DossierCréer le service achats d'une PME
3 - Achats responsables: les PME sont concernées
Pour bien structurer la fonction achats en PME, encore faut-il y associer, en amont, une politique ad hoc d'achats responsables. Si certains acheteurs de PME se décident à franchir le cap, l'exercice se révèle toutefois complexe.
Optimiser les coûts pour doper la performance de son organisation: si un tel objectif est prioritaire pour tout service achats en PME, aussi balbutiant soit-il, encore faut-il remplir un prérequis: "Inscrire une telle démarche dans une logique de durabilité des achats!" rappelle Jacques Schramm, p-dg du cabinet de conseil A2 Consulting. Car plus la notion de "cycle de vie" sera intégrée dans la mise en oeuvre de vos process d'achats, aussi bien directs qu'indirects, plus vous gagnerez en performance et optimiserez vos dépenses. Si une telle approche sur le long terme des achats a déjà largement fait son chemin chez nombre d'acheteurs de grands comptes, c'est loin d'être le cas dans tous les services achats des PME ou ETI. La preuve: alors que 70% des PME, dotées ou non d'un service achats, se disent "conscientes" des enjeux de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), achats responsables en tête, seuls 32% ont engagé une démarche claire sur le sujet, d'après une étude 2012 de l'Observatoire des achats responsables (Obsar). Parmi les freins évoqués, près de 28% des sondés évoquent un budget insuffisant et le manque de temps pour mener une telle démarche.
Selon Hugues Carlier, directeur associé du cabinet Des enjeux et des hommes, spécialisé dans l'accompagnement des entreprises dans leur problématique sociétale, "le premier obstacle réside dans la méconnaissance qu'ont les différents acteurs, au sein des PME et ETI -notamment au niveau du top management-, des gains financiers générés par les achats responsables." Pourtant, que la PME mise sur l'achat de mobilier certifié PEFC ou de matières premières issues du commerce équitable, force est de constater que "de telles initiatives constituent d'abord des leviers de taille pour réduire les coûts, analyse Jacques Schramm, tant la valeur ajoutée des achats responsables est de privilégier une approche en coût global et création de valeur".
Une méthode pas à pas
Mais comment faire, dans la pratique, pour favoriser de tels achats dans des petites structures, a fortiori celles qui sont dépourvues d'une véritable culture achats? Certaines PME misent sur le pragmatisme, en démarrant par des initiatives à la carte, privilégiant, çà et là, l'acquisition de tel produit éco-labellisé (papier recyclé, stylo écolo, etc.). Un moyen certainement efficace pour faire valoir d'entrée de jeu l'action nouvelle des achats en interne, et ce, au-delà de toute logique de réduction des coûts. "Mais encore faut-il que de telles actions s'inscrivent dans une politique globale d'entreprise, portée pleinement par le dirigeant et son responsable achats", indique Jacques Schramm. On l'aura compris, pour conférer un poids réel à une telle politique, l'engagement de la direction est nécessaire. "Ce, pour faire valoir ce projet transverse auprès des collaborateurs et favoriser la diffusion des bonnes pratiques. Car, sans l'adhésion des salariés, l'échec est assuré", développe Alain Chatenet, délégué général de l'Obsar. C'est pour accompagner les acheteurs de PME dans la formalisation opérationnelle d'une telle stratégie que l'Obsar a rédigé un guide -Comprendre les achats responsables- téléchargeable gratuitement sur son site. Un support clés en mains fournissant des indicateurs propres à mieux structurer une telle politique. "De quoi aider l'acheteur à mieux identifier les priorités RSE de son entreprise, en fonction de ce qu'elle achète", conclut Alain Chatenet.