Les trois piliers d'une logistique durable
La situation actuelle cause d'importantes perturbations dans la logistique du transport et la supply chain. Pour réussir dans ce contexte, les entreprises doivent prioriser des stratégies fondées sur la flexibilité, la collaboration, et la décarbonation.
Je m'abonneLa logistique et le transport sont plus que jamais présents dans la conscience collective. La guerre en Ukraine, l'inflation, et les pénuries d'essence et de chauffeurs ont causé des tensions sans précédent, et prouvé une nouvelle fois l'importance de l'optimisation des stratégies logistiques pour les entreprises. Ces dernières s'articulent désormais autour de trois priorités : la résilience, la collaboration, et la décarbonation. Quels en seront les enjeux dans les mois et années à venir ?
Le temps de la résilience et de la flexibilité
Les chaînes d'approvisionnement ont plus que jamais besoin d'être résilientes. Qu'elle se concrétise à travers de nouvelles stratégies commerciales ou de nouvelles capacités numériques, cette résilience doit désormais être une priorité pour les distributeurs, les transporteurs, et les fournisseurs de services logistiques. Les entreprises doivent cependant flexibiliser leurs stratégies pour faire face aux facteurs hors de leur contrôle, en particulier si leurs opérations sont effectuées entre différents pays.
Le « multishoring » en est un exemple : dans un contexte géopolitique tendu et imprévisible, les coûts augmentent plus rapidement dans certaines régions dites, "bon marché", telles qu'en Asie. Il devient donc de plus en plus difficile pour beaucoup d'entreprises occidentales de conserver une stratégie unidirectionnelle. Nombreuses sont celles qui établissent progressivement des alternatives en Europe ou en Amérique afin de garantir les flux de revenus. Le développement d'options sera impératif pour que les entreprises aient la flexibilité et la liberté de choisir des stratégies alternatives de façon proactive et non réactive.
Établir ces alternatives requiert cependant une visibilité accrue en temps réel du marché et des opérations, ainsi qu'une meilleure interopérabilité entre les entreprises et leurs outils numériques. Il s'agit ici de continuer de s'approprier les technologies efficientes : à titre d'exemple, 57% des transporteurs* s'appuient désormais sur des plateformes d'échange de fret pour obtenir de la capacité supplémentaire lorsque leur propre réseau est saturé. En intégrant davantage la digitalisation et en tirant parti des réseaux existants, les parties prenantes des chaînes d'approvisionnement auront les clés nécessaires pour continuer à se développer en étant moins impactées par les facteurs externes.
Mieux collaborer pour perdurer
La collaboration inter-entreprises a souvent été prônée dans le secteur, mais est encore trop peu mise en pratique. Elle n'est désormais plus une option : 71% des acteurs de la chaîne d'approvisionnement la jugeraient d'ailleurs plus que jamais nécessaire*.
Pourtant, seulement 17 % d'entre eux évaluent leur collaboration avec les prestataires de services logistiques et les transporteurs comme étant très présente dans leur stratégie* - un pourcentage faible qui s'explique par des nombreux obstacles tels que des systèmes informatiques mal intégrés, des mesures et analyses mal alignées, et un manque de partage des données.
Une meilleure collaboration est nécessaire pour fluidifier les liens entre les distributeurs, les transporteurs, et les fournisseurs de services, et pour mieux répondre aux nombreux défis du secteur. Un meilleur partage de données continue d'être essentiel pour permettre aux acteurs de la chaîne d'approvisionnement de réduire le transport à vide, améliorer la rentabilité, et prendre des décisions plus intelligentes. Au-delà des opérations, il s'agit ici d'impliquer l'ensemble des acteurs du secteur au sein d'une même dynamique d'échange.
Pour ce faire, ils doivent avoir une approche hybride alliant la technologie et l'humain : comme Mckinsey l'indique, considérer le digital avec une approche plus humaine renforce la confiance, la communication et la collaboration entre les entreprises. Cette source de valeur encore trop négligée et inexploitée dans la supply chain doit être une priorité.
Le développement durable au centre des priorités
2022 fut une année active en matière de développement durable dans la logistique et la supply chain. Des progrès sont à citer : 59% des transporteurs et 54% des distributeurs sont aujourd'hui capables de calculer leurs émissions de CO2 liés au transport (contre 45% et 37% respectivement en 2021). Néanmoins, le marché fait face à des difficultés financières croissantes. Malgré les efforts et moyens investis, avec l'inflation atteignant un taux record et une récession imminente, les initiatives liées à l'environnement et à la réduction des émissions sont ralenties.
Les entreprises ne devraient cependant pas à devoir choisir entre les performances financières et environnementales. Elles doivent donc continuer à se pencher sur les questions de développement durable, mais avec un état d'esprit légèrement différent, et une problématique clé : comment aligner au mieux leurs aspirations environnementales avec leurs objectifs économiques ?
C'est ici que les données entrent en jeu. Si elles intensifient l'exploitation des données générées par l'ensemble de leurs activités et l'analyse des informations recueillies grâce aux réseaux intersectoriels, les entreprises auront une visibilité plus globale sur leurs actions, leur permettant de réduire les pertes et d'exécuter leurs opérations de manière plus efficace. Elles pourront ainsi adapter leurs investissements en matière de développement durable sur le long terme, afin de garantir que les essais d'aujourd'hui deviennent les plans de demain.
2022 aura mis en lumière les inefficacités structurelles qui existent encore dans les chaînes d'approvisionnement au niveau mondial. De nombreuses opportunités s'offrent cependant aux entreprises. Pour ce faire, les leaders de l'industrie du transport doivent s'assurer de construire les relations et solutions nécessaires pour les aider à faire face aux défis à venir.
(*Decarbonizing Freight 2022 Report, Transporeon)
Stephan Sieber est le CEO de Transporeon depuis 2019. Auparavant, il a travaillé pour SAP pendant 13 ans, puis a façonné avec succès le développement du fournisseur d'ERP Unit4 durant cinq ans. Son objectif professionnel a toujours été de mettre à profit son expérience pour accompagner les entreprises dans leur développement, et il en va de même pour Transporeon, la plateforme leader de gestion des transports. La mission quotidienne de Stephan est de s'assurer que les activités s'alignent avec les objectifs et la vision de l'entreprise, qui consiste à rendre l'industrie de la logistique et du transport plus collaborative, plus digitalisée et plus durable.