"Les achats apportent aux Comex cet oeil extérieur essentiel pour innover"
Quel est le rôle de la fonction achats en matière d'innovation et quelle peut être sa proposition de valeur? Compte-rendu de la plénière d'ouverture des Universités des Achats.
Je m'abonneLes achats, catalyseurs de l'innovation. Tel était le thème central de la troisième édition des Universités des achats organisées par le CNA lundi dernier. Quel est le rôle de la fonction en matière d'innovation et quelle peut être sa proposition de valeur? Pour tenter de répondre à ces interrogations, la plénière d'ouverture des Universités des Achats, conçue comme un Comex Lab, a donné la parole à plusieurs représentants de Comex, invités à expliquer leurs attentes vis-à-vis des achats en matière d'innovation. Autour de la table, Olivier Roussat, p-dg de Bouygues Telecom, Damien Gros, CFO de L'Oréal Luxe, Laurent Deleville, directeur open-innovation de Safran, Sophie Moreau-Follenfant, DRH de Egis et Marc Sauvage, directeur général adjoint des achats et de la performance du Conseil régional d'Ile-de-France. Chacun, de par sa position et ses expériences, a pu donner sa vision du rôle des achats dans les organisations et ses attentes en matière d'innovation.
Capter l'intelligence et les spécialités des partenaires
Si pour Damien Gros de L'Oréal Luxe, le service achat est avant tout le bras armé du contrôle interne et de la gestion du risque, il est également le plus à même de faire travailler tous les corps de métier ensemble et est donc très attendu en matière de gestion de projet et de change management. "Les achats apportent aux Comex cet oeil extérieur essentiel pour innover", selon Damien Gros, pour qui la fonction a besoin d'une grande autonomie mais pas nécessairement d'indépendance. "Support transverse des autres fonctions, elle doit rester connectée à celles-ci".
Diffuser la structure achat dans les métiers pour sourcer l'innovation. Tel est également le point de vue d'Olivier Roussat de Bouygues Telecom : "Nous ne pratiquons pas l'intégration verticale donc la fonction achat permet de sourcer assez large pour que des entités du groupe répondent aux appels d'offres d'autres entités du groupe. De plus, grâce à des positions très ouvertes en matière de collaboration, les achats sont capables de capter l'intelligence et les spécialités des partenaires." Pour Laurent Deleville, directeur open innovation chez Safran, il est primordial "d'intégrer nos organisations achats dans la démarche d'open-innovation." L'expertise des achats vis-à-vis de l'écosystème de l'entreprise et du panel fournisseurs fait des acheteurs de parfaits ambassadeurs de l'innovation. "Vouloir "by passer" les achats sur un projet innovation serait une grosse erreur, estime Laurent Deleville. D'abord en raison de l'aspect pénal. Les processus doivent être adaptés mais surtout respectés. Ensuite, parce qu'ils sont à la fois force de proposition d'innovation de nos fournisseurs historiques et potentiels sponsors d'idées nouvelles."
Expert de son écosystème, la fonction achat doit continuer à s'ouvrir pour arriver à capter les nouveaux écosystèmes. "Pour cela il faut changer de paradigme et travailler autrement le sourcing et la façon de contractualiser en travaillant sur des durées plus longues, estime Marc Sauvage. On parle beaucoup de POC mais pourquoi ne pas aller au-delà et instaurer des POB, des proof of Business qui permettraient, en partenariat avec nos fournisseurs, de transformer les concepts en business durable." A vous, acheteuses et acheteurs, de porter l'initiative du changement, donc.