Cinq axes de performance achats
Ces difficultés liées à la mesure des économies doivent faire prendre conscience d'une chose : elle ne doit absolument pas être le seul indicateur de performance de la direction achats. Philippe Petit (Cegos) a identifié cinq axes de performance qu'il liste dans le chapitre 13 de Toute la fonction achats (Piloter la performance de la fonction) : l'axe contribution économique immédiate, bien sûr, mais aussi l'axe performance fournisseurs, l'axe qualité du service rendu aux clients internes, l'axe amélioration des processus et pratiques des achats, l'axe développement des ressources humaines achats. "Ces différents axes dépendent de la maturité des fonctions achats : les moins matures s'intéressent uniquement à la performance économique et les plus évoluées aux autres axes et notamment aux ressources humaines", précise Philippe Petit. Pour ce dernier axe de performance, il est possible de s'intéresser à des dimensions comme le niveau de formation des acheteurs. "On peut par exemple suivre le nombre de jours de formation par an", indique Philippe Petit. Aldric Vignon (Argon) pense quant à lui qu'il peut être intéressant de se pencher sur le moral des troupes. "Quand nous réalisons des diagnostics, beaucoup de choses sont liées à un facteur humain et ne sont pas que process et outils : comment les acheteurs sont perçus ou valorisés peut influer sur l'efficacité de la direction des achats", indique-t-il.
Ces indicateurs sur les ressources humaines ou la qualité du service rendu prennent de l'ampleur au sein des directions achats, qui gagnent de plus en plus en maturité et ne sont plus uniquement attendues sur les économies réalisées. "Les indicateurs sur la RSE, le Made in France, le nombre de PME parmi les fournisseurs, le pourcentage d'achats en co-développement, etc. sont de plus en plus répandus. Ils doivent être alignés avec la stratégie et les engagements de l'entreprise", conseille François Gautier. Hicham Abbad Andaloussi (KLB) pense primordial de mesurer la contribution des achats à l'innovation, à travers le sourcing de fournisseurs innovants par exemple. En effet, certains acheteurs peuvent acheter toujours aux même entreprises tandis que d'autres passent du temps à trouver de nouveaux prestataires : cette action de sourcing doit être valorisée.
François Gautier estime par ailleurs qu'il faut mesurer la satisfaction des clients internes. "Au moins une fois par an au niveau global, mais aussi après chaque projet afin de dégager des items plus précis", explicite-t-il. Cette mesure de la satisfaction client permet de révéler notamment si les outils proposés par les achats sont performants. Satisfaction des clients internes, certes, mais aussi des fournisseurs. "Aujourd'hui, l'innovation ne vient plus uniquement de l'interne, il s'agit donc de s'assurer de la qualité de sa relation avec ses fournisseurs", prévient Jean Bertoletti, associé principal chez Ayming. Il invite notamment à respecter scrupuleusement les délais de règlement.
Hicham Abbad Andaloussi incite quant à lui à suivre les litiges fournisseurs pour éviter qu'un fournisseur important mécontent rompe la relation et fragilise l'entreprise. "Les acheteurs sont également attendus sur la maîtrise des risques, ajoute Matthieu Pettex-Sabarot, directeur du département achats d'Ayming. Ils doivent suivre la santé financière des fournisseurs, la part des achats en mono source, la dépendance économique de certains fournisseurs, etc." Pour ces indicateurs autour des risques, Aldric Vignon (Argon) propose d'utiliser une classification fournisseurs telles que A/B/C ou vert/rouge/noir, et d'observer qui rentre/ sort, combien de temps il reste en zone rouge, etc. "Ces indicateurs sont difficiles à suivre car polymorphes et multisources. Mais ils deviennent de plus en plus prégnants avec la réduction du nombre de fournisseurs et les délais d'approvisionnement qui s'allongent", avertit-il.
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