Lentement mais sûrement, les achats domestiquent le Cloud
Porté aux nues par les éditeurs, redouté en entreprise, le Cloud reste un sujet qui divise. Pour harmoniser les points de vue, les achats s'affirment comme une fonction locomotive, à la pointe de la stratégie de migration vers le nuage, révèle une nouvelle étude. Seul bémol : il faut du temps.
Je m'abonneLa révolution du Cloud computing aura bien lieu... mais pas tout de suite. Tel pourrait être le sous-titre d'une nouvelle étude sur l'approche "As a service" - le modèle économique associé à la réorganisation des services informatiques dans le nuage.
Réalisée pour le compte du spécialiste en conseil de management Accenture par le cabinet HsF Research, qui a interrogé à l'occasion plus de 700 professionnels - acheteurs, prestataires mais aussi conseillers - cette dernière met en exergue le décalage sur le sujet entre le discours prévalant sur le marché, d'une part, et la politique achats des entreprises, d'autre part.
Directement intéressés, les prestataires de services sont sans surprise les premiers acteurs de la transition vers le Cloud. Ils sont ainsi 83% à approuver le basculement de leur activité en mode " As a service ", la jugeant - selon les termes de l'étude - "essentielle". Leur argumentaire ? Dans un contexte économique particulièrement difficile, il se résume en un mot clé : l'agilité. Prêts à l'usage et évolutifs, les nouveaux outils nés dans le nuage incarnent ainsi l'antidote à la caractéristique première de l'ancien modèle jugée désormais néfaste à la croissance: la complexité.
En entreprise, l'enjeu de la substitution d'un modèle par l'autre peine néanmoins à convaincre de passer à l'acte. Si une petite majorité (51%) des personnes interrogées estime que l'analyse de données, l'automatisation et la collecte proactive d'informations - parmi les domaines d'action phares des services en mode Cloud - auraient un impact majeur sur sa performance, elle est pénalisée, lorsqu'il s'agit de passer à l'acte, par sa composition très hétéroclite...
Loin de pénétrer toutes les couches hiérarchiques de l'entreprise, l'engagement pour la réorganisation des systèmes informatiques reste en effet l'apanage des cadres supérieurs, qui sont 61% à se dire prêts à remplacer leurs fournisseurs existants par d'autres, estampillés Cloud, plus innovants. Un chiffre qui tombe à 29% lorsqu'il s'agit de jauger la volonté les cadres opérationnels à en faire de même.
Sur la base de leurs investissements actuels, la majorité des acheteurs interrogés prévoient des progrès
Il en faut plus pour arrêter le progrès. Malgré des craintes sécuritaires tenaces et une angoisse liée à la logistique même de la migration vers le Cloud, les entreprises se préparent à ce changement jugé inévitable. Fonction locomotive en la matière, il incombe aux achats de préparer la voie en investissant dans des technologies d'avenir. Problème : seuls 27% des acheteurs envisagent une augmentation significative des investissements dans les services "prêts à l'emploi'. Un chiffre qui ne nie néanmoins pas la réalité de la révolution qui couve. Toujours parmi les acheteurs, 69% des personnes interrogées prévoient des progrès "limités" ou "significatifs" au cours des deux prochaines années dans le domaine de l'analyse et de l'automatisation ; 66% dans la collecte proactive d'information visant à développer les capacités d'exploitation de données des employés.
En guise de motivation, Phil Fersht, PDG et fondateur de HfS Research rappelle le danger de ne pas basculer à temps vers le Cloud : "Les plus conservateurs d'entre nous, qui refusent de s'adapter à une situation de transition sans précédent, devront faire face à une concurrence féroce".
Lire les résultats (en anglais) de l'étude ici.