Manager, pratiquez-vous le "savoir-relier" ?
Le "savoir-relier" pourrait devenir votre meilleur allié. Découvrez un protocole de leadership intuitif et relationnel qui a déjà ses adeptes.
Je m'abonneVous pensez que le leadership est une technique ? Pas pour Valérie Gauthier. Diplômée en psychologie et en management, ce professeur d'HEC estime qu'il s'agit en fait d'un acte, et plus précisément de "l'acte d'établir des relations sensibles et durables entre des entités différentes ou divergentes". C'est aussi ce qu'elle appelle le savoir-relier, c'est-à-dire l'aptitude à créer des ponts entre une équipe faite de différences (de personne, de culture, d'expertise etc...)
"Le leader manage et prend ses décisions à travers une échelle d'inférences qui lui est propre, qui agit comme un filtre et aboutit à une interprétation de la réalité", souligne Valérie Gauthier. Dans ce contexte, elle propose au manager un travail de mise en perspective. "Il peut exister des prédispositions, mais le leadership, ça s'apprend !", affirme-t-elle. Comment ? En découvrant qui l'on est, grâce au détachement de soi. "Tout repose sur la connaissance de soi et la capacité à accepter l'autre."
Le leadership, ça s'apprend !
Travaillant sur ces thématiques depuis 20 ans, l'experte propose un protocole en quatre étapes.
1. Introspection
Valérie Gauthier a déterminé 40 questions que le leader doit se poser, l'amenant à réfléchir sur la façon dont il se voit, vis-à-vis de lui-même, de l'autre, d'un groupe et de la société. Le leader choisit parmi ces questions une dizaine auxquelles il va répondre, comme par exemple "Quelles-sont les limites de sa compassion ?" Ses réponses constitueront son autoportrait. "Cet exercice est très difficile à réaliser, car souvent douloureux, mais il est utile et nécessaire", insiste Valérie Gauthier.
2. Conversation
La suite du travail s'effectue en binôme. Le leader échange son portrait avec celui d'un autre participant. Une discussion de deux heures s'ensuit. "Le binôme rentre alors dans une bulle qui libère l'échange. Cela créé un sentiment d'égalité", souligne Valérie Gauthier. Les 10 dernières minutes de la conversation sont consacrées à l'énumération des forces et des faiblesses, de soi et de l'autre.
3. Résilience
Vient ensuite le travail de groupe. Il s'agit ici de partager ses moments d'échec, les épreuves difficiles que l'on a pu avoir à surmonter. "Grâce à l'esprit de confiance instauré dans les étapes précédentes, les participants ne sont pas dans le jugement mais dans l'écoute, l'analyse et la compréhension. Chacun peut alors s'inspirer des histoires des autres", commente l'experte.
4. Création de sens
Ultime étape du processus, celle-ci consiste à tirer profit de cette meilleure connaissance de soi et acceptation des autres, en mettant en place un travail d'équipe plus constructif. "En sortant du jugement, le leader peut travailler sur ses caractéristiques mais aussi appliquer lui-même ensuite ce protocole à ses équipes. C'est un processus itératif", précise-t-elle. Et de citer l'exemple d'un directeur des ventes qui, ayant eu recours à la méthode du savoir-relier pour lui et son équipe commerciale, bénéficie aujourd'hui une meilleure cohésion d'équipe et, in fine, d'un accroissement de ses ventes et du chiffre d'affaires. Valérie Gauthier a pour l'heure expérimenté ce protocole auprès de 1500 managers, entre HEC et le MIT, et notamment auprès de grands groupes comme L'Oréal et General Electric. Et vous, seriez-vous prêt à tenter l'expérience ?
2001 : élue meilleur professeur de l'année à HEC
2002 : prend la direction du programme MBA d'HEC
2004 : médaillée or au Championnat de France de ski master 2
2010 : reçoit la Légion d'Honneur
2010 : devient professeur en leadership relationnel et communication interculturelle à NYU Stern, MIT Sloan et HEC Paris
2014 : sortie de son ouvrage "Le Savoir-relier, vers un leadership intuitif et relationnel aux Editions Eyrolles