Le yoyo du marché de l'e-achat
Forrester Research prévoit une hausse des ventes deux fois moins importante cette année qu'en 2014, due au ralentissement de la demande en solutions d'e-procurement et d'e-sourcing. Les réseaux fournisseurs restent le principal vecteur de croissance.
Je m'abonneAprès le fléchissement de 2013 suivi d'un redémarrage en 2014, le marché des solutions e-achats marque à nouveau le pas. Selon la dernière étude sectorielle du cabinet Forrester Research, basée sur les résultats et les prévisions de près de 120 éditeurs - dont la plupart de ceux présents en France , le total des ventes au plan mondial devrait retrouver un taux de progression à un seul chiffre cette année, autour de 5 %. Deux fois moins que l'an dernier. Si l'hypothèse se confirmait, le marché parviendrait tout juste à dépasser la barre des 6 milliards de dollars, soit environ 5,5 milliards d'euros.
Chiffre d'affaires mondial - évolution
2011: 4,4 milliards de dollars, soit +14 % (par rapport à 2010)
2012: 5 milliards de dollars, soit+12 %
2013: 5,3 milliards de dollars, soit +7 %
2014: 5,8 milliards de dollars, soit +10 %
2015 (estimation): 6,2 milliards de dollars, soit +5 %
2016 (estimation): 6,8 milliards de dollars, soit +11 %
Certes, la situation est incomparable à celle de 2008-2009, qui avait vu le marché stagner, pour la première fois de son histoire. Et "sans les effets de la conversion en dollars, la hausse serait de 12 %", précise Andrew Bartels, l'analyste en charge de l'étude, qui table sur un retour à une croissance à deux chiffres en 2016. Mais ce ralentissement révèle une certaine fragilité du marché, tiraillé entre des grandes entreprises déjà bien équipées et des primo-accédants aux besoins limités. Tous les segments de l'e-achat ne sont toutefois pas à mettre à la même enseigne, avec quelques évolutions notoires par rapport à 2014.
L'outil "Business networks", en pleine croissance
Hormis la facturation-paiement (+9 %) et la gestion de la performance et du risque fournisseurs (+8 %), tous les segments voient la croissance de leurs ventes fortement ralentir cette année. Le chiffre d'affaires autour des solutions d'e-procurement devraient même reculer, de l'ordre de 2 %. Les briques de base des systèmes e-achats sont d'ailleurs les plus en souffrance, avec une progression attendue à seulement 1 % pour les outils d'e-sourcing, et à 5 % pour ceux dédiés à l'analyse des dépenses, en recul de 9 points.
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Egalement en difficulté, les solutions de gestion des achats de services parviennent, elles, à résister : +9 % de leurs ventes en 2015. Et même +21 % anticipés pour l'an prochain par Forrester, sa plus haute prévision.
La performance la plus significative en 2015 devrait toutefois revenir à un autre outil, dont la place ne cesse de croître dans la stratégie des éditeurs e-achats : les réseaux fournisseurs (Business networks), avec une hausse de 14 % attendue, après les +27 % déjà enregistrés en 2014. Les revenus autour de ces plateformes devraient même, pour la première fois, dépasser ceux liés aux outils d'e-sourcing, qui céderaient leur deuxième place dans la répartition du marché de l'e-achat par segments.
Au-delà des évolutions fonctionnelles, l'étude confirme l'intérêt grandissant pour le modèle SaaS."Il y a six ans, en 2009, les revenus des abonnements dépassaient à peine ceux des ventes de licences et de maintenance. En 2016, ils représenteront le double", estime Andrew Bartels. Ces revenus devraient notamment bénéficier des efforts de SAP et d'Oracle dans ce domaine, alors que les deux éditeurs totalisent toujours autour de 38 % de parts de marché. Enfin, la répartition géographique des ventes de solutions e-achats reste stable : plus de la moitié en Amérique (principalement aux Etats-Unis), un gros tiers en Europe, Moyen-Orient et Afrique, et le reliquat en Asie.
Un poids relatif dans le parc applicatif
Loin derrière la gestion de la relation clients et la finance, les achats pèsent pour moins de 5 % dans les 145 milliards de dollars que les entreprises dépensent annuellement dans leurs applications métiers. Pour couvrir tout le spectre du processus de gestion des achats, il conviendrait toutefois d'y ajouter une partie des budgets consacrés aux applications de gestion de la chaîne logistique (livraisons, stocks, transport, etc.), de gestion financière (facturation électronique, affacturage inversé, gestion des escomptes, etc.) et de gestion des risques et des paiements. Voire de ceux ayant trait à la gestion du cycle de vie des produits, pour les aspects collaboratifs autour du "redesign/design to cost".