression mais un SCOPE 3 qui semble inatteignable ?
En 2022, une tendance à la hausse a été observée, notamment chez les petites entreprises avec une moyenne de 55/100 soit un gain de 8.8 points en cinq ans. Les grandes entreprises obtiennent une moyenne de 59.2 avec le meilleur score sur le thème de l'environnement. Cependant, les grandes entreprises ont du mal à étendre leurs politiques à l'ensemble de leurs activités, ce qui limite leur progression.
Pour les grandes entreprises la performance la plus importante enregistrée concerne le thème de l'éthique avec une augmentation de 6.3 points comparée à 2018. Les entreprises passent donc d'une moyenne de 48.9 à 55.2/100. La thématique des achats responsable a connu une hausse de seulement 2.6 points. L'environnement de 2.4 points et le social et les droits humains de 1.7 points. Pour les PME et les ETI les résultats sont beaucoup plus homogènes avec une augmentation de 6.4 points pour l'environnement, 6.8 points sur le social et les droits humains, 6.8 points en éthique et 2.4 points pour les achats responsables.
S'évaluer = Se challenger = Impact positif pour les entreprises
Les entreprises françaises évaluées pour la première fois ont une moyenne de 51.1/100 du score RSE global. Cependant après deux évaluations ce score augmente à 60.8/100. Et un score supérieur à 65 indique qu'une entreprise a intégré dans son système de management les enjeux de RSE auxquels elle est confrontée en vue de sa taille, son secteur et sa localisation. La moitié des entreprises françaises évaluées à la fois en 2022 et en 2018 sont passées au niveau avancé, soit un score entre 65 et 84. Cependant, 96 % des entreprises françaises réévaluées en 2022 sont minimums au niveau adapté soit un score de 45 à 64. Cette marge de progression permet aux entreprises de produire un impact positif.
Code de conduite fournisseurs et analyse des risques, deux nouveaux fers de lance RSE
D'après l'étude dix actions font réellement la différence sur le terrain. Parmi celles-ci se trouve le code de conduite RSE pour les fournisseurs en place, l'intégration de clauses sociales et environnementales dans les contrats fournisseurs. L'analyse des risques RSE ainsi que la cartographie des risques est également importante. L'évaluation RSE régulière des fournisseurs, la formation des acheteurs et les audits sur site des fournisseurs. Sans oublier l'accompagnement des fournisseurs sur les problématiques RSE sont essentiels. Il est également important de mettre en place des mesures incitatives de toute nature sur les fournisseurs les plus performants ainsi que des évaluations de performances des acheteurs liées à la performance RSE des fournisseurs. Enfin les enquêtes Worker voice auprès des collaborateurs ou autres pratiques avancées de suivi des fournisseurs.
En deux ans, la part d'entreprises en France qui ont au moins une action achats responsables en place à augmenter de 20 % en passant de 52 % à 62 % en 2022. Au sein des grandes entreprises françaises seul 7 % des entreprises n'ont pas mis en place d'actions concernant les achats responsables. Ce chiffre est de 56 % pour les PME. La France reste cependant un meilleur élève que l'union européenne au niveau de ses PME avec une moyenne de 13 % de grandes entreprises sans action encourageant les achats responsables, ce chiffre est de 60 % pour les PME européennes.